Articles coups de cœur 2023: éloge des gens passionnés
- UdeMNouvelles
Le 15 janvier 2024
- Béatrice St-Cyr-Leroux
En ce début janvier, UdeMNouvelles vous offre une rétrospective de l’année 2023 à travers les yeux de son équipe rédactionnelle. Aujourd’hui, c’est au tour de Béatrice.
D’ordinaire, quand on me demande quels sont les textes que j’aime le plus écrire, je réponds d’emblée les articles de vulgarisation scientifique. Ou encore ceux qui me permettent de répondre scientifiquement à des questions que j’ose croire ne pas être la seule à me poser, comme le piment fort a-t-il des vertus thérapeutiques? Est-ce qu’il existe des films de Noël féministes? Ou comment faire durer son couple?
Or, aujourd’hui, je trahis tous mes amours et propose en guise de coups de cœur de l’année 2023 des articles qui ne misent pas tant sur la science que sur des rencontres avec des personnes dont la fougue est contagieuse.
Claude Amiot, de citoyenne engagée à chercheuse
Claude Amiot, alias madame Claude, m’a reçue dans sa maison de Shipshaw, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Je dis «reçue», puisque son accueil chaleureux est parvenu à percer l’écran de mon ordinateur.
Car madame Claude est l’une de ces personnes avec qui l’on peut discuter des heures et se sentir en famille à la maison. Un tempérament propre aux Bleuets, diront certains…
Madame Claude est une femme trans qui a amorcé sa transition à 62 ans. Aujourd’hui chercheuse aux côtés de la professeure Annie Pullen Sansfaçon, elle travaille à recenser les besoins et les priorités des personnes trans et non binaires. Lorsqu’elle parle de ce projet, ses yeux s’allument, son sourire s’agrandit. On sent qu’elle veut vraiment trouver des réponses et les offrir à sa communauté.
Dans le monde de la recherche universitaire, madame Claude est un personnage unique, rafraîchissant. Peut-être parce qu’elle aborde la science avec un enthousiasme rare, mais peut-être aussi parce que son sens aigu de l’autodérision et son franc-parler donnent de sacrées bonnes entrevues.
Le hockey féminin, c’est maintenant et ici
À des lieues de mes champs d’intérêt professionnels et encore plus excentré de mes goûts personnels (j’aime les sports où l’eau est liquide, pas solide), cet article a réussi à m’exalter grâce au contexte de sa rédaction.
À l’aube du championnat canadien d’U SPORTS, je me suis rendue au CEPSUM pour assister à un entraînement de l’équipe de hockey féminin des Carabins de l’Université et y rencontrer la capitaine, Jessika Boulanger.
Pour briser la glace (littéralement), on a commencé par échanger quelques rondelles sur la patinoire, moi chancelante sur mes patins, elle furtive et agile. M’agrippant à mon bâton comme au peu de dignité qu’il me restait entre deux chutes sur le postérieur, j’ai découvert une jeune femme déterminée et foncièrement passionnée par son sport. J’ai aussi rencontré une gang de filles qui savent quand s’amuser et quand trimer dur. Dans la chambre des joueuses, ça riait de toutes parts, ça s’envoyait des boutades. Et une fois sur la glace, leurs jeux de chassés-croisés, de passes, de feintes m’ont épatée par leur précision.
Deux semaines plus tard, j’assistais à mon premier match de hockey féminin, heureuse d’encourager une équipe tissée serrée qui m’a presque donné envie de troquer mes palmes contre des patins.
«Il nous faut un modèle québécois de l’activité physique»
Pour cet article, j’ai eu la chance de m’entretenir avec le célèbre Pierre Lavoie, triathlète et fondateur du Grand défi Pierre Lavoie. Figure d’importance pour le sport et les levées de fonds au Québec, Pierre Lavoie épate par son engouement et sa détermination.
Sa nouvelle approche pour favoriser l’activité physique dès le plus jeune âge repose principalement sur le retour du plaisir, le report de la spécialisation après la puberté et la familiarisation précoce avec toutes sortes de mouvements pour être habile plus tard.
En discutant avec lui, j’ai été surprise d’apprendre que les Jeux du Québec pour les moins de 14 ans ne favorisaient pas l’acquisition globale de compétences et le maintien de l’activité physique tout au long de la vie. Et que les jeunes issus des programmes sport-études seraient «les plus grands décrocheurs du sport».
Avec sa verve, Pierre Lavoie m’a convaincue que la compétition, la pression de performance et l’élitisme sportif sont contreproductifs. Dans une optique de prévention des nombreux enjeux de santé publique liés à la sédentarité, il me semble maintenant urgent de revoir «les systèmes trop pressés de faire des champions».