Ebola: des scientifiques révèlent un nouveau mode de réplication
- UdeMNouvelles
Le 15 mars 2024
Une étude canado-américaine codirigée par des chercheurs de l’UdeM permet de mieux comprendre la réplication du virus Ebola et les cibles thérapeutiques potentielles.
Des scientifiques canadiens et américains ont découvert une nouvelle façon dont l’Ebola – un virus souvent mortel qui touche principalement les populations d’Afrique subsaharienne – se reproduit dans l’organisme.
En mettant en lumière la manière dont le virus interagit avec une protéine humaine appelée ubiquitine, les chercheurs ont également identifié une cible potentielle pour de nouveaux médicaments destinés à prévenir la maladie.
Publiée dans PLOS Biology, l’étude implique des pharmacologues de l’Université de Montréal, des spécialistes des maladies infectieuses de l’Université Rutgers, ainsi que des microbiologistes, des immunologistes et des pathologistes de la University of Texas Medical Branch (Galveston).
«Nous avons utilisé une combinaison de méthodes expérimentales et informatiques pour étudier l’interaction entre la protéine VP35 du virus Ebola et les chaînes d’ubiquitine», explique Rafaël Najmanovich, coauteur de l’étude et professeur titulaire au Département de pharmacologie et physiologie de l’UdeM.
«La modélisation informatique avancée réalisée par notre équipe à l’UdeM a permis de prédire l’interface de liaison entre la protéine virale VP35 et les chaînes d’ubiquitine dans les cellules humaines, et d’identifier des composés chimiques potentiels susceptibles de perturber cette interaction», ajoute-t-il.
«Cette découverte permet non seulement d’approfondir notre compréhension du fonctionnement du virus, mais offre également une voie prometteuse pour la création de thérapies plus efficaces. Elle ouvre notamment la voie à la conception de médicaments capables de perturber cette interaction et de ralentir la réplication virale», précise-t-il.
Connu pour ses épidémies dévastatrices et ses taux de mortalité élevés, le virus Ebola constitue une menace importante pour la santé publique. Il est essentiel de comprendre les processus complexes par lesquels le virus se réplique dans le corps humain pour mettre au point des traitements efficaces.
La nouvelle étude dévoile certaines des subtilités moléculaires de la réplication du virus Ebola, en mettant en lumière les principales protéines et voies impliquées dans le processus. En utilisant des techniques avancées de biologie moléculaire et cellulaire, de biophysique et de calcul, les chercheurs ont pu clarifier les aspects structurels et fonctionnels des protéines virales et humaines qui interagissent d’une manière critique dans la réplication virale.
L’un des principaux résultats de l’étude est la détection d’une interaction supplémentaire de la protéine virale multifonctionnelle VP35, qui joue un rôle central dans la réplication virale. L’étude a permis de mieux comprendre l’interaction complexe entre le virus Ebola et le système immunitaire de l’hôte. En échappant à la détection et en déjouant les défenses de l’hôte, le virus est capable de s’implanter dans l’organisme, ce qui entraîne une réplication incontrôlée et une progression sévère de la maladie.
«Cette recherche souligne l’importance d’essayer de comprendre le fonctionnement complexe des virus tels qu’Ebola et de développer des stratégies innovantes pour les combattre», a déclaré M. Najmanovich. «Et surtout, avec notre étude, nous contribuons à l’objectif plus large de trouver des traitements accessibles et efficaces pour les infections par le virus Ebola, un rouage important dans la lutte contre les maladies infectieuses.»
À propos de cette étude
L’article «Ebola virus VP35 interacts non-covalently with ubiquitin chains to promote viral replication» par Rafaël Najmanovich et coll., a été publié le 29 février 2024 dans PLOS Biology.