Comprendre les différences cognitives entre les sexes au-delà de la binarité
- UdeMNouvelles
Le 9 avril 2024
- Béatrice St-Cyr-Leroux
Une équipe de recherche menée par le professeur Robert-Paul Juster vient de publier une étude qui propose une vision plus large de la cognition.
De nombreuses études montrent des différences entre les sexes en matière de capacités cognitives. En général, les femmes sont plus performantes que les hommes dans les tâches verbales et la motricité fine, tandis que les hommes se distinguent des femmes dans les tâches d’orientation spatiale et de rotation mentale.
Or, peu d’études prennent en compte les facteurs socioculturels comme l’identité de genre, les rôles de genre (les expressions masculines et féminines basées sur des stéréotypes) et l’orientation sexuelle.
Une nouvelle étude apporte une compréhension plus large de la cognition en tenant compte des facteurs liés à la fois au sexe et au genre. Ce projet lancé en 2021 par l’équipe de Robert-Paul Juster, professeur au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal, s’est déroulé sur plusieurs phases.
Porté initialement par Sarah Kheloui et Louis Cartier, tous deux titulaires d’une maîtrise en sciences psychiatriques de l’Université de Montréal, le projet est actuellement mené par Mina Guérin, étudiante de doctorat en neuropsychologie, et Fanny Saulnier, étudiante de maîtrise en sciences psychiatriques.
La diversité, une variable essentielle
Les résultats de cette étude parus dans la revue Biology of Sex Differences indiquent que les différences entre les sexes quant à la cognition spatiale seraient effectivement mieux expliquées par les facteurs biologiques, c’est-à-dire que le sexe assigné à la naissance ainsi que les hormones sexuelles influent sur la performance.
Toutefois, les différences entre les sexes pour ce qui est de la cognition verbale seraient davantage influencées par les facteurs socioculturels. Cela veut dire que le sexe assigné à la naissance n’est pas toujours la variable la plus déterminante pour expliquer les différences cognitives entre les hommes et les femmes.
Donc, la cognition spatiale semble plus liée au sexe, tandis que la cognition verbale serait associée au genre.
Un tableau plus nuancé à considérer
Certaines tâches cognitives ont donc été mieux prédites par l’identité de genre que par le sexe assigné à la naissance. «Cela souligne l’importance de prendre en considération la diversité des genres lorsqu’on cherche à comprendre les différences entre les sexes et la diversité des genres dans la cognition», dit Robert-Paul Juster.
Ainsi, selon l’équipe de recherche, ces résultats peuvent inviter à élargir les horizons en matière de méthodologie dans les études. «En incluant les personnes issues de la diversité, et donc davantage de variables relatives au genre dans la recherche, on peut obtenir des résultats différents et plus justes», croit Mina Guérin.