Une spirale dangereuse
Dans ces cas, jouer devient alors une porte de sortie vers un autre monde, une bulle où les tensions du quotidien s’effacent temporairement.
«L’évasion n’est pas une motivation anodine, estime Beáta Bőthe. Elle s’inscrit dans une logique d’automédication où le jeu – comme le feraient l’alcool ou d’autres comportements à risque – devient un moyen de soulagement émotionnel.»
Car, à court terme, jouer peut procurer un sentiment de répit, parfois même de joie, dit la professeure. Mais à long terme, cette stratégie devient un piège. «Si le jeu est la seule façon de se sentir mieux, il peut finir par devenir compulsif», souligne la chercheuse.
Sachant cela, elle insiste sur l’importance de considérer les motivations dans la prise en charge des dépendances au jeu. «Si l’évasion et la gestion des émotions négatives ressortent comme raisons principales, il est essentiel de proposer des stratégies de remplacement pour briser le cercle vicieux», affirme-t-elle.
Parmi celles-ci, Beáta Bőthe propose d’apprendre à reconnaître et à maîtriser ses émotions par des approches comme la pleine conscience ou la thérapie cognitivo-comportementale.
Le jeu d’argent social: un potentiel protecteur
Si l’envie d’évasion semble contribuer significativement à l’adoption de comportements problématiques, Beáta Bőthe rappelle que le jeu à visée sociale – celui qu’on pratique avec ses proches pour s’amuser ou partager un moment – pourrait aussi jouer un rôle protecteur.
Toutefois, mentionne la chercheuse, les études ne sont pas unanimes à ce chapitre: certaines révèlent que jouer avec des amis réduit le risque de dépendance, car le contexte social limite les excès. D’autres indiquent au contraire que les pairs peuvent encourager les comportements à risque, surtout si le groupe valorise les grosses mises ou la prise de risque.
«Il faut encore affiner la manière dont on mesure les motivations sociales», conclut la chercheuse.