La rentrée du recteur Daniel Jutras
- UdeMNouvelles
Le 28 août 2024
- François Guérard
Habité par un sentiment de renouveau, le recteur Daniel Jutras discute de la rentrée à l’Université de Montréal sous plusieurs angles.
Alors que la plus grande population étudiante du Québec revient sur les campus de l’Université de Montréal, le recteur Daniel Jutras répond à nos questions.
Que signifie pour vous le moment de la rentrée?
Cette période évoque chez moi un sentiment très fort de renouveau et cela depuis mon plus jeune âge. Nous n'avions pas beaucoup d'argent à la maison, mais ma mère était une femme d'une grande élégance. Elle était aussi une excellente couturière. Chaque année, pour la rentrée, elle nous confectionnait des vêtements neufs. Je me souviens de petits vestons chics que je portais à cette occasion.
Une période de renouveau, oui, mais aussi un rituel. Vous ne vous fatiguez pas de la répétition?
J'ai commencé à enseigner à l'université en 1985. Cela fait donc bientôt 40 ans que ma vie est rythmée par le cycle qui commence par la rentrée et se termine par les collations des grades. On pourrait penser que c'est répétitif, mais c'est tout le contraire. Chaque année apporte de nouveaux visages et une énergie nouvelle. Cela explique en grande partie pourquoi des personnes comme moi choisissent de rester dans le milieu universitaire toute leur vie.
Cette semaine, vous rencontrez des personnes qui font pour la première fois leur entrée à l'université, qu'elles soient étudiantes ou enseignantes. Y a-t-il un état d'esprit partagé par tout le monde?
Les nouveaux et nouvelles ressentent un peu de stress, bien sûr, mais l'état d'esprit le plus répandu, à mon avis, est l'expectative. L'arrivée à l'université est une plongée dans l'inconnu. Est-ce que je vais trouver ma place? Est-ce que je vais me créer un réseau social? Est-ce que l'environnement sera conforme à ce que j'avais imaginé? Ce sentiment est largement partagé. Il est donc essentiel que tout commence bien. Et cela, on le comprend mieux aujourd'hui.
Que fait-on de mieux qu’avant?
L'accueil des étudiantes et des étudiants et du personnel enseignant s'est grandement amélioré. Il y a 40, 30, voire 20 ans, on disait quelque chose comme: «Ça va être difficile. Certains d'entre vous n'y arriveront pas.» Aujourd'hui, c'est tout l'inverse. On dit: «Nous voulons que vous vous sentiez bien ici et que vous alliez au bout de l'expérience.» Nos services à la vie étudiante consacrent beaucoup d'énergie à offrir un accueil de qualité. Et cela fonctionne notamment grâce à l'engagement des associations étudiantes dans cet effort. Les activités d'accueil marquées par l'inclusion et la bienveillance ont d'ailleurs été d'abord réclamées par la communauté étudiante.
Chaque rentrée à l’Université de Montréal est unique en soi. Qu'est-ce qui distingue celle de 2024-2025?
On entendra beaucoup parler de nos deux campus délocalisés. Le campus de la Mauricie célèbre ses 20 ans de formation des médecins en région. C’est une formidable réussite qui a inspiré d’autres universités à travers le pays. De plus, nous inaugurons le campus de Rimouski, qui accueille cette semaine sa première cohorte en médecine vétérinaire. Ici, la logique est la même que celle qui a motivé l'ouverture du campus en Mauricie: être présent dans une région où les besoins professionnels sont grands et attirer des personnes issues des régions avec l'espoir qu'elles y demeureront par la suite. Plusieurs régions agricoles du Québec font face à une grave pénurie de médecins vétérinaires et, en tant que seule université offrant cette formation au Québec, nous avons la responsabilité de proposer des solutions à ce problème.
Il y a également de grands chantiers sur le campus de la montagne. À quoi ressemblera-t-il au terme de ces travaux?
Notre campus patrimonial se transforme. Sur la montagne, personne ne peut ignorer les chantiers. La bonne nouvelle, c'est que les travaux avancent bien. Pour reprendre une formule souvent entendue dans les séries immobilières sur Netflix: «Il faut se projeter!» D'ici quatre ou cinq ans, nous assisterons à des transformations majeures sur le campus. Cela inclut davantage de lieux de convivialité, qui ne sont actuellement pas en nombre suffisant. Il suffit de regarder la nouvelle place Publique pour constater à quel point ces endroits peuvent changer le visage du campus.
À quoi doit-on s'attendre de l'équipe de direction dans l'année à venir?
Trois grands chantiers, qui mobilisent l'ensemble de nos facultés et écoles, sont en cours. D'abord, le chantier de la culture de la recherche a pour objectif de mieux soutenir nos collègues dans leurs efforts pour obtenir du financement pour leurs projets de recherche. Nous voulons nous assurer de rester parmi les trois premières universités de recherche au Canada. Non pas pour la position en elle-même, mais parce que nos succès en recherche et en création, dans tous les domaines, sont une source essentielle de l'influence de notre université à travers le monde et un moyen d’offrir les meilleures formations et de servir le bien commun. Un autre chantier, étroitement lié à la recherche, concerne le soutien au recrutement et au développement de carrière des enseignants et enseignantes. Nos succès en recherche dépendent du recrutement des meilleures personnes possible et de l’appui que nous leur offrons tout au long de leur carrière. Enfin, le troisième chantier a trait à l'expérience étudiante. Cette année, l'effort principal sera consacré à l'adaptation de nos programmes de formation à l'environnement numérique. J'ai déjà précisé qu'il n'était en aucun cas question de dématérialiser l'université en multipliant les cours en ligne, mais nous devons réfléchir à la manière dont les outils numériques peuvent rendre nos cours plus stimulants et inspirants.
Les étudiants étrangers sont l’objet de beaucoup d’attention en ce moment. Que pouvez-vous nous en dire?
Le gouvernement du Québec envisage en effet de fixer un plafond au nombre de permis d’études qui sont délivrés aux étudiants étrangers. Nous menons les démarches nécessaires auprès des acteurs politiques pour leur expliquer à quel point la présence de ces étudiants est cruciale, notamment aux cycles supérieurs. Les étudiants et étudiantes de maîtrise et de doctorat représentent une grande part de notre capacité de recherche et d'innovation, et une forte proportion d'entre eux viennent de l’extérieur du pays. C'est un enjeu d'effectif étudiant, mais aussi de croissance pour le Québec et le Canada.