Réinventer le numérique: une formation pour un futur écoresponsable
- UdeMNouvelles
Le 11 septembre 2024
- Virginie Soffer
Une nouvelle formation en écoresponsabilité numérique offre les outils nécessaires pour transformer les pratiques et réduire l'empreinte environnementale des technologies.
«On parle beaucoup de données, de dématérialisation, mais le numérique est tout sauf immatériel, avec les dizaines de milliards d’appareils connectés et les innombrables serveurs où ces données sont stockées», déclare Martin Deron, l’un des responsables de la nouvelle formation en écoresponsabilité numérique de la Faculté de l'éducation permanente de l’Université de Montréal.
C’est en réponse à la croissance rapide et souvent invisible de l'empreinte environnementale des technologies numériques et pour préparer les professionnels et professionnelles aux défis d'un numérique durable que cette formation a été créée.
Comprendre l’impact environnemental du numérique
La création de cette formation s'inscrit dans un projet plus vaste appelé Chemins de transition, lancé en 2020 par l'Université de Montréal en partenariat avec Espace pour la vie. Ce projet se concentre sur trois grands défis de la transition écologique au Québec: le défi alimentaire, le défi territorial et le défi numérique, ce dernier étant au cœur du nouveau programme de formation.
«Nous avons constaté un besoin urgent de sensibilisation aux répercussions environnementales du numérique, un domaine où les réflexions sont encore peu avancées comparativement à d'autres secteurs», dit Martin Deron. Les technologies numériques ne sont ainsi que rarement associées à des préoccupations environnementales, et cela, malgré leur empreinte écologique croissante. «Aujourd'hui, l'univers numérique représente de trois à cinq pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre, des proportions comparables à celles de l'aviation civile ou des véhicules lourds. Et cette empreinte continue de croître, avec une augmentation annuelle de six pour cent. Nous devons agir dès maintenant pour freiner cette tendance», poursuit-il.
Une formation ayant une influence concrète
Le programme s'adresse aux professionnelles et professionnels du numérique, des développeurs aux gestionnaires de projets informatiques en passant par les spécialistes de l'approvisionnement en matériel informatique. L'objectif est de leur offrir une formation approfondie sur l'écoconception des services numériques et la gestion durable des équipements, deux aspects clés pour réduire l'empreinte carbone du secteur.
Conçue pour être accessible et adaptable à des fins professionnelles, la formation comprend un module d'introduction d’une demi-journée prévu pour le 5 novembre, suivi de quatre autres demi-journées de formation qui permettront d’obtenir une certification professionnelle universitaire. «La formation est intensive, bien que courte – moins de 20 heures au total –, pour permettre une immersion rapide et efficace dans le concept d'écoresponsabilité numérique», précise Martin Deron.
Ce programme vise à outiller les participantes et participants pour qu’ils puissent appliquer directement les principes d’écoconception. «L'essentiel de l’impact environnemental du numérique provient de la fabrication des équipements, explique Martin Deron. On estime par exemple que, pour un ordinateur portable de 2 kilos, il a fallu mobiliser en amont à peu près 800 kilos de matières premières. Il est donc primordial de concevoir des services numériques qui prolongent la durée de vie des appareils et réduisent la fréquence de leur renouvellement», poursuit Martin Deron.
Un enjeu stratégique pour l’avenir du numérique
Cette initiative s’inscrit dans une tendance mondiale émergente, où l’écoresponsabilité numérique devient une préoccupation de plus en plus centrale. En Europe, des lois comme la loi REEN (réduction de l’empreinte environnementale du numérique), adoptée en France il y a deux ans, montrent un changement de paradigme. «Nous voyons un changement sur le marché: les compétences en écoresponsabilité numérique sont de plus en plus recherchées par les entreprises. Ici, au Québec, nous commençons aussi à travailler sur ces questions avec les gouvernements fédéral et provincial», indique Martin Deron.
Pour les professionnels et professionnelles, acquérir ces compétences présente des atouts stratégiques. Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, les entreprises qui intègrent des processus d’écoconception se démarquent, tout comme les spécialistes formés en la matière, qui peuvent rapidement devenir des pionniers dans ce secteur. «Il ne s'agit pas seulement de se préparer à un avenir numérique plus durable, mais de créer cet avenir dès maintenant, en outillant les acteurs du domaine pour qu'ils puissent intégrer ces préoccupations dans leurs pratiques et ainsi contribuer activement à la transition écologique», conclut Martin Deron.
Séance d’information
Une séance d’information sous la forme d’un webinaire avec Martin Deron aura lieu le mardi 17 septembre à 12 h pour se familiariser avec le concept d’écoresponsabilité numérique et survoler le contenu de la formation.