Accès contrôlé aux données de recherche: l’UdeM pilote un projet pancanadien
- UdeMNouvelles
Le 19 septembre 2024
- Marilou Garon
L’Université de Montréal tient les rênes d’un projet pilote lancé par l’Alliance de recherche numérique du Canada sur la gestion de l’accès contrôlé aux données de recherche.
Les organismes canadiens qui subventionnent la recherche insistent de plus en plus pour que les chercheurs et chercheuses placent leurs données dans des dépôts aux fins de réutilisation et de partage. Il est cependant impossible en ce moment d’y verser des données dites «sensibles» pour des raisons de sécurité. L’Alliance de recherche numérique du Canada s’attaque à ce problème avec la mise sur pied d’un projet pilote pancanadien dont les rênes sont confiées à l’Université de Montréal. Ce projet comprend également la création d’un nouveau service informatique sur la plateforme nationale du Dépôt fédéré des données de recherche.
L’Université recevait ainsi au printemps un financement lui permettant d’embaucher une personne-ressource au sein de la Division des archives et de la gestion de l’information du Secrétariat général, jouant désormais le rôle de chef d’orchestre de ce projet pilote. L’Initiative pour la gestion de l’accès contrôlé aux données de recherche regroupe 29 établissements à travers le pays – universités, centres de recherche, centres hospitaliers – avec le mandat de tester des outils technologiques, d’élaborer des processus de travail et de produire des recommandations quant à la gestion efficace et sécuritaire de l’accès contrôlé aux données de recherche.
Pour mener à bien ce chantier, l’UdeM nommait au mois de mai Jonathan Reeves-Latour conseiller principal en accès et protection des données de recherche. Nous l’avons rencontré pour lui parler de son nouveau poste au sein du projet.
Expliquez-nous de manière concrète ce qu’est cette initiative ainsi que votre rôle…
En tant que coordonnateur du projet, mon rôle consiste à faciliter la collaboration entre les 29 établissements partenaires et à guider les chercheuses et les chercheurs de l’UdeM qui prendront part aux essais pilotes. Nous avons deux grands objectifs d’ici la fin de notre mandat, en mai 2025: tester et améliorer les technologies et les processus en lien avec l’accès contrôlé aux données, puis déposer une feuille de route accompagnée de recommandations à Innovation, Sciences et Développement économique Canada. De manière très concrète, nous testons actuellement un service informatique avec technologie de cryptage spécialement conçu pour contrôler l’accès aux données sensibles dans le Dépôt fédéré des données de recherche. Nous vérifions si le module est facile à utiliser, si l’on s’y retrouve aisément, si le processus a un sens pour les chercheurs et chercheuses et s’il s’accorde avec nos processus internes actuels. Parallèlement, nous avons créé différents groupes de travail parmi nos partenaires qui se pencheront sur des aspects plus précis, comme la gestion des données de recherche, la cybersécurité ou l’anonymisation des données.
Qu’est-ce qui explique, selon vous, le choix de l’Université de Montréal pour mener ce projet pancanadien?
L’UdeM a pris position de manière claire et forte quant à sa responsabilité à l’égard des données de recherche, alors que certains établissements se questionnent encore à ce sujet. Pour nous, c’est sans équivoque: nous assumons cette responsabilité et cela implique que nous avons aussi le devoir d’accompagner nos chercheuses et nos chercheurs dans la gestion de leurs données. Je crois que c’est cette position ferme qui nous a valu d’être choisis pour porter le projet.
Quel sera le plus gros défi de vos travaux à venir?
La coordination des 29 établissements participants en vue d’une collaboration efficace. Ensuite plus globalement, c’est de trouver le juste milieu entre l’augmentation du niveau de restriction aux données de recherche, une tendance qu’on observe dans toutes les universités, et l’accès à ces mêmes données selon les principes de la science ouverte. Ça devient rapidement très complexe!
Souhaitez-vous proposer un modèle unique de gestion de l’accès contrôlé pour tous les dépôts du pays?
Non, ce n’est pas notre objectif. D’abord, les établissements partenaires ne sont pas tous rendus au même point. Certaines universités, par exemple, possèdent leur propre dépôt ainsi que des processus bien établis pour accéder aux données sensibles. On va évidemment bénéficier de l’expérience de ces partenaires-là! Ensuite, les approches et les pratiques varient en fonction des disciplines, mais aussi des provinces. Il y a bien sûr un objectif de collaboration et d’harmonisation des processus, mais il ne peut pas y avoir un modèle unilatéral de gestion. Toutefois, c’est important de souligner que tout ce qui sera mis sur pied dans le contexte de ce projet pourra être repris et réutilisé par l’ensemble des participants.
Les données de recherche, vous vous y connaissez!
En effet! Avant d’être nommé à ce poste, je travaillais aux Technologies de l’information de l’Université. L’un de mes rôles était d’aller à la rencontre des chercheuses et chercheurs pour connaître leurs habitudes et leurs besoins en matière de stockage des données. Et je dois dire que le vent tourne. Jusqu’à récemment, chacun s’arrangeait à sa manière avec ses données et certaines d’entre elles se retrouvaient dans des espaces de stockage plus ou moins sécuritaires. Aujourd’hui, les bonnes pratiques sont plus connues et l’UdeM est là pour offrir des conseils et des solutions en fonction des besoins exprimés.
Qu’est-ce qui explique ce changement?
Plusieurs raisons: d’abord, une augmentation des exigences gouvernementales, éthiques et juridiques en ce qui concerne la bonne gestion des données de recherche. Ensuite, il y a le fait que les différentes unités de l’UdeM – le Bureau de la conduite responsable en recherche, les Technologies de l’information, le Secrétariat général, le Bureau Recherche-Développement-Valorisation – collaborent de plus en plus en amont, dès le lancement des projets et les premières étapes des demandes de subvention. Ça permet d’offrir un accompagnement intégré à notre communauté et aussi de la sensibiliser aux bonnes pratiques à adopter tout au long du cycle de vie des données de recherche.
Que gagne l’UdeM à ce que ce projet pilote soit coordonné par quelqu’un d’ici?
Pour commencer, nous allons avoir une vision d’ensemble de ce qui se passe sur le terrain, à travers le pays, en matière d’accès aux données sensibles. Sur le plan technologique, j’estime qu’on sera en mesure d’acquérir une expertise, puisque nous travaillons en étroite collaboration avec les développeurs informatiques de l’Alliance. Et puis, je ne peux pas passer sous silence le fait que c’est une occasion assez exceptionnelle d’agrandir notre réseau de collaborateurs. Si vous le voulez, retrouvons-nous l’an prochain pour faire un bilan de ce projet pilote, des recommandations qui auront été soumises et de la suite des travaux à l’UdeM en matière de gestion de l'accès contrôlé aux données de recherche!