Les minorités sexuelles sont plus engagées dans la politique
- UdeMNouvelles
Le 10 octobre 2024
- Béatrice St-Cyr-Leroux
Au Canada, les personnes qui s’identifient comme appartenant aux minorités sexuelles s’engagent davantage dans la vie politique non électorale, révèle une nouvelle étude.
Les membres de la communauté LGBTQ+ du Canada participent davantage à la vie politique non électorale que les personnes hétérosexuelles. En dehors du geste de voter, ces personnes ont plus tendance à s’engager sur les scènes politiques institutionnalisée et non institutionnalisée. La première catégorie concerne la politique partisane – comme être membre d’un parti politique ou être en relation avec son élu – et la seconde la participation à des manifestations, des boycottages ou des buycotts.
Révélée dans une nouvelle étude, cette association positive entre l’orientation sexuelle et la participation politique est par ailleurs beaucoup plus forte pour les formes non institutionnalisées, tous facteurs sociodémographiques et socioéconomiques pris en compte.
«Cela signifie que les minorités sexuelles canadiennes participent plus activement à la vie politique non pas en raison de leur contexte social, comme leurs revenus ou leur niveau de scolarité élevés, mais parce que ces individus sont intrinsèquement plus mobilisés», indique Ruth Dassonneville, professeure au Département de science politique de l’Université de Montréal et chercheuse ayant pris part à l’étude.
Ces résultats se basent sur les données recueillies par le Consortium de la démocratie électorale, un réseau de recherche amassant des informations en contexte électoral aux échelles fédérale, provinciale et locale au Canada.
Une motivation intéressée
Pour Ruth Dassonneville, cette participation politique accrue des minorités sexuelles s’explique par un désir d’être elles-mêmes entendues. «Les individus qui s’engagent davantage dans la politique ont tendance à être mieux représentés politiquement, énonce-t-elle. Et nous savons que les minorités sexuelles sont confrontées à de nombreux préjugés et discriminations. Comme elles ont plus d’enjeux à revendiquer, elles ressentent plus fortement le besoin de s’engager en politique pour faire valoir leurs droits.»
La chercheuse considère que ces résultats sont «plutôt rassurants pour la démocratie», puisque cet engagement marqué permet de protéger certains droits, dans un contexte canadien où les défendre dans la rue, par exemple, est possible et peut influencer les prises de décision.
«La situation serait probablement pire si cette population était politiquement désengagée et moins organisée», estime-t-elle.
La professeure ajoute toutefois que d’autres recherches seraient nécessaires pour cerner clairement les raisons de cette mobilisation des minorités sexuelles et vérifier si cette participation est réellement attribuable à des degrés de discrimination plus élevés.