Le Réseau Circé: une nouvelle ère pour la diffusion des savoirs au Québec
- UdeMNouvelles
Le 24 octobre 2024
- Virginie Soffer
Portant le nom d’Éva Circé-Côté, figure de la démocratisation du savoir, le Réseau Circé s’engage à rendre la science accessible à tous et à soutenir le libre accès.
En juin dernier, une étape importante a été franchie dans le domaine de la recherche scientifique au Québec avec la création du Réseau québécois de recherche et de mutualisation pour les revues scientifiques, financée par une subvention de 10 M$ des Fonds de recherche du Québec. Ce réseau vise à faciliter la diffusion des connaissances et à assurer la découvrabilité des savoirs, c'est-à-dire leur accessibilité et leur visibilité, tout en favorisant la science en langue française.
À l’occasion de la Semaine internationale du libre accès, le Réseau organise aujourd’hui sa première journée d’étude où seront dévoilés son nouveau nom, son logo et son site Web ainsi qu’un programme d’activités conçu pour soutenir les revues savantes québécoises.
Un hommage à Éva Circé-Côté, pionnière de l’accès au savoir
Le Réseau québécois de recherche et de mutualisation pour les revues scientifiques portera désormais le nom de Réseau Circé et rend ainsi hommage à une femme marquante de l’histoire québécoise: Éva Circé-Côté. Cette écrivaine militante et progressiste a été l'une des premières femmes journalistes de la province. Elle a également été la première bibliothécaire de la Bibliothèque technique de Montréal. Cette première bibliothèque publique au Québec visait à donner gratuitement accès au savoir à l'ensemble de la population, notamment aux ouvriers francophones. Dans l'une de ses chroniques, elle a écrit ces mots qui résonnent encore aujourd'hui et que le Réseau Circé a souhaité mettre en évidence: «Le savoir, comme l’eau, devrait être à la portée de tous.»
En choisissant ce nom, le Réseau entend rappeler l’importance de cette idée dans son propre mandat. Comme l’explique Francis Gingras, son directeur: «Nous avons choisi le nom de Réseau Circé pour honorer une figure qui a lutté pour la circulation des savoirs. Éva Circé-Côté a consacré sa carrière à rendre le savoir accessible et c’est une mission qui nous guide dans notre travail.»
Des activités au service des revues scientifiques
Sous la coordination de Martin Hervé, nouveau coordonnateur scientifique, le Réseau Circé mettra en place une série d’activités destinées à soutenir les directions des revues. Il s'agira par exemple d'ateliers sur la gestion des réseaux sociaux ou encore d’un accompagnement dans la transition vers le libre accès. Le calendrier de ces premières activités, organisées avec les différents pôles et les partenaires du Réseau, pourra être consulté sur le site Web reseaucirce.org, en ligne dès aujourd’hui.
Un engagement fort à l’égard du libre accès
Le Réseau Circé s’affirme également comme un acteur clé du libre accès diamant, un modèle dans lequel ni les auteurs ni les lecteurs ne paient pour publier ou consulter des articles scientifiques. Le Réseau a choisi une image puissante pour représenter cet engagement: son logo est un livre ouvert dont les pages forment un diamant, symbolisant cette quête de transparence et d’accessibilité.
Le libre accès diamant est une réponse aux pratiques des conglomérats commerciaux qui dominent actuellement le marché des publications scientifiques. «Une poignée de grandes maisons d’édition commerciales comme Elsevier, Wiley, Springer et Taylor & Francis profitent largement des connaissances produites avec des fonds publics, souligne Francis Gingras. Ils se servent des publications scientifiques pour faire des profits énormes. Et ces profits viennent de la commercialisation d’un bien collectif, la science, qui devrait être accessible à tous, comme le disait Éva Circé-Côté.»
Le thème cette année de la Semaine internationale du libre accès, «La communauté avant la commercialisation», est particulièrement pertinent pour le Réseau Circé. Ce principe met l’accent sur le fait que la recherche scientifique doit être un bien partagé au bénéfice de la société entière. «Ce n’est pas moi qui ai choisi ce thème, mais j'aurais pu!» plaisante Francis Gingras avant d’ajouter sérieusement: «La science est un bien public. Et c’est la seule voie viable pour le libre accès: se rappeler que nous faisons cela pour la communauté et non pour les profits.»
Une position enviable dans le soutien à la recherche
Le Québec se distingue par son soutien aux revues savantes et aux initiatives de libre accès grâce à des fonds publics conséquents. «On peut dire que le Québec a une position enviable grâce à l’appui des Fonds de recherche du Québec», indique Francis Gingras. Il insiste sur le fait que ce soutien est vital pour permettre aux revues de rester accessibles et de qualité. «Nous avons ici un financement qui permet de soutenir à la fois les revues scientifiques et le nouveau réseau, mais il sera essentiel de maintenir et de renforcer cet appui. Le succès du modèle diamant repose sur un engagement fort de la collectivité en faveur du financement public de la science et de la diffusion de ses résultats», conclut le directeur du Réseau Circé.
Une journée d’étude sur le rôle des revues savantes
Ce vendredi 25 octobre, le Réseau Circé tient sa première journée d’étude sur le thème «Pourquoi des revues savantes?» Cette journée sera l’occasion de réfléchir collectivement sur le rôle fondamental des revues scientifiques. «Les revues savantes ne sont pas de simples outils de diffusion. Elles jouent un rôle central dans la formation des communautés intellectuelles, disciplinaires et même culturelles», observe Francis Gingras. Il souligne que ces revues sont bien plus que des véhicules de savoir: elles sont des lieux d'animation scientifique et culturelle, contribuant à tisser des liens entre chercheurs, disciplines et idées.