L’expertise d’Alessandra Devulsky sur les droits de la personne aux Nations unies

Alessandra Devulsky

Alessandra Devulsky

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

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Alessandra Devulsky a été élue au Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

Alessandra Devulsky, conseillère au Bureau du respect de la personne de l’Université de Montréal et HEC Montréal, a été élue pour un mandat de trois ans au Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies comme représentante de l’Amérique latine et des Caraïbes. Originaire du Brésil, elle a fait ses études dans son pays natal pour devenir avocate. Puis, elle est venue au Québec mener des recherches subventionnées par le Conseil de recherches en sciences humaines et elle y est restée.

C’est le Brésil qui a déposé la candidature à ce poste de celle qui travaille pour la préservation des droits de la personne des plus vulnérables de son pays d’origine depuis plus de 20 ans.

«Les communautés vulnérables voient souvent leurs droits bafoués parce que, par exemple, certains projets viennent mettre en péril leur mode de vie traditionnel en détruisant les ressources naturelles dont elles dépendent, explique-t-elle. Puis, le Brésil accueille la plus grande diaspora africaine et il est le dernier pays dans les Amériques à avoir aboli l’esclavage, soit en 1888; je travaille énormément aussi avec la communauté noire, qui vit beaucoup de discrimination et de violence.»

Alessandra Devulsky a cofondé en 2006 au Brésil l’Instituto Luiz Gama, une organisation de défense des droits de la personne qui fait de l’éducation populaire et donne des formations.

Au Québec, avant d’arriver à l’UdeM, elle a travaillé dans le milieu communautaire, où elle a pu se familiariser avec la réalité locale. «Malheureusement, lorsqu’on regarde les cas d’atteinte aux droits de la personne au Brésil et au Canada, c’est très semblable, notamment à l’égard des communautés autochtone et noire», affirme-t-elle.

Puis, comme chargée de cours en droit à l’Université du Québec à Montréal, elle s’est appliquée à créer des liens entre ces communautés au Canada et en Amérique latine afin qu’elles puissent échanger sur leurs stratégies.

Alessandra Devulsky a écrit de nombreux articles et le livre ColorismoLe colorisme en version française. Il parle de la hiérarchisation qui existe entre les personnes racisées: plus elles sont proches des traits phénotypiques associés à l’africanité tels que les cheveux crépus et la peau foncée, plus elles sont discriminées. «C’est issu des processus de colonisation et on le voit en Amérique latine, mais aussi aux États-Unis, en Europe et au Canada, précise-t-elle. Une approche décoloniale des droits de la personne est la seule manière de faire face à ces questions.»

Une voix à ceux et celles qui n’en ont pas

Tout en restant en poste à l’UdeM, Alessandra Devulsky se penchera, comme membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, sur différentes situations problématiques. Elle pourra faire des propositions, rédiger des rapports, demander des enquêtes, etc. Ensuite, des actions pourront être entreprises.

«Je travaille dans le domaine des droits de la personne depuis toujours, mais le faire dans une structure des Nations unies donnera à mes actions une portée plus large. Des États pourront être mobilisés pour changer des lois, des politiques publiques, etc.», mentionne-t-elle.

Pour la fille de l’avocat défenseur des droits de la personne et environnementaliste brésilien Augusto Mario da Silva, il n’y a pas plus belle mission. «J’attirerai l’attention sur la situation de gens qui n’ont pas beaucoup de pouvoir économique, des communautés très vulnérables qui n’ont que le système international pour se défendre, dit-elle. Mon rôle sera de donner une voix à ceux et celles qui ne sont pas entendus.»

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