La sécurité et la santé plurielle des femmes sous les projecteurs

Dr Denis Mukwege

Dr Denis Mukwege

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Du 3 au 6 décembre, l’UdeM accueillera le cinquième congrès de la Chaire internationale Mukwege, qui se déroulera pour la toute première fois en Amérique du Nord, au Palais des congrès de Montréal.

Le cinquième congrès de la Chaire internationale Mukwege s’articule autour du thème «Mettre fin aux violences basées sur le genre: autonomisation des femmes et développement durable», indissociable de la mission du Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix en 2018. 

Cet évènement voit le jour grâce à la collaboration entre diverses unités de l’Université de Montréal, notamment l’Observatoire Hygeia, l’Unité de santé internationale et UdeM international. 

L’autonomisation des femmes et l’égalité de genre font partie des Objectifs de développement durable des Nations unies. Le congrès de la Chaire internationale Mukwege se veut un moment pour porter un regard sur les gains enregistrés et les défis présentés par les multiples stratégies en faveur de ces objectifs.  

Le congrès regroupera ainsi divers acteurs du développement durable, en plus d’une pluralité de scientifiques de la communauté de l’Université de Montréal qui s’intéressent à la santé, au bien-être et aux droits des femmes. 

Sophie Bergeron: les violences sexuelles et les minorités

Sophie Bergeron, professeure au Département de psychologie de l'Université de Montréal

Sophie Bergeron, professeure au Département de psychologie de l'Université de Montréal

Crédit : Courtoisie

Professeure au Département de psychologie, Sophie Bergeron siège au comité scientifique de la rencontre et organise le symposium «Prévenir les violences sexuelles contre les populations vulnérables». 

Il y sera question des divers travaux du Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles (CRIPCAS), dont elle est la directrice. On y parlera des populations négligées par la recherche, comme les victimes de pays moins développés et celles qui s’identifient à la diversité sexuelle et de genre, mais aussi les immigrants. 

«On sait que ces individus vivent plus de violences sexuelles, mais on les étudie moins, indique la chercheuse. Et ces populations ont souvent désespérément besoin de services.» 

Dans cette optique seront présentés les travaux menés par le CRIPCAS sur les mesures préventives au sein des communautés autochtones du Saguenay–Lac-Saint-Jean, la violence sexuelle en bas âge comme facteur de revictimisation à l’âge adulte et les problèmes de santé mentale accrus chez les victimes issues des minorités sexuelles.  

Globalement, ce symposium mettra en lumière les obstacles auxquels sont confrontées ces populations afin d’élaborer de meilleures pratiques en matière de prévention, d’intervention et de soutien à leur égard.  

Bilkis Vissandjée: les mutilations génitales au Canada

Bilkis Vissandjee

Bilkis Vissandjée, chercheuse et professeure à la Faculté des sciences infirmières de l'Université de Montréal

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Bilkis Vissandjée est chercheuse et professeure à la Faculté des sciences infirmières et elle s’intéresse à la prestation de soins de qualité dans un contexte socioculturel diversifié. Elle s’adressera au public lors du symposium «Qualité des soins pour les femmes, les adolescentes et les filles vivant avec une mutilation génitale féminine/excision (MGF/E) au Canada». 

Ce symposium sera centré sur l’accès aux soins de santé et aux services sociaux pour les femmes vivant avec une mutilation génitale dans un pays d’accueil comme le Canada. Quelles sont les ressources disponibles? Comment faire pour soutenir ces femmes adéquatement? Quels acteurs doivent être mobilisés? 

«L’estimation de la prévalence quant à ces mutilations n’a pas bougé énormément. Oui, il y a quand même une certaine évolution dans la compréhension du phénomène et de ses conséquences, mais c’est encore un problème bien réel, notamment en Guinée, en Éthiopie et au Nigeria», signale la professeure.  

Et lorsque ces femmes immigrent, elles sont confrontées à des professionnels de la santé et des services sociaux qui sont peu ou pas formés pour intervenir. La prise de parole de Bilkis Vissandjée mettra en évidence l’importance d’offrir, par exemple, l’accès à la reconstruction clitoridienne et, surtout, à un accompagnement qui vise la réparation physique et psychologique tout en luttant contre la stigmatisation et les obstacles sociaux. 

«Ce ne sont pas des préoccupations, des problèmes de santé ou des diagnostics habituels. Il faut pouvoir établir une communication et proposer des soins sécuritaires: les mots, les manières d’être et les pratiques importent», soutient la chercheuse.  

Karine Millaire: la sécurité culturelle

Karine Millaire, professeure à la Faculté de droit et experte en droit constitutionnel, droits et libertés de la personne et droit autochtone

Karine Millaire, professeure à la Faculté de droit de l'Université de Montréal et experte en droit constitutionnel, droits et libertés de la personne et droit autochtone

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Karine Millaire est professeure à la Faculté de droit et experte en droit constitutionnel, droits et libertés de la personne et droit autochtone. Elle participera au symposium «Mise en œuvre de la sécurité culturelle et les femmes issues des Premières Nations: droits, meilleures pratiques et engagement». 

Cette partie du congrès se présente comme une table ronde regroupant différentes disciplines, recherches et expertises du terrain liées à l’insécurité culturelle et la discrimination chez les femmes autochtones d’un point de vue juridique.  

«La sécurité culturelle se caractérise par un accès équitable et sans discrimination aux soins et aux services sociaux, mais, plus largement, à l’ensemble des services, donc aussi en matière de justice, d’éducation et de relations de travail», précise la chercheuse. 

À ce chapitre, elle rappelle que l’identité autochtone ou le statut d’Autochtone n’est actuellement pas enchâssé dans les chartes québécoises comme un motif de discrimination spécifique. «Il y a une négation de la part du gouvernement en place quant à la discrimination systémique à l’égard des Premières Nations et des Inuits. Pourtant, d’un point de vue juridique, ce n’est pas un constat controversé. C’est reconnu depuis longtemps par les tribunaux et les commissions d’enquête, notamment la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec. Mais lorsqu’on veut redresser des iniquités et des inégalités, il faut d’abord les reconnaître», plaide Karine Millaire. 

La professeure estime que le symposium sera justement une belle occasion de sensibiliser le public à cette question et d’en parler sans détour afin d’ultimement mettre sur pied des politiques de prévention et de lutte dans les différents milieux et de «faire en sorte d’imposer des normes qui deviennent obligatoires pour ce qui est de la formation des professionnels», conclut-elle.

Aide-mémoire

  • Quoi? Cinquième congrès de la Chaire internationale Mukwege 
  • Quand? Du 3 au 6 décembre
  • Où? Palais des congrès de Montréal, 1001, place Jean-Paul-Riopelle
  • Billets vendus en ligne 

Sur le même sujet

femmes santé publique conférence