Un défilé de mode au profit de jeunes dans la rue

De gauche à droite, rangée du haut: Catherine Bernier, Emmanuelle Gagnon, Sarah-Émilie Godin et Ghita Benchekroun; à l'avant-plan: Alexandra Petrariu, Fatima Zohra El Ouafi, Katherine Gambacorta et Sandra Tarbouch.

De gauche à droite, rangée du haut: Catherine Bernier, Emmanuelle Gagnon, Sarah-Émilie Godin et Ghita Benchekroun; à l'avant-plan: Alexandra Petrariu, Fatima Zohra El Ouafi, Katherine Gambacorta et Sandra Tarbouch.

Crédit : Courtoisie

En 5 secondes

Des étudiantes en médecine organisent Solstice, un défilé de mode engagé, pour soutenir les jeunes de la rue.

«Chaque jour, en sortant des nouveaux locaux de la Faculté de médecine à la Place Dupuis, nous traversons les corridors de la station Berri-UQAM. Et chaque jour, nous croisons des jeunes de notre âge, parfois même plus jeunes, qui dorment à même le sol. Ce ne sont plus des visages lointains aperçus au détour d’un coin de rue, ce sont nos voisins. L’itinérance, à Montréal, est devenue une urgence. Et ce qui frappe le plus, c’est à quel point elle est devenue normale, invisible, intégrée au décor», confie Katherine Gambacorta, étudiante en médecine à l’Université de Montréal et présidente du comité Solstice. 

Pour elle et pour un groupe d’étudiantes de deuxième année en médecine, cette réalité n’est plus supportable. C’est pourquoi elles ont décidé de reverser les fonds amassés à l’occasion du défilé de mode qu’elles mettent sur pied à l’organisme Dans la rue, qui vient en aide aux jeunes en situation d’itinérance à Montréal.  

Créé il y a une dizaine d’années, ce défilé de mode des étudiants et étudiantes de la Faculté de médecine de l’UdeM a toujours eu une vocation philanthropique, permettant de soutenir diverses causes, comme celle du Dr Pierre Marsolais lors de défilés précédents. Solstice, le prochain défilé de mode engagé, se tiendra le 25 avril au Bain Mathieu. 

Un défilé à visage humain

Ce défilé de mode pas comme les autres réunira des mannequins issus de la cohorte de deuxième année de médecine, aux morphologies et origines culturelles diverses. Les tenues seront fournies par des créateurs québécois engagés dans une mode éthique et durable. Plus proches de la communauté étudiante en médecine, certains vêtements seront également fournis par l’entreprise Uniformes Direct, spécialisée dans les vêtements pour le personnel médical.  

Derrière cette initiative, ce sont plus de 75 étudiantes et étudiants qui unissent leurs efforts. Ils veulent faire de ce projet bien plus qu’un simple défilé, qui s’accompagne dès lors d’une collecte de vêtements, d’une plateforme de dons en ligne et d’activités de bénévolat. Chacune de leurs actions vise à éveiller les consciences aux réalités de l’itinérance. 

Médecine et engagement social

L'équipe organisatrice de Solstice est lauréate de OSEntreprendre 2024-2025

L'équipe organisatrice de Solstice et lauréate de OSEntreprendre 2024-2025

Crédit : Courtoisie

Pourquoi des étudiantes en médecine sont-elles à l’origine d’un défilé de mode? La réponse est simple: l’itinérance est un problème de santé publique majeur et ces futures médecins ont choisi d’agir dès maintenant. 

«Peu importe notre spécialité, nous croiserons des personnes en situation d’itinérance dans notre pratique, explique Katherine Gambacorta. Solstice, c’est notre manière de nous engager aujourd’hui pour cette cause.» 

Le lien est aussi géographique: depuis le déménagement récent d'activités de la Faculté de médecine de l’UdeM près du parc Émilie-Gamelin, la proximité avec cette réalité a renforcé leur volonté d’agir. Plusieurs membres de l’équipe organisatrice du défilé font déjà du bénévolat avec l’organisme Dans la rue, créant un pont naturel entre leur formation et leur engagement. 

«Il s’agit aussi d’un projet profondément humain, qui va au-delà de notre cursus. C’est un moment pour sortir du cadre strictement médical et renouer avec d’autres formes de sensibilité artistiques pour une cause sociale», ajoute Alexandra Petrariu. 

Une vague de mobilisation

Trois vagues de billets ont déjà trouvé preneur pour cet évènement. Les dons de vêtements affluent au point où les sacs de vêtements remplissent les appartements des organisatrices. L’élan est tel que l’équipe a mis en place des outils pour assurer la pérennité du projet et permettre aux futures cohortes de reprendre ce flambeau dans les années à venir. 

«On voulait que Solstice ne soit pas qu’un évènement ponctuel. On souhaite que cela puisse inspirer d’autres initiatives. On a consigné tout notre processus pour que d’autres puissent le reproduire», conclut Sarah-Émilie Godin, une des membres du comité Solstice.