L’intervention, au carrefour de multiples disciplines

Sur le thème des questions autochtones, la récente rencontre annuelle du Carrefour en intervention et vie repensée a misé autant sur l’art et la culture que sur la science.

Sur le thème des questions autochtones, la récente rencontre annuelle du Carrefour en intervention et vie repensée a misé autant sur l’art et la culture que sur la science.

Crédit : Courtoisie

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À travers ses activités et ses actions, le Carrefour en intervention et vie repensée de la FAS vise à mettre en relation les quatre disciplines de l’intervention psychosociale.

Avec ses programmes d’études en criminologie, en psychoéducation, en psychologie et en travail social, l’Université de Montréal forme une grande part de la relève en intervention et en relation d’aide du Québec. En effet, l’UdeM reste la seule université de la province à offrir des programmes aux trois cycles dans les quatre disciplines de l’intervention psychosociale.

Les futurs intervenants sont appelés à travailler en étroite relation avec leurs collègues formés dans les diverses disciplines. «Et pourtant, le fonctionnement des autres départements est mal connu et les étudiants et étudiantes se côtoient peu», affirme Sarah Fraser, professeure à l’École de psychoéducation de la Faculté des arts et des sciences (FAS). Pour solidifier ces liens, le Carrefour en intervention et vie repensée a été mis sur pied en 2020, avec la mission de «promouvoir la transdisciplinarité et le réseautage entre les programmes en intervention selon trois axes: clinique, scientifique et pédagogique».

Une représentation paritaire

Sarah Fraser, Kim Archambault et Maude Pérusse-Roy

Sarah Fraser, Kim Archambault et Maude Pérusse-Roy

Crédit : Courtoisie

Pour assurer un équilibre, des sièges au comité-conseil du Carrefour sont prévus pour des membres de la communauté étudiante et du corps professoral de chaque discipline. Ce comité est responsable d’établir les orientations et de planifier les différentes activités. «Le personnel enseignant tient un rôle de soutien; la contribution étudiante est vraiment importante», souligne Kim Archambault, professeure à École de psychoéducation et membre du comité-conseil depuis ses débuts.

Si certaines dimensions de la mission relèvent davantage de la FAS (comme l’arrimage entre les cours), le comité-conseil «s’occupe d’animer la conversation autour des questions cliniques et scientifiques», résume-t-elle. «Nous voulons faciliter les collaborations entre les différents programmes et leurs étudiants et étudiantes», poursuit Maude Pérusse-Roy, candidate au doctorat en criminologie et membre du comité-conseil depuis trois ans. Celui-ci collabore également avec les associations étudiantes pour la diffusion et le financement des activités.

En plus d’organiser des activités tout au long de l’année, le Carrefour contribue à faire rayonner les évènements des départements et à établir des partenariats. Le comité-conseil a par exemple été sollicité pour l’organisation d’un lancement de livre l’automne dernier.

Intervention: perspectives autochtones

Une grande partie des énergies du comité-conseil est par ailleurs consacrée à l’organisation de sa rencontre annuelle (quand les plans ne sont pas bousculés par une pandémie), qui offre une occasion de réseautage, en plus de stimuler les conversations scientifiques et cliniques. «C’est notre plus grosse action. Ça porte toujours sur des sujets d’intérêt, ancrés dans des préoccupations actuelles, abordés sous l’angle de l’intervention», décrit Kim Archambault.

Après le racisme systémique ainsi que la diversité sexuelle et la pluralité des genres, ce sont les questions autochtones qui ont été au centre de la troisième rencontre annuelle sur le thème «Écouter, apprendre, intervenir: perspectives autochtones en actions». La soirée a eu lieu le 10 avril, à l’Espace La Risée, et a rassemblé 70 personnes dans une ambiance d’ouverture et de partage unique.

«Dès le départ, les questions autochtones ont été nommées comme un sujet rassembleur et important à traiter», note Kim Archambault. L’évènement, qui sort un peu du cadre classique d’une activité universitaire, a misé autant sur l’art et la culture que sur la science. C’est d’ailleurs la signature de cette rencontre annuelle. «Dès la deuxième année, nous avons présenté des numéros d’humour au fil de la soirée et les conférences elles-mêmes étaient loin d’être classiques», remarque-t-elle.

Dans un souci d’équilibre, des voix universitaires (Viviane Lortie, chargée de projet clinico-scientifique à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté, et Sarah Fraser), d’intervenants (Janel Poulin, agente de libération conditionnelle à Service correctionnel Canada) et de figures politiques et artistiques autochtones importantes (Constant Awashish, grand chef du Conseil de la Nation Atikamekw; Shauit, musicien innu; Mélanie Nogues, danseuse pow-wow) ont été incluses.

Découvrir et apprendre

La soirée fut une occasion de partage et de découverte. «Les réalités des Premiers Peuples restent méconnues; ce n’est pas une histoire qui est enseignée dans nos curriculums scolaires, même si les jeunes y sont de plus en plus sensibles», estime Sarah Fraser, qui a collaboré à l’organisation de cette rencontre. Or, les futurs intervenants seront amenés à travailler avec ces personnes issues des communautés autochtones, qui sont surreprésentées dans plusieurs systèmes (protection de la jeunesse, milieux carcéraux, etc.). «Nous ne sommes pas nécessairement outillés pour bien comprendre l’origine des difficultés qu’elles peuvent vivre», ajoute-t-elle.

La soirée a mis en lumière les différentes approches en intervention, qui peuvent aussi inclure l’art et la culture. La danseuse pow-wow Mélanie Nogues, qui travaille à la Fondation Nouveaux Sentiers, utilise elle-même la danse comme forme d’intervention auprès des jeunes.

«Comme intervenants, nous entrons parfois dans un moule, mais les Premiers Peuples possèdent des savoirs qui leur permettent de réfléchir et d’intervenir différemment», relate Sarah Fraser. «Nous ne sommes pas là juste pour apprendre, comme allochtones, à intervenir auprès des personnes autochtones, mais aussi pour nous enrichir d’autres façons de faire, d’autres modèles et d’autres visions du monde afin de mieux agir», conclut Kim Archambault.