Épidémiologie et biostatistique, des alliés précieux pour contrer l’asthme chez l'enfant

Les enfants de femmes qui ont eu au moins une crise d’asthme durant la grossesse ont une trajectoire plus mouvementée et plus persistante de la maladie, ainsi que des probabilités plus faibles de rémission.

Les enfants de femmes qui ont eu au moins une crise d’asthme durant la grossesse ont une trajectoire plus mouvementée et plus persistante de la maladie, ainsi que des probabilités plus faibles de rémission.

Crédit : Getty

En 5 secondes

À l'occasion du Mois de la sensibilisation à l’asthme et aux allergies, la professeure de pharmacie Cristina Longo explique ses travaux de recherche sur l’asthme chez les enfants.

Cristina Longo

Cristina Longo

Crédit : CHU Sainte-Justine

Prévenir les crises d’asthme chez la future mère permet-il de réduire la gravité de l’asthme chez son enfant? Les enfants asthmatiques devraient-ils limiter leur consommation d’antibiotiques? Voilà deux vastes questions auxquelles souhaite répondre Cristina Longo, chercheuse au Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine et professeure adjointe à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal.  

Combinant des méthodes épidémiologiques et biostatistiques de pointe, ses recherches visent à mieux comprendre ce qui influence l’évolution de l’asthme chez l’enfant afin de permettre un suivi médical optimal et favorable à la rémission. En ce mois de la sensibilisation à l’asthme et aux allergies, pleins feux sur les travaux de cette jeune chercheuse.

Les crises d’asthme: de la mère au bébé 

L’asthme est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes durant une grossesse. Si l’on sait déjà que les enfants de parents asthmatiques sont plus à risque d’en être eux-mêmes atteints pour des raisons génétiques, peut-on néanmoins améliorer les perspectives en soignant mieux cette maladie chez la future maman?  

«L’asthme varie avec le temps, notamment en bas âge, explique Cristina Longo. Par exemple, certains enfants vont recevoir un diagnostic d’asthme à l’âge préscolaire et être en rémission complète vers sept ou huit ans, alors que d’autres resteront aux prises avec ce syndrome toute leur vie. Ce n’est pas qu’une question de génétique, contrairement à ce qu’on croyait avant. Il existe des facteurs environnementaux sur lesquels on peut agir en prévention précoce pour améliorer l’évolution de la maladie chez les tout-petits.»  

Dans ses recherches observationnelles, elle a noté que les enfants de femmes qui ont eu au moins une crise d’asthme durant la grossesse ont une trajectoire plus mouvementée et plus persistante de la maladie, ainsi que des probabilités plus faibles de rémission. Cette association est particulièrement évidente chez les femmes souffrant d’un asthme plus grave.  

«Avec l’aide de bases de données, nous cherchons maintenant à observer ce qui arrive aux enfants dont la mère a utilisé un traitement biologique pour l’asthme pendant la grossesse, précise la professeure. Cette classe de médicaments, qui cible des éléments particuliers du système immunitaire responsables des crises, est très efficace chez l’adulte, donc on pense que cela pourrait améliorer les perspectives pour le bébé. C’est ce que nous allons tenter de voir dans les prochaines années.» 

L’incidence des antibiotiques 

Un autre important volet des recherches de Cristina Longo concerne l’incidence de la prise d’antibiotiques sur l’évolution de l’asthme pédiatrique. En utilisant les données administratives de la Régie de l’assurance maladie du Québec, accessibles grâce au Centre d'accès aux données de recherche de l’Institut de la statistique du Québec situé au CHU Sainte-Justine, elle a relevé que les enfants qui avaient suivi un traitement antibiotique pour une infection respiratoire étaient plus à risque par la suite de faire une crise d’asthme nécessitant une consultation médicale.  

«Les enfants asthmatiques prennent plus d’antibiotiques que les autres, même pour des affections qui n’en requièrent pas, comme celles causées par un virus. Notre étude montre qu’ils ne guérissent pas plus vite, en plus d’être légèrement plus à risque de devoir consulter un médecin pour une crise d’asthme de deux semaines à six mois après le traitement. Il est alors d’autant plus important d’être strict en matière de prescription d’antibiotiques pour les enfants atteints d’asthme», mentionne la chercheuse.

Les données à la base d’un système de santé apprenant 

De plus en plus, on prend conscience de l’importance des données pour optimiser les suivis médicaux et établir les paramètres d’une véritable santé de précision.  

«Les méthodes épidémiologiques et biostatistiques de plus en plus poussées nous permettent maintenant de déduire des liens de causalité qui peuvent vraiment changer les choses dans la pratique clinique, se réjouit Cristina Longo. Cela aide à prendre des décisions éclairées et à faire des pronostics pour savoir quel type de patient est à risque plus élevé de faire des crises d’asthme et d’avoir besoin d’un suivi adapté. Les données sont précieuses et les valoriser par la recherche nous permet de tendre vers un véritable système de santé apprenant!»

Sur le même sujet

pédiatrie pharmacie recherche