Redonner à Gaza

Cette aide prend la forme de bourses, de parrainages, d'un encadrement sur le plan des études et d'une intégration dans les équipes de recherche du pays.

Cette aide prend la forme de bourses, de parrainages, d'un encadrement sur le plan des études et d'une intégration dans les équipes de recherche du pays.

Crédit : Getty

En 5 secondes

À la faveur du programme Palestinian Students and Scholars at Risk, quatre professeures de l’UdeM contribuent à aider des survivants de la guerre de Gaza à poursuivre leurs études au Canada.

Dans ce qu’elles appellent un acte de solidarité, quatre professeures de l’Université de Montréal aident des universitaires et des étudiants diplômés palestiniens de Gaza à s’installer dans une nouvelle vie universitaire et sociale au Canada, même si aucun d’entre eux ne fréquente l’UdeM.

«Ils ne sont pas à l’UdeM principalement à cause des barrières linguistiques: la majorité des étudiantes et étudiants palestiniens parlent l’arabe et l’anglais, pas le français», explique Emmanuelle Khoury, professeure de travail social, qui participe au projet en tant que bénévole avec ses collègues Roxane Caron, Aline Bogossian et Rola Koubeissy.

Elles font partie d’une initiative appelée Palestinian Students and Scholars at Risk (PSSAR), une organisation à but non lucratif et apolitique fondée et gérée par des bénévoles basés au Canada, essentiellement des universitaires affiliés à de grands établissements canadiens comme l’UdeM.

Cette aide prend la forme de bourses, de parrainages, d'un encadrement sur le plan des études et d'une intégration dans les équipes de recherche du pays.

Jusqu’à présent, huit étudiantes et étudiants de Gaza sont allés dans six universités canadiennes: quatre en Ontario (à l’Institut universitaire de technologie de l’Ontario, à l’Université de Toronto et à l’Université d’Ottawa), trois au Québec (à l’Université Concordia et à l’Université McGill) et un en Alberta (à l’Université de Calgary).

«Certains sont arrivés seuls, laissant leur famille derrière eux, tandis que d’autres sont venus avec leurs enfants, souligne Emmanuelle Khoury. Ils doivent concilier études aux cycles supérieurs et responsabilités parentales alors qu’ils vivent un moment de grande instabilité sociale, économique et émotionnelle. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un véritable défi.» Ils poursuivent des études en ingénierie et en architecture, souvent à la maîtrise.

Plutôt que d’offrir un soutien financier direct, le programme PSSAR agit en tant que facilitateur stratégique, mettant en relation ces talents avec des universités partenaires et des réseaux d’établissements. Il fournit également un soutien en dehors du cadre universitaire grâce à des partenariats avec des organismes communautaires.

«C’est un acte de solidarité universitaire internationale», déclare Rola Koubeissy, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM. « L’initiative contribue à protéger et à renforcer le potentiel intellectuel des Palestiniens et Palestiniennes menacés par les conséquences dramatiques de la guerre sur Gaza ».

Des répercussions inimaginables

Emmanuelle Khoury, Roxane Caron, Aline Bogossian et Rola Koubeissy

Emmanuelle Khoury, Roxane Caron, Aline Bogossian et Rola Koubeissy

Crédit : Emmanuelle Khoury (Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec), Roxane Caron et Aline Bogossian (École de travail social, Université de Montréal, ainsi que Rola Koubeissy (Amélie Philibert, Université de Montréal)

«Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza aura des répercussions que nous ne pouvons imaginer sur les prochaines générations. Nous espérons que, grâce à notre programme et au soutien modeste que nous apportons, quelque chose de nouveau et de prometteur émergera pour ce petit groupe de personnes qui se trouvent actuellement au Canada», souhaite Aline Bogossian.

Pour Roxane Caron, «il est essentiel que le corps professoral participe directement à l’initiative transnationale et interuniversitaire. Cela démontre que le milieu universitaire peut se mobiliser et réagir en temps de guerre, un engagement qui est souvent limité dans un système universitaire où la sécurité et la stabilité sont prioritaires par rapport à une urgente prise de responsabilités sociales».

«Nous pensons que notre rôle ne se limite pas à la transmission de connaissances, mais s’étend au soutien psychosocial et relationnel qui favorise l’intégration respectueuse, bienveillante et durable des Palestiniennes et des Palestiniens dans la vie universitaire ici», note Emmanuelle Khoury.

Un espace sûr

À cette fin, ses collègues de l’UdeM et elle rencontrent régulièrement les étudiantes et étudiants sur Zoom «pour créer un espace d’écoute, de partage et de soutien mutuel, indique Emmanuelle Khoury. Ils nous disent que ces rencontres sont inestimables, car elles leur offrent un espace sûr pour parler de ce qu’ils vivent».

Les bénévoles de l’UdeM ont également rédigé deux guides d’accompagnement, disponibles sur le site de l’École de travail social, pour aider les membres des communautés étudiante et enseignante qui entrent en contact avec ces nouvelles et nouveaux venus de Gaza:

  • Le premier propose des orientations d’accueil et des stratégies d’intervention pour les étudiantes et étudiants qui vivent des traumatismes liés à la guerre, à l’exil et à l’occupation de leur pays d’origine.
  • Le second donne un aperçu de la situation en Palestine pour aider les professeurs et professeures et les chercheurs et chercheuses à mieux comprendre le contexte et à adapter leur soutien en conséquence.

Quelles sont les prochaines étapes?

«Nous poursuivons notre engagement pour la solidarité universitaire en promouvant la réussite scolaire et le développement personnel des étudiantes et des étudiants palestiniens dans leur nouvel environnement, conclut Emmanuelle Khoury, et nous encourageons vivement les professeures et professeurs qui aimeraient leur offrir un soutien en tant que mentors à prendre contact avec nous et à s’inscrire.»

Pour en apprendre davantage au sujet des initiatives de l'UdeM concernant les chercheurs et chercheuses dont le pays d’origine fait face à un conflit ou à une catastrophe naturelle, consultez la page du Fonds d'aide aux communautés universitaires en situation de crise humanitaire.