Une commission internationale se penche sur le changement climatique et la santé mentale
Une nouvelle commission internationale mise sur pied par la revue Lancet Psychiatry voit le jour pour examiner l’un des enjeux les plus pressants de notre époque: les répercussions des changements climatiques sur la santé mentale. Ce projet, réunissant plus de 90 spécialistes de divers horizons, est mené par trois chercheurs principaux, soit la professeure Jura Augustinavicius, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, ainsi que le Dr Jurjen Luykx (Amsterdam University Medical Centre) et le Dr Lasse Brandt (Charité–Universitätsmedizin Berlin).
Cliniciens, chercheurs en psychiatrie sociale et clinique, neurosciences, santé publique, économie de la santé, sciences environnementales et climatiques, mais aussi décideurs et personnes touchées par un problème de santé mentale, uniront leurs expertises au sein de cette commission.
Une réponse à un besoin urgent
Malgré le fardeau croissant que les changements climatiques imposent à la santé mentale, cette dimension demeure largement négligée dans les travaux sur le climat et la santé. Plusieurs associations professionnelles en santé mentale ont pourtant appelé à une action fondée sur des données probantes. La commission est née de ce constat et d’une volonté commune d’y remédier.
La commission Lancet Psychiatry sur le changement climatique et la santé mentale a pour objectif d’établir une base scientifique solide qui puisse orienter les stratégies de santé mentale dans le contexte des changements climatiques. Elle entend également combler les lacunes actuelles en matière de connaissances et répondre aux besoins encore non satisfaits en recherche. Ses membres souhaitent soutenir les efforts d’adaptation aux bouleversements climatiques tout en renforçant les systèmes de santé mentale, les déterminants de la santé et la résilience des communautés.
Des travaux sur quatre axes
Dans un premier temps, les travaux de la commission se concentreront sur quatre grands axes. Elle analysera les effets des changements climatiques sur la santé mentale et cherchera à désigner les moyens de développer la résilience psychologique afin de mieux s’adapter et répondre aux défis environnementaux.
Elle s’attachera aussi à définir des interventions fondées sur des données probantes pour réduire les conséquences psychologiques des changements climatiques. Enfin, elle se penchera sur l’évaluation économique et financière de ces interventions et efforts de résilience.
Une attention particulière sera portée aux populations les plus à risque, notamment les enfants, les adolescents, les femmes, les femmes enceintes, les personnes âgées, les migrants et les communautés vivant dans des contextes à faibles ressources.
Une chercheuse de l’UdeM engagée à l’échelle mondiale
En plus de son rôle de professeure à l’École de santé publique de l’UdeM, Jura Augustinavicius fournit régulièrement un soutien technique aux gouvernements, aux organisations non gouvernementales et aux agences des Nations unies en matière de santé mentale et de soutien psychosocial dans le contexte des changements climatiques. Ses recherches sont fortement axées sur la mise en œuvre et l’évaluation de programmes de santé mentale et de bien-être. Elle dirige actuellement plusieurs projets qui réunissent des équipes interdisciplinaires afin de concevoir des interventions avec les communautés les plus durement touchées par les bouleversements climatiques et autres crises.
Une déclaration scientifique dans la revue «Lancet Psychiatry»
Un commentaire décrivant la commission, signée par la professeure Augustinavicius et ses collaborateurs, a été publié le 10 septembre dans la revue Lancet Psychiatry. Une version accessible au grand public est également disponible sur la plateforme Open Science Framework.
«La crise climatique aggrave considérablement les besoins en santé mentale à l'échelle mondiale. Avec cette commission, nous voulons fournir une feuille de route fondée sur les données probantes pour renforcer la résilience et guider les actions en matière de promotion, de prévention et de soins», souligne la professeure Jura Augustinavicius.