La filière collégiale d’Argilos

En 5 secondes Depuis quelques années, le stage archéologique d’Argilos accueille aussi des étudiantes et étudiants du Collège Lionel-Groulx et du Cégep de Rosemont.

Depuis plusieurs années, Jacques Perreault donne la chance à des étudiantes et des étudiants du Cégep de Rosemont et du Collège Lionel-Groulx d'effectuer un stage archéologique sur le site d'Argilos, une expérience qui transforme souvent leur parcours de formation.

Une passion qui traverse les générations

L'histoire de cette collaboration trouve ses racines dans le parcours personnel d'Ariane Poulin, enseignante responsable du programme Histoire et civilisation au Cégep de Rosemont. Tout commence à l'automne 1995 à l’Université de Montréal, lorsqu'elle assiste à son premier cours d'introduction à l'archéologie gréco-romaine, donné par le professeur Perreault. Ce cours est pour elle une révélation.

Trois ans plus tard, diplômée du baccalauréat en histoire, Ariane Poulin foule le sol d'Argilos. Ce premier stage marque le début d'une longue série de voyages estivaux en Grèce du Nord et l'amorce d'une maîtrise en études classiques, option Archéologie, consacrée à l'architecture du bâtiment «A» du site antique.

Son expertise grandissante lui vaut la confiance de Jacques Perreault, qui lui donne graduellement des responsabilités sur le terrain. En 2004, elle devient superviseuse d'équipes étudiantes universitaires, une fonction qui l'amène à réfléchir sur les possibilités d'extension de cette expérience formatrice.

Une ouverture sur le monde universitaire

Devenue enseignante en histoire au Cégep de Rosemont en 2002, Ariane Poulin propose quelques années plus tard à Jacques Perreault une idée novatrice: accueillir des stagiaires finissants du programme Histoire et civilisation de son établissement. L'objectif est ambitieux: leur permettre d'intégrer leurs acquis théoriques dans un contexte pratique authentique tout en les mettant en contact avec des étudiants, des chargés de cours et des professeurs d’université.

C’est ainsi que, depuis 2012, la mission archéologique gréco-canadienne accueille des jeunes du Cégep de Rosemont. Et, depuis 2018, le stage à Argilos est aussi offert aux étudiants et étudiantes du programme Histoire et civilisation du Collège Lionel-Groulx ayant terminé leur première année de cours.

Enseignante responsable de ce programme au Collège Lionel-Groulx, Mylène Desautels supervise les groupes de son établissement lors de ces stages. Ils abordent cette expérience avec des bases solides, mais encore en développement. «On leur apprend comment on construit un savoir scientifique solide et validé, explique-t-elle. Si l’on peut connaître l’histoire antique, c'est parce que des archéologues ont travaillé en amont et de manière rigoureuse sur des sites de fouilles comme Argilos.»

Cette approche méthodologique, liée au cours de méthodologie du programme, explore la façon dont le savoir se construit par l'entremise de sources primaires, qu'il s'agisse de textes ou d'objets constituant la culture matérielle des civilisations étudiées.

Les stages initient au travail de recherche et au milieu universitaire. D’ailleurs, plusieurs participants décident de poursuivre leurs études à l'Université de Montréal après l’obtention de leur diplôme d’études collégiales. Cette transition est d'ailleurs facilitée au Cégep de Rosemont par une passerelle DEC-BAC qui permet de se voir créditer deux ou trois cours s’il y a inscription au baccalauréat ou à la majeure en histoire.

«Argilos offre de l'authenticité, du concret et c'est très formateur en ce qui a trait aux compétences à acquérir, soutient Ariane Poulin. D'ailleurs, si certains étudiants et étudiantes peinent parfois en cours d'année, plusieurs éclosent littéralement lorsqu'ils arrivent à Argilos.»

Cette observation souligne l'une des forces de l'apprentissage expérientiel: la capacité de révéler des potentiels que l'enseignement traditionnel en classe ne parvient pas toujours à faire émerger. Sur le site d'Argilos, les étudiantes et étudiants découvrent non seulement l'archéologie pratique, mais aussi leurs propres capacités d'adaptation, de travail en équipe et d'analyse critique.

Puis, au-delà de l'apprentissage disciplinaire, cette expérience forge des liens durables entre les participants.

«Le stage à Argilos permet aux jeunes de se connaître entre eux dans un contexte très différent de la salle de classe. Ces liens qu’ils créent ici deviennent un véritable point d'appui lorsqu'ils entrent à l'université. Ils ont déjà un réseau, des complices avec qui ils partagent leur passion et leur expérience!» concluent Ariane Poulin et Mylène Desautels.

L'expérience vécue par Lévis Châtillon, du Cégep de Rosemont

«Dès que j’ai appris l’existence des stages à Argilos, j’ai sauté sur l’occasion! Ce qui est marquant, c’est quand on fouille et qu’on trouve quelque chose du passé: tout le groupe se réunit pour voir ce que c’est, c’est super! L’archéologie, ça prend du physique et du mental, et j’aimerais poursuivre vers cette carrière-là; c’est pourquoi j’amorce cette année des études en études classiques et anthropologie à l’UdeM!»

Un stage inoubliable pour Eve Dupuis-Walloch, du Collège Lionel-Groulx

«C’est une expérience d’apprentissage et de socialisation exceptionnelle et je me la rappellerai toute ma vie. L’esprit d’équipe qui a prévalu tant avec mes colocs qu’avec les gens sur le chantier d’Argilos m’incite à aller étudier à l’UdeM.»

Étudiant au Collège Lionel-Groulx, Pierre-Luc Dutil a trouvé sa voie

«Venir à Argilos m’a permis de vivre mon premier voyage en Europe et de tester ce que je souhaite faire dans la vie, soit travailler en archéologie. Outre me réveiller à 6 h du matin, j’ai adoré piocher, trouver des artéfacts, faire des plans et des fiches, même sous le soleil. Et l’esprit d’équipe et les amitiés étaient formidables!»

Apprendre à prendre son temps pour Anthony Papineau, du Cégep de Rosemont

«En classe, on étudie l’histoire à travers les livres, mais la possibilité de toucher quelque chose de concret est ce qui m’a incité à venir à Argilos, de mettre les mains dans la terre et de contribuer ainsi à l’histoire. La fouille en équipe et les liens entre gens du collégial et de l’UdeM ont aussi été des éléments marquants du stage. J’ai surtout appris à prendre le temps, à faire attention aux choses qu’on trouve. J’ai l’intention de revenir en tant qu’étudiant au baccalauréat en histoire.»

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