Un plaidoyer pour des systèmes socioécologiques équitables, durables et sains

En 5 secondes Deux professeures de l’Université de Montréal sont derrière la conception et la rédaction d’un récent document d’envergure internationale sommant les décideurs de prioriser l’approche Une seule santé.
Cécile Aenishaenslin et Hélène Carabin

Cet été est paru le rapport de la Lancet One Health Commission, un groupe qui rassemble plus de 40 spécialistes à travers la planète pour faire le point sur l’évolution et la mise en œuvre de l’approche Une seule santé (One Health).

Ce document vise principalement à faire des recommandations pour s’attaquer à des défis sanitaires touchant les humains, les animaux, les végétaux et les écosystèmes: les changements climatiques, la résistance aux antibiotiques, les maladies non transmissibles, l’insécurité alimentaire, etc.

Adressé principalement aux décideurs politiques, le rapport est considéré comme un jalon mondial important pour l’approche Une seule santé, dans le contexte où viendront bientôt à échéance les objectifs de développement durable fixés par l’Organisation des Nations unies pour un avenir durable.

Parmi ces spécialistes se trouvent les professeures de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal Cécile Aenishaenslin et Hélène Carabin, qui ont agi respectivement à titre de conseillère scientifique et de commissaire.

 

Des recommandations claires

Rappelons-le, l’approche Une seule santé a pour objectif de briser les silos entre les disciplines. Elle part du constat que la santé humaine ne peut être dissociée de la santé animale ni de la santé des écosystèmes. «Et la pandémie de COVID-19 a montré de manière brutale à quel point les déséquilibres environnementaux et animaux peuvent nuire à la santé des écosystèmes», note Hélène Carabin, également professeure à l’École de santé publique de l’UdeM.

Le rapport préconise un changement de paradigme global, comparable à l’Accord de Paris sur le climat, où Une seule santé devient centrale dans les stratégies en matière de gouvernance, de santé, d’agriculture, de protection des environnements naturels, de commerce et d’éducation. 

Cela passe par exemple par l’adoption de systèmes économiques plus durables pour réduire les répercussions des activités humaines sur la planète, la mise en place d’une surveillance intégrée permettant de détecter précocement les risques émergents pour les humains, les animaux, les plantes et les écosystèmes et de suivre leur évolution ainsi que le financement accru des initiatives de recherche Une seule santé.

Miser sur la transmission des savoirs variés

Au-delà des politiques, l’éducation joue un rôle essentiel dans ce changement de mentalité, souligne Cécile Aenishaenslin. Le rapport insiste sur la nécessité de former les nouvelles générations au savoir-faire, mais aussi au savoir-être propres à Une seule santé.  

«À l’Université de Montréal, cette vision est déjà en marche, poursuit la chercheuse. Nous avons des programmes interdisciplinaires qui réunissent des équipes en sciences sociales, en santé publique, en médecine vétérinaire et en environnement. C’est également une façon de démocratiser l’approche, de renseigner le public sur cette question.» 

Selon la professeure, le rapport innove aussi en mettant de l’avant la reconnaissance de la pluralité des connaissances. Aux côtés du savoir scientifique sont aussi valorisées les connaissances expérientielles, citoyennes et autochtones. «On ne peut plus les contourner, il faut les placer au cœur des prises de décision», confirme Hélène Carabin. 

Du pain sur la planche, mais de l’optimisme

Devant les multiples défis à venir, les deux professeures oscillent entre prudence et espoir. À leurs yeux, si les résistances politiques et la désinformation freinent encore les avancées, des signes encourageants apparaissent. Ainsi, plusieurs pays ont déjà adopté des plans d’action Une seule santé, un accord international sur les pandémies incite désormais les gouvernements à institutionnaliser cette approche et les expertes sont de plus en plus sollicitées par les médias pour en parler. 

«C’est la première fois en 30 ans que je me permets d’être confiante», confie Hélène Carabin, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en épidémiologie et Une seule santé. 

Chez Cécile Aenishaenslin, l’engouement et la détermination sont présents: «À court terme, j’ai quelques réserves, mais sur le long terme, je suis convaincue qu’on ne pourra plus ignorer cette interconnexion entre santé humaine, santé animale et santé des écosystèmes», affirme-t-elle. 

Les chercheuses martèlent néanmoins le besoin criant de financement et de renfort professoral pour promouvoir l’approche et approfondir la recherche. Elles invitent d’ailleurs le grand public à donner à la grande campagne philanthropique L’heure est brave

À ne pas manquer

L’UdeM sera l’hôte du Lancement des Amériques du rapport de la Lancet One Health Commission, qui se tiendra le 14 novembre au campus de Brossard à l’occasion du symposium Une seule santé.

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