Parmi les activités qui seront au programme du Rassemblement Mitig de 2026 figure un atelier sur la relecture critique de l’histoire des Premiers Peuples à travers des documents d’époque. Afin de sélectionner les documents anciens qui seront numérisés pour l’activité, la Bibliothèque des livres rares et collections spéciales de l’Université de Montréal a réuni, le 22 octobre, Leticia Uashciau Bacon, coordonnatrice à la sécurisation culturelle, et Jonathan Abitbol, conseiller principal à l’engagement avec les Premiers Peuples, tous deux du Vice-rectorat au communautaire, à l’international et aux Premiers Peuples, et Jean-Louis Mukendi Ntumba, coordonnateur du Centre étudiant des Premiers Peuples des Services à la vie étudiante.
Revisiter l'histoire grâce aux documents d'époque
L’histoire et ses points de vue
L’équipe a examiné plusieurs documents en tous genres: gravures, traités de botanique, récits de voyages, cartes coloniales… La Bibliothèque des livres rares et collections spéciales compte quelques milliers de documents parlant des Premiers Peuples. Comme le remarque Jonathan Abitbol, l’information qu’ils renferment «va de représentations objectives de la réalité à celles teintées par les perspectives coloniales». Certaines gravures ont fait sourire, comme celles ayant été réalisées à partir de descriptions réinterprétées par des artistes européens n’ayant jamais vu leur sujet – l’une d’elles illustre des castors affamés grimpant aux arbres.
Tout n’est toutefois pas aussi erroné et le groupe a trouvé quelques pépites. Des gravures représentent fidèlement des Inuits dans leur quotidien et une autre montre une mère wendate et son enfant. Jean-Louis Mukendi Ntumba a parcouru un traité de botanique «où il y a des images de plantes qui ont été identifiées et utilisées par les Premiers Peuples il y a plusieurs centaines d’années. C’est intéressant de voir comment les choses ont évolué jusqu’à aujourd’hui».
L’apport culturel et scientifique des Premiers Peuples a donc été reconnu à un moment dans l’histoire, mais le lien a été brisé et l’origine des savoirs a été effacée avec le temps.
C’est une des raisons qui ont motivé Leticia Uashciau Bacon à participer au projet. «Les livres anciens nous permettent de voir comment l’histoire a été construite avant aujourd’hui. L’atelier sera l’occasion pour les étudiants et étudiantes autochtones de pouvoir reconstruire le narratif de leur histoire et pour la communauté étudiante en général de découvrir ce qui a été écrit par le passé pour raconter une version différente», dit-elle.
Mettre en valeur les savoirs autochtones
Cette démarche de réappropriation et de relecture critique de l’histoire n’est pas nouvelle à l’UdeM. L’an passé, le Centre étudiant des Premiers Peuples, en collaboration avec le Ciné-campus, a organisé une projection de Rougemania, un documentaire sur l’influence des Premiers Peuples sur la culture occidentale, qui «a permis de remettre les mots à leur place, de reconnaître l’origine de savoirs et d’éléments de la culture», se rappelle Jean-Louis Mukendi Ntumba.
Pour Leticia Uashciau Bacon et Jonathan Abitbol, l’atelier s’inscrit dans leur mandat, qui consiste à accompagner la communauté de l’Université de Montréal dans l’application du plan d’action Place aux Premiers Peuples 2024-2029, qui vise entre autres la mise en valeur des savoirs autochtones à l’UdeM.
D’où l’idée d’utiliser des copies de documents anciens de la Bibliothèque des livres rares et collections spéciales pour que les participants et participantes à l’atelier puissent concevoir de nouvelles façons d’aborder les sujets présentés de manière à atteindre un plus grand équilibre des savoirs. Le format de zine, habituellement utilisé pour véhiculer des messages militants ou d’expression de soi, est accessible et adaptable pour les artistes comme pour les néophytes.
Les documents retenus pour l’activité seront classés en deux catégories sur les conseils de Leticia Uashciau Bacon, dont le rôle principal est la sécurisation culturelle des étudiants et étudiantes autochtones: les documents au contenu plus difficile seront présentés à part afin de laisser le choix de s’y exposer ou non.
Rassemblement Mitig 2026
L’atelier aura lieu à l’occasion du Rassemblement Mitig 2026 sur le campus de la montagne. Le Rassemblement Mitig est un évènement visant à faire rayonner les perspectives et les savoirs autochtones. Des activités sont prévues durant l’année, particulièrement au mois de mars. La date, l’heure et les détails seront annoncés l’an prochain. D’ici là, pour manifester votre intérêt ou faire part de vos commentaires, questions et suggestions, vous pouvez écrire à la Direction de l’engagement et de l’innovation sociale aux bibliothèques.
Le Vice-rectorat au communautaire, à l’international et aux Premiers Peuples de l’UdeM intervient régulièrement pour accompagner les unités, départements et services dans la réalisation des objectifs de sa planification, dont le plan d‘action Place aux Premiers Peuples.
Le Centre étudiant des Premiers Peuples des Services à la vie étudiante de l’UdeM a pour mandat de contribuer à la reconnaissance, à l’épanouissement et à la réussite des membres de la communauté étudiante autochtone au sein de l’Université de Montréal.
Les Bibliothèques ont mis sur pied plusieurs projets visant le soutien et la valorisation des savoirs des Premiers Peuples. Elles travaillent également à être toujours plus inclusives pour les étudiantes et les étudiants issus des Premiers Peuples.