Une exposition à ciel ouvert met en lumière la créativité étudiante

Selon Nicole Languerand, directrice des Services à la vie étudiante, l’exposition incarne deux valeurs fondamentales: «une célébration de la diversité des talents de notre communauté étudiante» et «un tissage de liens avec le territoire et ses acteurs par la création d’expériences culturelles accessibles à toutes et à tous». 

Du côté de la SDC Côte-des-Neiges, cette démarche, qui a lieu pour une seconde année, s’inscrit dans une volonté de dynamiser le quartier. «On réalise des projets qui permettent de bonifier l'expérience de visite des gens qui passent par le territoire. On pense aux étudiants, naturellement, mais aussi aux résidants, aux travailleurs, aux commerçants et aux touristes», explique sa directrice générale, Félicia Balzano. 

Les œuvres exposées sont de Selena Amara, Langola Andrianarison, Vincent Billé, Alexandre Campeau-Vallée, Alice Calvet, Annie Cloutier, Miriam Diac, Yaxin Li, Jad-Tapha Yukitoshi Cisse Abdel Malek, William Pouliot, Kevin Sandeus et Michaël Vaillancourt. 

Sur la placette Côte-des-Neiges, deux œuvres photographiques plongent le public dans un univers aquatique aux teintes bleu profond. Dans l’une, une petite fille observe l’eau d’une piscine. Son auteur, Alexandre Campeau-Vallée, étudiant en histoire de l’art, y voit un dialogue intime entre sa vie personnelle et le quartier: «C'est dans cette rue qu'est née ma fille, qui figure sur la photo Hublot. En y revenant par la photographie, elle inscrit son histoire dans celle des milliers d'enfants qui traversent le quartier, mais dans un espace-temps bien à elle.» 

La seconde photo montre un étudiant évoluant dans un décor bleuté, comme un poisson dans l’eau. L’œuvre est un autoportrait, pensé comme une célébration de la fête, de la culture queer et de l’univers drag: «Je me suis mis à la drag récemment. C’était un beau moment pour célébrer la fête et l’univers queer, que j’aime beaucoup. Voir cette photo exposée ici, c'est très valorisant et motivant. Dans un monde où les choses se durcissent pour les personnes marginalisées, je trouve que c’est une belle visibilité, autant pour les étudiants que pour la ville de Montréal. Je suis très ému», relate Vincent Billé, étudiant de doctorat en sciences infirmières. 

Pour plusieurs étudiantes et étudiants, l’exposition publique représente une étape marquante dans leur parcours artistique. 

«Exposer dans un lieu que je traverse souvent est un privilège. Voir mon œuvre intégrée à cet environnement familier me rend fière, confie Langola Andrianarison, étudiante en informatique. Ce qui m’a motivée à participer au concours [interuniversitaire de photo], c’était le désir d’essayer quelque chose de nouveau et de communiquer ma vision à travers la photographie. La photographie a toujours été une passion, mais ce concours m’a permis de la vivre autrement, de manière plus engagée et partagée. Il m’a poussée à sortir de ma zone de confort, à réfléchir davantage à ce que je souhaite exprimer et à montrer mon travail au public. Cette expérience m’a apporté plus de confiance, m’a encouragée à continuer de créer et m’a donné une grande satisfaction personnelle.»   

Jad-Tapha Yukitoshi Cisse Abdel Malek, qui a étudié dans des programmes multidisciplinaires, parle de son côté d'un véritable tournant artistique: «Cette expérience m’a donné l’envie de m’engager plus sérieusement dans le dessin, de proposer mes services pour des affiches et de créer toujours davantage. Elle m’a aussi permis de gagner en confiance et de réaliser certains des projets dont je suis le plus fier aujourd’hui. Fort de cette assurance, j’ai exploré d’autres formes d’art, comme l’animation 2D ou la création de teeshirts, et je consacre désormais la majeure partie de mon temps à ces projets, avec l’espoir d’en faire un jour mon métier.» 

Avec Hors campus, l’Université de Montréal et la SDC Côte-des-Neiges offrent une fenêtre inspirante sur la créativité étudiante francophone. Le parcours, accessible librement en tout temps, de jour comme de nuit car les œuvres sont rétroéclairées, invite à ralentir, à s’arrêter et à contempler, au fil de la promenade, des fragments d’univers personnels qui se mêlent à celui du quartier. Une belle manière de mettre l’art à la portée de tous, au cœur même de la vie urbaine.