Dans le domaine du sport, bloquer un tir est source de satisfaction pour les gardiens qui effectuent des arrêts, mais c’est autre chose pour un gestionnaire qui perçoit un blocage… dans l’atteinte de ses objectifs organisationnels: cette perception peut le mener à adopter des comportements abusifs.
Depuis plus d’une décennie, le concept du «blocage des buts» fait l'objet de théories portant sur le leadership destructeur. Or, bien qu’il occupe une place centrale dans la littérature scientifique, personne n'avait encore pris la peine de le définir précisément ni de valider sa mesure.
C'est ce qu'a réalisé Vincent Roberge, doctorant en psychologie du travail, sous la direction du professeur Jean-Sébastien Boudrias, du Département de psychologie de l'Université de Montréal.
Deux sources distinctes de blocage
Selon Vincent Roberge, le blocage des buts se définit comme la perception qu'ont les gestionnaires que quelque chose les empêche d'atteindre leurs objectifs de leadership.
«On ne parle pas ici de buts personnels comme obtenir une promotion ou une augmentation de salaire, mais bien d’objectifs de dynamique de leadership, par exemple viser l'atteinte de cibles de vente, chercher à mobiliser plus efficacement son équipe ou à influencer positivement ses employés», précise-t-il.
Ses travaux révèlent que le blocage des buts peut provenir de deux sources distinctes. D'abord, le blocage par les subordonnés, lorsque le gestionnaire perçoit que ce sont ses employés qui entravent l'atteinte de ses objectifs. Ensuite, le blocage par l'organisation, lorsque c'est l'entreprise elle-même qui semble faire obstacle à ses ambitions de leadership.
Cette distinction permet de mieux comprendre les conséquences du blocage. Un gestionnaire qui se sent bloqué par son équipe pourrait réagir différemment de celui qui perçoit que c'est l'organisation qui l'empêche d'avancer.