Clara Lerebours: un exemple de persévérance et de détermination!

En 5 secondes À la naissance, Clara Lerebours avait une espérance de vie de 18 ans. Aujourd’hui âgée de 37 ans et mère de trois enfants, l’étudiante de l'UdeM atteinte d'anémie falciforme a déjoué les pronostics.
Clara Lerebours

Selon la littérature médicale, Clara Lerebours ne pouvait guère espérer vivre au-delà de 18 ans et, si elle dépassait cet âge, il serait très risqué pour elle d’avoir des enfants. Aujourd'hui âgée de 37 ans, mère de trois enfants et étudiante à l'Université de Montréal, elle prouve que les pronostics ne sont pas une fatalité.  

Clara Lerebours est atteinte d'anémie falciforme, une maladie génétique qui freine l'apport en oxygène vers les différents organes du corps.   

Si le diagnostic a été posé dès la naissance, elle a vécu sa première crise de douleur à l'âge de 7 ans. C'était le début d'un long parcours fait d'hospitalisations et de défis quotidiens. Entourée de ses parents, de sa sœur et de son frère à Montréal, elle a grandi dans un environnement aimant empreint de foi, mais sa scolarité au primaire et au secondaire a été bouleversée par son état de santé.  

«Surtout au secondaire, à l'adolescence, j'ai un peu refusé la maladie, je ne prenais pas toujours mes médicaments, je voulais être et faire comme les autres, mais c'était plus difficile», confie-t-elle. Les crises de douleur interrompaient régulièrement son parcours scolaire, alors elle a fait partie du programme transfusionnel, mais il a dû être interrompu parce que son corps fabriquait trop d'anticorps.    

Elle se souvient d'avoir «célébré» l’un de ses anniversaires au CHU Sainte-Justine, où une de ses enseignantes du primaire était venue la visiter. Ses séjours à l'hôpital variaient selon l'intensité des crises, le plus long ayant duré une semaine.  

En dehors de l’éducation physique, où elle atteignait tout juste la note de passage en raison des limites physiques que lui imposait sa maladie, la fillette réussissait très bien dans les autres matières. Les hospitalisations l'obligeaient à multiplier les séances de récupération, mais elle n'a jamais doublé une année. 

 

L'épanouissement à Ottawa

En vieillissant, Clara Lerebours a mieux compris son problème médical et elle a décidé de prendre sa santé en main. Après une brève session en technique juridique au Collège Ahuntsic, elle a exploré sa passion pour la musique et le chant, puis s’est dirigée vers Ottawa, d'abord à la Cité collégiale en arts et sciences. «Ce fut une bonne décision d'aller à Ottawa, ça m’a aidée à avoir une meilleure hygiène de vie, je prenais mes médicaments comme il fallait et je revenais les fins de semaine à Montréal chez mes parents pour mes suivis médicaux réguliers au CHUM», raconte-t-elle.  

Après avoir obtenu son diplôme d’études collégiales grâce à des résultats exceptionnels, l’étudiante a réalisé un rêve qu’elle caressait depuis qu’elle était jeune: étudier à l'Université d'Ottawa.

 

Un baccalauréat exigeant

Clara Lerebours avait d'abord songé à devenir avocate, mais elle a décidé de s’orienter en sciences de la santé afin d’en apprendre plus sur sa maladie et sur la santé en général. Elle souhaitait aussi produire des articles de recherche et des vidéos pour parler de l'anémie falciforme, «une maladie peu connue du public en général», indique-t-elle.  

Sa première année universitaire à Ottawa a été difficile, le programme étant comparable à des études préparatoires en médecine. Un jour, elle devait passer un examen d’anatomie et physiologie en compagnie de 600 étudiants et étudiantes dans le complexe sportif de l’Université. «J’étais très stressée et j’ai eu une crise de douleur sur place», relate-t-elle.   

Le stress ne fait pas bon ménage avec l’anémie falciforme, qui provoque la contraction des vaisseaux sanguins, ce qui entraîne douleurs et essoufflements. Elle a demandé un accommodement, et l'Université lui a permis de passer ses examens dans une salle à part, en toute tranquillité pour le reste de son baccalauréat, qu’elle a obtenu en 2016. 

Un retour aux études à l'UdeM 

Après avoir donné naissance à sa première fille en 2018, Clara Lerebours a fait un retour aux études à l'Université de Montréal pour amorcer un certificat en petite enfance et famille à la Faculté de l'éducation permanente (aujourd’hui la Faculté de l’apprentissage continu) tout en étant enceinte de son deuxième enfant.  

«Je voulais améliorer mes connaissances et les appliquer à mes enfants, je voulais en apprendre davantage sur le développement des enfants», dit-elle. Ce certificat en ligne, terminé entre 2019 et 2021, était parfait pour les gens qui, comme elle, travaillent tout en ayant une famille.  

Entre 2021 et 2023, Clara Lerebours a terminé un deuxième certificat, cette fois en santé publique à l'École de santé publique de l'UdeM. Le domaine de la santé l'a toujours intéressée, et elle voulait parler de sa maladie et faire de la recherche. Elle a d'ailleurs été brièvement assistante de recherche au CHU Sainte-Justine, après avoir travaillé pendant trois ans comme assistante technique à Héma-Québec.  

Après deux ans de pause, Clara Lerebours est maintenant inscrite au certificat en gestion des services de santé et des services sociaux. Agente de formation du personnel au sein de la fonction publique fédérale, elle souhaite que son certificat lui ouvre aussi des portes dans le système de santé.

 

Une organisation bien rodée  

Avec une fille de sept ans, un fils de six ans et une fille d'un an et quatre mois, la conciliation études, travail et famille requiert une organisation rigoureuse. «J’ai la chance d’être très bien entourée, avec mon conjoint et mes parents!» assure-t-elle.  

«La pandémie de COVID-19 a rendu mes études plus faciles, puisque je peux suivre les cours à mon rythme, poursuit-elle. Je planifie tout méticuleusement dans mes agendas, avec tous les plans de cours et les échéances.» De plus, elle a développé sa méthode: elle étudie par blocs de trois heures, prépare ses notes pour réviser, puis après un examen, elle se consacre complètement à sa famille. 

 

Défier les pronostics  

Grâce aux innovations médicales et aux médicaments, mais surtout grâce à l'accompagnement du CHUM, Clara Lerebours mène une vie bien remplie.  

Elle garde un souvenir particulier du Dr Denis Soulières, aujourd'hui retraité, qui l'a suivie dès l'âge de 18 ans. De son propre aveu, le passage du CHU Sainte-Justine au CHUM à sa majorité a été difficile, mais elle a reçu «un excellent soutien du Dr Soulières». Elle pense aussi aux infirmières et au personnel qui l’ont accompagnée au fil des ans.  

Elle est devenue patiente partenaire du CHUM pour parler de sa maladie lors d'évènements ou dans les médias. Elle participe également aux actions de communication de l'Association d'anémie falciforme du Québec «parce qu’il faut continuer à faire mieux connaître la maladie auprès du public».  

Aussi encourage-t-elle les étudiants et étudiantes dans des conditions similaires à garder espoir et à faire preuve de détermination.  

«Malgré les défis, c’est en se fixant un objectif qu’on parvient à l’atteindre et, avec le bon soutien et le bon environnement, c'est toujours possible», conclut Clara Lerebours.

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