Marc-André Franche: son combat pour la paix!

Lors de son mandat au Pakistan, Marc-André Franche a travaillé avec les autorités
pour permettre le retour des populations déplacées, l’organisation des élections et la réforme du code électoral, en plus d’avoir participé à un vaste programme d’adaptation aux changements climatiques.

Lors de son mandat au Pakistan, Marc-André Franche a travaillé avec les autorités pour permettre le retour des populations déplacées, l’organisation des élections et la réforme du code électoral, en plus d’avoir participé à un vaste programme d’adaptation aux changements climatiques.

Crédit : Photo fournie par M. Franche

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Le diplômé de l’UdeM dirige le Fonds pour la consolidation de la paix aux Nations unies, à New York.

Enfant, Marc-André Franche partait avec son frère Martin de la résidence familiale de Pointe-Claire, dans l’ouest de Montréal, pour se rendre à l’aéroport de Dorval, où ils regardaient les avions décoller en rêvant de voyager. «On observait le grand panneau des départs et on imaginait à quoi pouvaient ressembler toutes ces destinations inconnues.»

Aujourd’hui, à l’ONU, il relève directement du sous-secrétaire général pour la consolidation de la paix au siège de l’Organisation, après avoir parcouru la Bolivie, la Colombie, Haïti et le Pakistan. À New York comme à l’étranger, le Québécois s’est engagé en faveur de la prévention, de la résolution et de la résorption des crises. «Je préfère faire partie d’une équipe sur le terrain, mais le travail d’accompagnement auprès des pays partenaires, depuis le quartier général des Nations unies, est une autre façon de rester ancré dans la réalité», affirme le diplômé en science politique de l’Université de Montréal.

«Le Fonds pour la consolidation de la paix investit près de 100 M$ par année dans plus de 35 pays en situation de crise ou de vulnérabilité. Notre mission est de soutenir des solutions politiques souvent très risquées et de fournir des incitatifs pour la paix en lançant des processus et en invitant d’autres partenaires à les appuyer», résume M. Franche. Cette année, le Fonds a contribué à lutter contre la radicalisation et à résoudre des conflits locaux à la frontière du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Il a accompagné la réintégration sociale et politique des ex-guérillas en Colombie et assuré le retour des services de base de l’État à Bambari, en Centrafrique.

À 42 ans, l’homme aux yeux noisette, plus habitué à être dans le feu de l’action que dans un bureau, a encore le sentiment d’être au bon endroit au bon moment. Malgré son horaire chargé, Marc-André Franche a trouvé le temps de nous parler de son odyssée internationale. 

Du terrain au siège de l’ONU

Il y a 20 ans, il ne se serait certainement pas vu à la tête du bureau d’un organisme à vocation internationale comme les Nations unies. «Bien que j’aie été fortement inspiré par mes parents, c’est pendant mes années à l’Université de Montréal que je me suis décidé à aller vers le développement international.»

Il faut dire que M. Franche a une feuille de route impressionnante: après sa formation à l’UdeM (1996), il a obtenu un diplôme d’études supérieures en politique européenne du développement international de l’Université de Lund, en Suède. En 1998, il dépose un second mémoire de maîtrise axé cette fois sur l’économie politique du développement en Amérique latine à la London School of Economics. Il n’a que 24 ans!

Avant d’accéder, en août 2016, à la direction du Fonds pour la consolidation de la paix, il a trimé dur. Rejetant des offres de firmes londoniennes de consultation, il part le 1er octobre 1998 pour un stage non rémunéré en Bolivie. «J’étais censé y séjourner six mois, mais finalement j’y suis resté plus de trois ans.»

Il participera notamment à l’organisation du premier dialogue national de lutte contre la pauvreté. «J’étais là dans un moment important pour le pays. J’en suis très fier», mentionne cet adepte d’escalade qui a grimpé tous les grands sommets de la Bolivie. Besoin d’adrénaline oblige!

S’armer d’humilité

En 2001, il part en Colombie, où il contribuera à réduire la violence et à mettre fin au plus long conflit armé des Amériques. Un travail qui inspirera le processus de paix. «L’exemple de la Colombie démontre que ce qui était impossible il y a quelques années est maintenant envisageable.»

Il devient en 2008 directeur adjoint du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Haïti, où il facilitera l’expansion du programme d’appui et de reconstruction des quartiers et des institutions, particulièrement à la suite du tremblement de terre. Il se souviendra toujours du 12 janvier 2010, jour où un séisme majeur a fait trembler Port-au-Prince. Le bâtiment de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti s’effondre. Sa conjointe, Alexandra Duguay, ainsi que 102 de ses collègues et plus de 250 000 personnes périssent. «Ce fut un moment extrêmement difficile. On m’a conseillé d’aller travailler ailleurs, mais y retourner pour aider le pays alors qu’il en avait le plus besoin était, pour moi, la seule manière alors d’honorer la mémoire d’Alex et de tous ceux qui étaient morts.» 

Au Pakistan, il assume les fonctions de directeur du PNUD pendant quatre années. «J’ai beaucoup appris de cet extraordinaire pays. Il faut s’armer d’humilité et comprendre pour avoir la chance de changer un peu les choses», confie-t-il.

Les défis à New York

Au moment de l’entrevue avec Les diplômés, l’amateur de plein air se préparait en vue du marathon de New York. Il revenait cet été d’une longue expédition en Ouzbékistan et dans le Pamir au Tadjikistan. «Il est comme ça, Marc- André. Il carbure aux défis! Lorsqu’est venu le temps pour lui d’obtenir son premier poste de directeur du PNUD dans un pays, après avoir vécu difficilement le terrible séisme en Haïti, ses patrons lui ont proposé un endroit tranquille. Eh bien, il a refusé. Il avait peur de s’ennuyer», raconte Simon Trépanier, un ami de longue date qui travaille pour Oxfam International en Palestine. Le sentiment d’admiration qui l’habite remonte à leurs études à l’UdeM. «Nous faisions partie du comité de la simulation des Nations unies. Lui, il était aussi membre de l’association étudiante du Département de science politique. C’était au moment du référendum. Marc-André était de tous les combats et travaillait toujours avec acharnement. Je ne serais pas surpris qu’il ait dormi dans le local de l’association… Je me suis toujours demandé où il trouvait le temps d’étudier.» 

Personnage charismatique, surnommé la Poune par ses amis de l’époque – «parce qu’il aime son public et que son public l’aime» –, Marc-André Franche a «un sens de l’humour et une capacité d’autodérision qui décoiffent, une très grande intelligence cognitive. On ne s’ennuie pas avec lui. C’est un as de la socialisation et une personne très attachante. Il prend un taxi dont le chauffeur n’est pas d’humeur à converser et il en sort avec son numéro de téléphone personnel et une invitation à rencontrer sa famille!» signale M. Trépanier.

Actuellement, le Fonds pour la consolidation de la paix vit une période importante ainsi que les Nations unies quant à leur pertinence et à leur influence dans ce monde toujours plus complexe et dont les composantes sont de plus en plus interdépendantes. Il s’agit d’investir et de soutenir en amont, avant que les conflits s’aggravent. «C’est une responsabilité morale, car nous sauvons des vies, mais c’est aussi une responsabilité économique, car cela coûte beaucoup moins cher de prévenir les crises que d’y répondre.»

Réussira-t-il à conscientiser davantage les États membres et les donateurs à l’importance d’allouer plus de fonds à la consolidation de la paix et à la prévention? Parviendra-t-il à instaurer une culture de prévention? «Marc-André n’est pas du genre à s’asseoir sur ses lauriers et il n’a pas peur d’enfoncer des portes, de montrer le chemin et de dire les choses telles qu’elles sont mais avec diplomatie, indique Simon Trépanier. Si quelqu’un peut mener à bien les dossiers impressionnants liés au Fonds, c’est bien lui. Vous n’avez pas idée jusqu’où il peut aller!»   

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