Coup d'oeil sur les pratiques de coopération internationale

Projet de coopération en Bolivie

Projet de coopération en Bolivie

Crédit : Photo de courtoisie

En 5 secondes

À l'occasion de la Journée internationale de la solidarité humaine, le 20 décembre, pleins feux sur le devenir de la coopération internationale à travers le parcours du chargé de cours Paul Cliche.

Paul Cliche

Paul Cliche, enseignant à la Faculté de l’éducation permanente et consultant pour l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)

Crédit : Photo de courtoisie

Paul Cliche est enseignant à la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal et consultant pour l’Association québécoise des organismes de coopération internationale. Après avoir longuement étudié les thématiques de développement et d’éducation auprès de multiples communautés, groupes activistes et populations autochtones autour du monde, il propose une vision de la solidarité humaine fondée sur l’écoute, la collaboration et l’émancipation.

Un processus foncièrement collaboratif

Selon Paul Cliche, la solidarité a permis la survie de notre espèce. «Sans coopération, notre espèce se serait éteinte», souligne-t-il. C’est la pensée du pédagogue brésilien Paulo Freire qui inspire sa réflexion: «Personne ne libère autrui, personne ne se libère seul, on se libère ensemble.» C’est cette définition que Paul Cliche aimerait donner de la coopération. «Nous n’allons pas sauver les gens avec qui nous travaillons. Ces personnes s’organisent et luttent pour améliorer elles-mêmes leur situation et faire entendre leurs voix, avec notre aide», dit-il. La perspective solidaire en coopération internationale s’inspire d’ailleurs des valeurs de justice sociale visant à construire ensemble un monde plus équitable et durable. 

En ce qui concerne la création de connaissances, Paul Cliche mise sur les méthodes collaboratives. En Bolivie par exemple, des communautés paysannes de l’Altiplano travaillent de concert avec les universités, dont les activités de recherche répondent à des besoins définis par ces mêmes groupes. Ces méthodes permettent de considérer toutes les parties prenantes et de les accompagner vers leurs objectifs tout en faisant preuve d’humilité pour ainsi favoriser des collaborations concluantes. 

Vers des pratiques émancipatrices

Dans ses travaux, Paul Cliche adopte une perspective émancipatrice, libératrice et décoloniale. Or, le système de coopération que nous connaissons est marqué par une poignée de pays distribuant des fonds notamment pour la recherche et l’intervention dans le cadre de programmes de développement. Ces programmes ne seraient pas nécessairement adaptés aux communautés qu’ils visent, soulève Paul Cliche. «Les moyens de production et de diffusion des savoirs sont concentrés entre très peu de mains», avance d’ailleurs le chercheur. 

La perspective solidaire demande selon lui d’écouter les collectivités avec lesquelles sont menées des initiatives de coopération pour comprendre à quoi elles aspirent. Il n'y aurait, en réalité, pas qu’une seule façon de vivre ni une seule façon de faire de la recherche ou de réaliser des projets, et c’est ce que les parties engagées dans de tels projets devraient considérer pour parvenir à une collaboration juste et équitable.

«Selon les paradigmes autochtones, il importe de voir le monde en termes d’équilibre et d’harmonie plutôt qu’en termes de croissance et d’accumulation», mentionne Paul Cliche. Cette vision qu'il retient de ses engagements en Équateur propose de rebalancer les rapports de force existants en consolidant le pouvoir d’agir des organisations des pays dits du Sud et en leur donnant l’occasion de systématiser et de partager leurs expériences, leurs valeurs et leurs projets de société.

Une véritable perspective solidaire devrait d’ailleurs permettre d’établir des rapports sociaux qui soutiendraient l’atteinte de tous les objectifs de développement durable. Pour Paul Cliche, ce sont les groupes qu’on appuie qui devraient exiger le droit à leur propre développement, voire à leurs propres modèles de société, selon leurs visions et critères. Fait non négligeable: ces groupes représentent la majorité de la population mondiale.