Évaluer les défis des diplômés au début de leur vie professionnelle

  • Forum
  • Le 26 août 2019

  • Martin LaSalle
Le passage des études au marché du travail constitue une étape qui comporte son lot de stress susceptible d’affecter la santé mentale des diplômés.

Le passage des études au marché du travail constitue une étape qui comporte son lot de stress susceptible d’affecter la santé mentale des diplômés.

Crédit : Getty

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Un projet de recherche mené par Laurence Dumont vise à mieux prédire comment les jeunes professionnels vont s’adapter à leur milieu de travail après leurs études universitaires.

Le passage des études au marché du travail constitue une étape qui comporte son lot de stress susceptible d’affecter la santé mentale des diplômés.

Parce que cette période d’adaptation n’est que très peu abordée dans la littérature scientifique, la postdoctorante Laurence Dumont a amorcé une recherche afin de faire le pont entre ce que l’on connaît de la santé mentale étudiante et celle des travailleurs. Son objectif: mieux prédire comment les jeunes professionnels vont s’adapter au marché de l’emploi et leur offrir des moyens d’y arriver.

«Dans les dernières années, la communauté universitaire a cherché à mieux comprendre les composantes de la santé mentale des étudiants et étudiantes, et les projets de recherche et les campagnes de sensibilisation sur la santé mentale se sont multipliés, explique Mme Dumont. Mais une fois le parcours universitaire terminé, l’arrivée sur le marché du travail n’est pas nécessairement rose: les changements qu’elle implique peuvent agir comme un stresseur supplémentaire et rendre plus difficile l’adaptation à la vie professionnelle.»

Depuis le printemps dernier, Mme Dumont s’affaire donc à sonder des diplômés quant à l’évolution de leur parcours, avec l’aide de Rebecca Cernik, étudiante à la maîtrise en psychiatrie, et sous la supervision de la professeure Sonia Lupien, du Département de psychiatrie et d'addictologie de l’Université de Montréal.

Un suivi sur deux ans

Rebecca Cernik et Laurence Dumont

Crédit : Audrey-Ann Journault

Dans le projet de recherche de Laurence Dumont, l’équipe suit les diplômés sur une période de deux ans après leur entrée sur le marché du travail.

«Nous communiquons avec eux à la fin de leur programme d’études afin de recueillir deux types d’échantillons biologiques, puis nous mesurons plusieurs caractéristiques psychologiques», indique la postdoctorante.

Les chercheuses prennent d’abord une petite mèche de cheveux des personnes participantes afin de mesurer le cortisol ‒ une hormone du stress ‒ qui s’y est logé dans les derniers mois. Elles prélèvent ensuite une série d’échantillons de leur salive lors d’une journée de travail et au cours d’une journée de congé pour évaluer la fluctuation des hormones du stress.

Ces mesures biologiques sont effectuées de nouveau 12 et 24 mois plus tard afin de suivre leur évolution dans le temps.

Pour tenter de soutenir les diplômés dans leur transition vers le marché de l’emploi, Laurence Dumont soumet la moitié de ses participants à un programme d’intervention en gestion du stress. Nommé Stress et compagnie, ce programme en ligne comporte cinq modules.

Il présente aux diplômés des connaissances scientifiques sur le sujet tout en intégrant des exercices pratiques et des moyens adaptés pour réagir au stress en milieu de travail.

«Stress et compagnie a été validé auprès de travailleurs dans le domaine de la santé et il est utilisé dans différents milieux de travail depuis quelques années, mentionne Mme Dumont. Dans le cadre de ce projet, nous mesurerons l’efficacité du programme chez les nouveaux diplômés dans la gestion et la diminution de leur stress.»

S’il s’avère efficace, le programme pourrait être implanté dans les universités intéressées.

À la recherche de participants

Si elles ont pu recruter une première cohorte de finissants et finissantes ce printemps, Laurence Dumont et Rebecca Cernik sont maintenant à la recherche de participants qui termineront leurs études à la fin de la session d’automne 2019 ou d’hiver 2020.

Elles collaborent d’ailleurs avec plusieurs programmes d’études et administrations universitaires au sein d’autres établissements montréalais.

«Les participants nous permettront de mettre au jour les caractéristiques et les expériences des étudiants afin de mieux prédire leur adaptation psychologique au marché du travail et, ultimement, de mieux cibler les interventions: nous espérons que notre projet permettra d’aider concrètement les jeunes professionnels», conclut Laurence Dumont.

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