Bien vieillir au Québec: quels enjeux et quelles solutions?

Quels sont les enjeux sur lesquels il serait possible d’agir collectivement afin de favoriser le bien-vieillir? Ce sera le sujet de la conférence gratuite organisée par la Faculté des arts et des sciences le 13 mars au pavillon 3200, rue Jean-Brillant.

Quels sont les enjeux sur lesquels il serait possible d’agir collectivement afin de favoriser le bien-vieillir? Ce sera le sujet de la conférence gratuite organisée par la Faculté des arts et des sciences le 13 mars au pavillon 3200, rue Jean-Brillant.

Crédit : Getty

En 5 secondes

La communauté universitaire est invitée à assister à une conférence sur le thème «Bien vieillir» le 13 mars, organisée par la Faculté des arts et des sciences.

En 2021, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus au Québec a dépassé celui des 0 à 19 ans et elles représentaient 21 % de la population. Cette tendance se poursuivra d’ailleurs à la hausse: selon Statistique Canada, leur proportion au sein de la population québécoise atteindra 26 % en 2041. 

Mais quelles sont les conséquences de ce vieillissement démographique sur les aînés eux-mêmes? Au-delà des représentations souvent négatives associées aux gens d’un âge avancé, qu’en est-il vraiment des conditions de vieillissement? Quels sont les enjeux sur lesquels il serait possible d’agir collectivement afin de favoriser le bien-vieillir? 

Les professeures Sylvie Belleville, Line Grenier, Maryse Soulières et Véronique Hivon dialogueront sur le sujet à l’occasion d’une conférence gratuite qui se tiendra le 13 mars à 17 h à l’amphithéâtre B-2285 du pavillon 3200, rue Jean-Brillant. 

Organisée par la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, l’activité sera animée par Chantal Srivastava, journaliste à l'émission d'actualité et de vulgarisation scientifiques Les années-lumière, diffusée sur ICI Radio-Canada Première. 

Les quatre panélistes esquisseront les principaux enjeux liés au vieillissement à travers le spectre de leurs expertises respectives pour en dégager des pistes de solution et, ensuite, échanger avec le public. 

Voici un aperçu du contenu des échanges.

Une pluralité de vieillissements

Sylvie Belleville, Line Grenier, Véronique Hivon et Maryse Soulières

Sylvie Belleville, Line Grenier, Véronique Hivon et Maryse Soulières

Crédit : Faculté des arts et des sciences

Professeure au Département de communication de l’UdeM, Line Grenier souligne qu’il existe une conception standardisée et uniforme du vieillissement. Aussi parle-t-elle «des vieillissements», puisqu’ils sont hétérogènes tant sur le plan individuel que sur le plan collectif. 

«Chaque personne vit dans une ou plusieurs langues, participe de différentes cultures et habite un quartier, fait-elle remarquer. Plusieurs facteurs qui ne relèvent pas tous uniquement de décisions individuelles colorent comment et dans quel contexte on vieillit: il faut réfléchir sur les différentes manières de vieillir, qui dépendent d’appartenances diverses.» 

Line Grenier déplore d’ailleurs que les représentations sociales véhiculées sur le vieillissement soient souvent négatives ou associées au déclin. «Il ne faut pas nier qu’il y a des personnes âgées qui sont dans le besoin, qui sont seules ou malades ou dépendantes, mais il y a aussi beaucoup de gens avancés en âge qui continuent d’avoir des projets et des aspirations», ajoute-t-elle. 

Aussi propose-t-elle que les pouvoirs publics reconnaissent et valorisent davantage la diversité des vieillissements, sans les cloisonner dans un groupe d’âge particulier.

Pour des politiques publiques plus adaptées

À cet égard, la professeure invitée du Département de science politique de l’UdeM Véronique Hivon soulève deux questions fondamentales touchant aux politiques publiques: «Tenons-nous compte de ce que les aînés souhaitent vraiment ou imposons-nous comme société une certaine idée du bien-vieillir? Et y a-t-il adéquation entre ce que les gens âgés veulent, ce qu’ils vivent et priorisent et ce que les gouvernements mettent de l’avant pour tenter de répondre à leurs besoins?» demande-t-elle. 

Ayant piloté le projet qui allait devenir la Loi concernant les soins de fin de vie, Véronique Hivon estime, elle aussi, que la valorisation des personnes âgées – par leur participation citoyenne et leur contribution à la société – constitue un autre enjeu dont devraient tenir compte les politiques publiques. 

«Il faut remettre en question le paternalisme trop souvent exercé à l’endroit des aînés, se pencher sur l’isolement social et la solitude dont ils sont trop souvent victimes et revoir les approches de soins très centrées sur l’hôpital et les autres établissements de soins plutôt que sur le domicile», juge l’ex-ministre.

La santé cognitive au cœur de la santé affective

Le maintien de la santé cognitive et de la santé affective des aînés est aussi un enjeu d’importance qu’abordera Sylvie Belleville, professeure au Département de psychologie. 

«C’est un enjeu dont il faut se préoccuper d’abord parce que la santé cognitive est l’une des principales priorités pour les personnes âgées elles-mêmes, mais paradoxalement, cet aspect est le moins souvent pris en charge par un professionnel de la santé», fait-elle remarquer. 

De façon corollaire, l’isolement social augmente généralement avec l’âge. «Au Québec, 28 % des gens de plus de 65 ans vivent seuls et, bien que 90 % se disent plutôt satisfaits de leur vie sociale, 12 % se sentent mis à l’écart, poursuit Sylvie Belleville. Or, la santé cognitive est intimement liée aux liens sociaux et à la santé affective qu’ils procurent.» 

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroscience cognitive du vieillissement et plasticité cérébrale, la professeure parlera des différents facteurs de risque modifiables et des types d’interventions préventives susceptibles de permettre aux aînés de maintenir une santé cognitive optimale.

Parce que tous n’ont pas les mêmes chances…

Les travaux de Maryse Soulières portent sur les personnes âgées en situation de vulnérabilité, notamment en lien avec les situations de maltraitance, les troubles neurocognitifs majeurs (alzheimer ou autres) et les centres d’hébergement et de soins de longue durée.  

«Ce sont là des enjeux sociaux d’importance, car les chances de “bien vieillir”, au sens où on l’entend généralement, ne sont pas réparties de façon égale au sein de la population, observe la professeure adjointe de l’École de travail social de l’UdeM. Et quand la maladie ou des difficultés de tous ordres frappent, est-ce encore possible de “bien vieillir”?» 

S‘étant intéressée, comme travailleuse sociale puis comme chercheuse, à la perspective des aînés vulnérables dont la parole est trop peu entendue, Maryse Soulières invite à s’éloigner des visions dichotomiques d’un vieillissement «réussi/échoué». Aussi abordera-t-elle les moyens et ressources que la société pourrait se donner afin de permettre à tous et toutes de bien vieillir, peu importe leur trajectoire de vie.

AIDE-MÉMOIRE

  • Quoi? Conférence «Bien vieillir» 
  • Quand? Le 13 mars de 17 h à 18 h 30 
  • Où? Amphithéâtre B-2285, pavillon 3200, rue Jean-Brillant, Université de Montréal 
  • Entrée libre

À noter que l’activité aura lieu en présentiel; l’enregistrement vidéo sera disponible dans les jours qui suivront.  

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