Football des Carabins: ça sent la coupe!

En 5 secondes

L’équipe de football des Carabins de l’UdeM tentera de remporter sa deuxième coupe Vanier le 23 novembre. Rencontre avec des joueurs et un entraîneur à la veille de la dernière partie de la saison.

À quelques jours de la finale de la 55e Coupe Vanier, rencontre avec cinq joueurs de l’équipe de football des Carabins et l’un de leurs entraîneurs. Pour plusieurs, ce sera leur dernier match en tant que Carabins, étant rendus à la fin de leur parcours. Certains souhaitent faire carrière dans le football professionnel; c’est le cas du demi défensif Marc-Antoine Dequoy et du receveur Kevin Kaya. D’autres, comme Frédéric Paquette-Perrault et Alexandre Hardy, savent que leur carrière d’athlète se terminera lorsqu’ils quitteront les Carabins. Ils ont néanmoins un seul et même objectif en tête depuis leur première année comme étudiants-athlètes. 

Le receveur Kevin Kaya, étudiant au certificat en études individualisées

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Kevin, en tant que Français, comment êtes-vous tombé dans le football?

Kevin Kaya: En écoutant le Super Bowl! Je me suis inscrit dans le club de ma ville, puis j’ai été recruté, en compagnie d’autres joueurs français, par l’équipe du Cégep de Thetford [Mines]. Mais c’est à l’Université de Montréal que je voulais jouer parce que c’est ici que sont les meilleurs receveurs au pays. 

Après sept années passées au Québec, qu’est-ce que vous appréciez le plus? 

[Ses camarades chuchotent «La poutine» de manière peu discrète.] 
Kevin Kaya: Bon, c’est vrai que la poutine, j’en mange beaucoup…

Le quart-arrière Frédéric Paquette-Perrault, étudiant en analyse d'affaires à HEC Montréal

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Frédéric, vous, vous ne venez pas d'un autre pays, mais d’une autre université…

Frédéric Paquette-Perrault: Oui, j’ai joué pour l’équipe de l’Université McGill pendant deux ans avant de prendre la décision d’arrêter de jouer au football. Je me suis concentré sur mes études en terminant 39 crédits en un an. Je ne prévoyais pas rejouer. Mais lorsque les Carabins m’ont sollicité, j’ai décidé de me donner une chance. 

Quelle différence observez-vous entre le football à l’Université McGill et celui à l’UdeM? 

Frédéric Paquette-Perrault: L’esprit de famille. On est tous extrêmement proches. Et il y a beaucoup de bons leaders dans l’équipe, alors je me suis immédiatement senti à ma place. 

Gabriel Cousineau: Cet esprit de famille a toujours été l’une des caractéristiques des Carabins. Chaque fois qu’on accepte un nouveau joueur, on cherche à s’occuper de lui comme d'un frère. Quand un athlète choisit de jouer à l’UdeM, il sait qu’il entre dans une grande famille. 

Louis-Philippe Simoneau: Lorsque j’ai été hospitalisé la saison dernière, chaque jour, une personne différente de l’équipe des Carabins venait me rendre visite. 

Le botteur Louis-Philippe Simoneau, étudiant en santé et sécurité au travail

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Louis-Philippe, vous êtes en rémission d’un cancer depuis juillet. Comment cette épreuve vous a-t-elle changé? 

Louis-Philippe Simoneau: Demain n’est jamais promis, alors je profite vraiment de chaque jour. Si je peux faire quelque chose tout de suite, je ne le reporte pas. Et sur le terrain, en tant que joueur, je ressens moins de pression. J’aurais pu ne plus jamais revenir sur un terrain de football, alors je me sens très privilégié. 

Lorsque l’on conjugue études et sport d’élite, quelle est la clé du succès? 

Tous, à l’unisson: La planification et l’organisation. 

Louis-Philippe Simoneau: C’est comme dans une partie de football: tu dois avoir un plan de match pour ta session et tu dois suivre les étapes que tu as définies. Il faut surtout éviter de prendre du retard, étudier dans les temps et remettre ses travaux à temps. On passe tout l’automne à jouer au football, alors on n’a pas de temps à perdre. 

Alexandre Hardy: J’ai eu la chance qu’un ancien joueur, lui aussi étudiant en médecine, me prenne sous son aile. Il m’a vraiment bien conseillé sur la manière de concilier le football et la médecine. Puisque les dernières années sont consacrées à la formation à l’hôpital, je dois y passer la journée avant de venir au football. Ça demande donc une flexibilité de la part des entraîneurs aussi.

Frédéric, vous trouvez néanmoins le temps de faire du bénévolat...

Frédéric Paquette-Perrault: Pendant ma pause du football, j’ai donné du temps avec ma mère à l’organisme Le Phare [Enfants et familles], qui offre des ressources en soins pédiatriques palliatifs. Depuis, j’ai entraîné d’autres joueurs avec moi. Quand j’y allais seul, les enfants étaient contents de me voir, mais lorsqu’on arrive en groupe de Carabins, ça leur fait tellement plaisir. 

Le demi défensif Marc-Antoine Dequoy, étudiant en études du jeu vidéo

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Marc-Antoine, vous faites partie des premiers étudiants en… études du jeu vidéo! 

Marc-Antoine Dequoy: Oui et, même si je joue encore à des jeux vidéos, je me suis un peu distancié en tant que joueur. Un peu comme on étudie des films en études cinématographiques, je fais plutôt de l’analyse de jeux vidéos. En fait, j’ai entamé mes études en informatique, mais après une année, je n’étais pas certain de vouloir poursuivre. C’est l’une des conseillères d’orientation pour les Carabins qui m’a fait découvrir le programme de jeu vidéo, qui est une mineure. Mais je continue à me détendre en jouant à des jeux vidéos! 

Est-ce que les études vous aident dans la pratique de votre sport?

Marc-Antoine Dequoy: Je dirais plutôt le contraire! C’est le football qui m’aide dans mes études. Je crois que la gestion des relations humaines est une partie très importante de tout travail. Puisque le football est un sport d’équipe dans lequel tous les joueurs s’alignent sur le même objectif, je suis certain qu’il m’aidera énormément dans la composante relationnelle de mon futur emploi.

Le demi défensif Alexandre Hardy, étudiant en médecine

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Comment qualifieriez-vous votre sport? 

Alexandre Hardy: C’est le sport d’équipe par excellence. Nous sommes 12 sur le terrain; si l’un d’entre nous ne fait pas son travail, les 11 autres vont en souffrir. Les joueurs de ligne, par exemple, sont plus dans l’ombre parce qu’ils ne touchent pas au ballon, mais sans eux, personne ne serait en mesure de faire des jeux. Quand tu joues au football, tu apprends à valoriser la part de chacun. 

Kevin Kaya: C’est aussi un sport où il y a de la place pour tout le monde, que ce soit des petits, des grands, des minces, des costauds… 

Alexandre Hardy: Et à l’UdeM, on a la chance d’avoir des gens qui viennent de partout. Mais on laisse nos différences de côté pour travailler sur le même but ultime. Je ne pense pas qu’il y a un autre sport qui va aussi loin en ce sens. 

Quel est-il, ce but ultime pour un joueur de football des Carabins? 

Tous, à l’unisson: Remporter la Coupe Vanier. 

Gabriel Cousineau: Carabin, de quart-arrière à entraîneur

  • Le coordonnateur offensif et entraîneur des receveurs, Gabriel Cousineau

    Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Quart-arrière de l’équipe de football des Carabins de 2011 à 2015, Gabriel Cousineau en est à sa quatrième année comme entraîneur des receveurs. En tant que quart-arrière, il a mené les Carabins à deux présences d'affilée à la Coupe Vanier, dont la conquête de 2014.

Comment êtes-vous passé de joueur à entraîneur au sein des Carabins? 

Comme quart-arrière, j’avais une bonne compréhension du football et je connaissais très bien notre livre de jeux. Je jouais déjà un peu le rôle de leader et je donnais volontiers des conseils aux plus jeunes. Lorsque j’ai terminé mes cinq années et que Danny Maciocia m’a offert un poste, les gars m’ont alors tout simplement accepté comme entraîneur. 

Vous êtes à l’aise dans ce rôle de mentor? 

J’ai été moniteur de camp de jour pendant toute ma jeunesse! Alors oui, j’ai toujours eu un intérêt pour les jeunes et pour leur développement. D’ailleurs, pendant mon baccalauréat [HEC Montréal], j’ai fondé avec mon colocataire un camp d’été de football pour les jeunes du primaire et du secondaire. 

Il est peu étonnant, donc, de vous retrouver ici plutôt que dans une équipe de football professionnel… 

Quand je jouais comme quart-arrière, je disais souvent à Danny, à la blague: «Quand j’aurai fini ma carrière de joueur, je vais prendre ta place!» Le football professionnel ne m’a jamais intéressé parce que je n’aime pas le fait de jouer pour de l’argent. Ça ne correspond pas à mes valeurs. Les jeunes qui jouent dans l’équipe des Carabins le font par pur plaisir et c’est cette relation au sport qui m’interpelle. 

Qu’est-ce que vous cherchez à développer chez vos joueurs? 

Je veux d’abord qu’ils obtiennent un diplôme. Si l’un de mes receveurs a un travail à remettre, je ne veux pas qu’il assiste à ma réunion! On accorde énormément d’importance aux études chez les Carabins et chaque entraîneur connaît les enjeux de ses joueurs afin de pouvoir faire des suivis de manière régulière. J’essaie aussi de jouer le rôle de grand frère, de les aider à progresser pour qu’ils soient, en fin de parcours, de meilleures personnes qui se sont poussées à fond. 

Le stress d’un match décisif est-il différent en tant qu’entraîneur? 

Totalement. Je sais qu’après le match je n’aurai pas mal à mon corps! Quand on a gagné la Coupe Vanier en 2014, j’étais tellement fier, comme joueur, des efforts qu’on avait fournis. En tant qu’entraîneur, lorsqu’on a remporté la Coupe Dunsmore le 9 novembre, mon bonheur a été de voir le sourire de mes joueurs, de les voir fiers d’eux-mêmes. 

Les Carabins d’aujourd’hui sont-ils différents de ceux de votre génération? 

Ils sont tous sur leur cellulaire…

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