Espoir de guérison pour les patients atteints d’une maladie génétique rare entraînant des complications infectieuses graves

En utilisant une technique nommée édition de gène, les chercheurs ont recréé puis introduit une mutation génétique responsable de la maladie dans le modèle cellulaire.

En utilisant une technique nommée édition de gène, les chercheurs ont recréé puis introduit une mutation génétique responsable de la maladie dans le modèle cellulaire.

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Une équipe du CHU Sainte-Justine démythifie les mécanismes sous-jacents à la granulomatose septique chronique.

Une équipe de recherche du CHU Sainte-Justine et de l’Université de Montréal a mis en lumière les mécanismes sous-jacents à une maladie génétique rare en créant le tout premier modèle cellulaire de l’affection. Les résultats de cette étude sont présentés dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology.

La granulomatose septique chronique (GSC) est une maladie héréditaire rare qui touche un nouveau-né sur 217 000 dans le monde. «Il s’agit d’un déficit immunitaire primitif de l’immunité innée caractérisé par des infections graves et récidivantes que provoquent des bactéries et des champignons, mais aussi par des complications inflammatoires qui peuvent être invalidantes comme une colite inflammatoire proche de la maladie de Crohn ou des atteintes pulmonaires, explique le Dr Fabien Touzot, clinicien-chercheur en immunologie et hématologie pédiatrique au CHU Sainte-Justine. La prise en charge des patients nécessite l'administration de traitements antibiotiques et anti-inflammatoires tout au long de leur vie.»

Édition de gène à la rescousse

Pour mieux comprendre les mécanismes responsables des manifestations inflammatoires dans la GSC, l’équipe de recherche a conçu dans les laboratoires du CHU Sainte-Justine le tout premier modèle cellulaire de la maladie. En utilisant une technique nommée édition de gène, les chercheurs ont recréé puis introduit une mutation génétique responsable de la maladie dans le modèle cellulaire. Résultat, ils sont parvenus à modéliser la réaction inflammatoire observée chez les patients et à en étudier les mécanismes.

«La GSC est une maladie héréditaire causée par des mutations de l’enzyme NADPH oxydase qui entravent l'activité des globules blancs. Par conséquent, les cellules du patient ne parviennent plus à se défendre contre certains champignons et bactéries, souligne Aissa Benyoucef, premier auteur de l’étude. Plus de 90 % des individus atteints présentent des manifestations inflammatoires qui semblent indépendantes des agents infectieux. Le traitement de ces manifestations inflammatoires est difficile, car il favorise la survenue d’infections et augmente le risque de décès chez le patient traité. Une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents à la maladie nous permettra de mettre au point des stratégies thérapeutiques plus efficaces.»

Effectivement, l’équipe de recherche a montré que la restauration de l’activité de l’enzyme NADPH oxydase dans les cellules déficientes corrigeait le processus immunitaire, prouvant la causalité directe de la mutation génétique dans le déclenchement de l’inflammation. «Le CHU Sainte-Justine est un véritable centre d’expertise provincial en maladies génétiques rares. Nous sommes fiers de faire avancer les connaissances dans ce domaine au bénéfice des patients et de participer au développement de la médecine de précision», conclut le Dr Touzot.

Ce nouveau modèle cellulaire permettra de concevoir de nouveaux traitements ciblés, plus efficaces et moins toxiques pour le traitement des manifestations inflammatoires de la maladie, assurant ainsi une prise en charge et une qualité de vie des patients améliorées.

À propos de l’étude

L’article «CRISPR gene-engineered CYBBko THP-1 cell lines highlight 1 the crucial role of NADPH-induced reactive oxygen species for regulating inflammasome activation» a été publié dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology en janvier 2020. Le premier auteur est Aissa Benyoucef, membre du personnel de laboratoire sous la supervision du Dr Fabien Touzot. L’auteur principal est le Dr Touzot, professeur adjoint de clinique au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal et clinicien-chercheur en immunologie et hématologie pédiatrique au CHU Sainte-Justine. L’étude a été soutenue par le Fonds de démarrage du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et par la Fondation Charles-Bruneau.

À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine

Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 200 chercheurs, dont plus de 90 chercheurs cliniciens, ainsi que 500 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.

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