Les musées se rapprochent des gens!

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  • Le 24 janvier 2020

  • Mathieu-Robert Sauvé
La Chaire de recherche du Canada en muséologie citoyenne se concentrera sur les nouveaux usages que font les musées de leurs collections permanentes et étudiera les clientèles de proximité.

La Chaire de recherche du Canada en muséologie citoyenne se concentrera sur les nouveaux usages que font les musées de leurs collections permanentes et étudiera les clientèles de proximité.

Crédit : Getty

En 5 secondes

Johanne Lamoureux mène des travaux sur la muséologie citoyenne dans le cadre de la chaire de recherche du Canada qu’elle vient d’obtenir.

«Participative, consultative ou communautaire.» Voilà les termes qu’utilise Johanne Lamoureux pour situer la «muséologie citoyenne», thème de la chaire de recherche du Canada qu’elle vient d’obtenir pour les sept prochaines années. «Le Québec fait bonne figure en la matière, car nous avons développé une approche très axée sur le public», commente l’historienne de l’art, qui enseigne et mène des travaux de recherche à l’Université de Montréal depuis 1990.

L’une des priorités de la Chaire sera de documenter ce sujet, ici et à l’étranger. «Nous voulons connaître le mieux possible les initiatives muséales citoyennes dans le monde afin d’en tracer une cartographie exhaustive», dit Mme Lamoureux.

Traditionnellement, les musées ont eu pour mandat de conserver les œuvres et artéfacts dans des conditions optimales afin de constituer des lieux de mémoire collective. La Chaire de recherche se concentrera sur les nouveaux usages que font les musées de leurs collections permanentes. On voudra aussi étudier les clientèles de proximité «plutôt que les touristes ou les visiteurs en général». Les musées font des efforts particuliers, depuis quelques années, pour s’ouvrir davantage à la diversité. Ils ont aussi pour mission d’attirer et d’éduquer la population, mais peu à peu la transmission a pris un tournant interactif où l’échange est plus réciproque.

Laboratoire de muséologie numérique

Johanne Lamoureux

Crédit : Christian Fleury

Un des projets de la Chaire consiste à mettre sur pied un laboratoire de muséologie numérique qui aura pour but de «créer de nouveaux outils de recherche», d’«accompagner dans le développement numérique partenaires muséaux et chercheurs» et d’«étudier les nouveaux usages numériques des collections». Concrètement, l’équipe entend publier une encyclopédie multimédia et bilingue, rédigée par des conservateurs et des universitaires, qui analysera les nouvelles pratiques muséologiques au sein des collections, et ce, en laissant place à la parole citoyenne.

Dans leur second axe de recherche, les travaux de la Chaire se pencheront sur les musées d’archéologie, d’anthropologie, de civilisation et d’histoire, sans pour autant délaisser les musées d’art. Ce type de musées s’est intéressé très tôt aux interactions avec les usagers, fait remarquer Mme Lamoureux dans sa présentation de la Chaire. «De nombreuses raisons historiques peuvent expliquer cette préséance dont la plus importante concerne le statut de l’œuvre d’art dans les sociétés occidentales modernes, écrit-elle. Un siècle avant l’institutionnalisation universitaire de l’histoire de l’art, le musée d’art, en isolant les œuvres de leur contexte, de leurs missions et de leurs usages initiaux, a significativement impulsé la croyance en une histoire autonome de l’art qui aurait culminé avec le modernisme abstrait du XXe siècle.»

Financement étudiant

En plus de permettre le financement de nombreuses études, la Chaire de recherche du Canada en muséologie citoyenne travaillera en partenariat avec plusieurs musées du Québec. Elle souhaite élaborer une «formation en muséologie de recherche» qui accompagnera la voie professionnelle prévalant à l’heure actuelle dans le milieu universitaire.

«Pour les étudiants et étudiantes au doctorat, cette chaire rendra possible le financement de bourses intéressantes», ajoute Mme Lamoureux.

L’équipe de recherche de Mme Lamoureux est composée de deux doctorants et de deux étudiants à la maîtrise. Deux nouveaux doctorants et un postdoctorant s’ajouteront au groupe à l’automne.