Une «formule 1» pour l’administration de médicaments et la thérapie génique

Crédit : ISTOCK

En 5 secondes

Une équipe de recherche met au point des nanoparticules lipidiques encore plus performantes grâce à une nouvelle technologie.

Pour que les médicaments et substances thérapeutiques se rendent au bon endroit du corps et agissent de manière efficace, il leur faut un véhicule – et le plus performant à l’heure actuelle sont les nanoparticules lipidiques (NPL). Une équipe de recherche du CHU Sainte-Justine dirigée par le Dr Pierre Hardy, professeur au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal, le doctorant en pharmacologie et physiologie Victor Passos et la Dre Houda Tahiri, en collaboration avec le professeur Xavier Banquy, de la Faculté de pharmacie de l’UdeM, a mis au point une nouvelle technologie couche-par-couche qui améliore l’efficacité et la polyvalence des NPL.  

Ayant fait la preuve des avantages de cette découverte dans le traitement du glioblastome, un cancer du cerveau très agressif, les chercheurs veulent maintenant appliquer cette «formule 1» thérapeutique à d’autres maladies pédiatriques afin d’en accélérer le transfert au chevet des jeunes patients. 

NPL: le véhicule de choix pour la thérapie génique ou combinée

La thérapie génique, incluant le recours aux vaccins à ARN messager, s’est imposée comme l’une des approches pharmacologiques les plus prometteuses à ce jour. Or, l’ARN est très fragile, si bien qu’il est rapidement détruit lorsqu’on l’introduit dans l’organisme. Il doit donc se déplacer dans un véhicule ultraperformant, qui le protège tout en le menant là où il doit agir. 

C’est précisément ce que font les NPL qui, une fois injectées, assurent la transmission de l’ARN en toute sécurité dans les bonnes cellules pour aider à combattre un virus ou un cancer. Cependant, le potentiel des NPL est limité en clinique à cause de plusieurs éléments, au premier chef le fait qu’elles sont rapidement capturées par le foie. «Notre méthode couche-par-couche nous permet de contourner plusieurs obstacles des NPL, se réjouit la Dre Tahiri. Nous pouvons par exemple faire en sorte que les NPL circulent plus longtemps dans l’organisme sans être détruites par le foie ou qu’elles traversent les barrières de certains organes, ce qui était impossible auparavant. De plus, la possibilité d’avoir jusqu’à cinq couches nous permet de combiner plusieurs approches thérapeutiques dans un même véhicule.» 

Une stratégie polyvalente disponible pour validation clinique

Jusqu’à présent, ce véhicule NPL amélioré a fait ses preuves dans l’administration d’un traitement contre le glioblastome. L’équipe a en effet réussi à orienter les NPL vers les cellules cancéreuses et les cellules immunitaires pour une thérapie génique ciblée. Cela permet à la fois de freiner la prolifération des cellules cancéreuses et, ultimement, de réorganiser les cellules immunitaires pour qu’elles s’attaquent aux premières, ce qui offre une double stratégie contre le cancer pédiatrique. 

Néanmoins, les possibilités offertes par ces NPL en cinq couches vont bien au-delà des glioblastomes ou même du cancer. «Nous avons conçu une technologie très ouverte et polyvalente, qui peut être utile dans le traitement de toutes sortes de maladies, mentionne le Dr Hardy. Ainsi, on pourrait l’utiliser dans le cas de certaines maladies cardiovasculaires ou cérébrales ou encore en immunologie. Elle est aussi très prometteuse pour les maladies génétiques rares, puisqu’elle soutient la thérapie génique. On pourrait même s’en servir pour administrer des médicaments, qui pourraient alors être acheminés en plus faibles concentrations tout en demeurant efficaces.»  

L’équipe souhaite à présent rendre disponible cette technologie hautement polyvalente auprès d’autres chercheuses et chercheurs afin d’en démontrer tout le potentiel. 

 

 

Sur le même sujet

pharmacie recherche pédiatrie