Où sera la prochaine pandémie? On le saura bientôt!

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  • Le 6 mai 2020

  • Mathieu-Robert Sauvé
Quand surviendra la prochaine pandémie et où prendra-t-elle naissance? C’est ce que tentent d’établir des chercheurs américains et canadiens sous la direction de Timothée Poisot.

Quand surviendra la prochaine pandémie et où prendra-t-elle naissance? C’est ce que tentent d’établir des chercheurs américains et canadiens sous la direction de Timothée Poisot.

Crédit : Getty

En 5 secondes

L’Université de Montréal dirige une recherche internationale sur le calcul des risques d’une prochaine pandémie.

Quand surviendra la prochaine pandémie et où prendra-t-elle naissance? C’est ce que tentent d’établir des chercheurs américains et canadiens sous la direction de Timothée Poisot, professeur au Département de sciences biologiques de l’Université de Montréal. «Ce n’est pas pour être prophètes de malheur, mais nous estimons que toutes les conditions sont réunies pour que de nouvelles infections apparaissent. Il s’agit de déterminer où et quand», commente et chercheur.

L’étude de la répartition des coronavirus dans la faune est la première étape désignée par l’équipe interdisciplinaire, qui bénéficie d’un soutien financier de 45 000 $ de l’Institut de valorisation des données (IVADO) de l’UdeM. La majorité des espèces animales vont répondre aux changements climatiques en se déplaçant et elles rencontreront ainsi des populations humaines qui ne sont pas préparées à ce nouveau voisinage. Un certain nombre de ces espèces pourraient être des réservoirs de pathogènes transmissibles à l’humain. Il faut maintenant déterminer, au moyen de modèles mathématiques et statistiques, l’endroit et le moment où les risques seront les plus élevés.

«Comme la plupart des maladies émergentes, l’origine de la COVID-19 est animale, explique le professeur Poisot. On ignore toujours si le passage vers l’humain a eu lieu dans un marché public, mais un consensus se dessine autour de son point de départ, une chauve-souris. Ce modèle de transmission pourrait s’appliquer ailleurs, à partir d’autres virus portés par d’autres espèces animales.»

Prêt à démarrer

Timothée Poisot

Crédit : Amélie Philibert

Le chercheur travaillait sur la question des zoonoses épidémiques avant l’apparition de la pandémie. Il était donc fin prêt pour présenter un projet de recherche quand les concours de financement ciblés ont été lancés, en janvier dernier. Ses collaborateurs sont rattachés à l’Université de Montréal (Norma Rocio Forero Munoz et Philippe Desjardins-Proulx), l’Université de Georgetown (Colin Carlson, cochercheur principal, et Gregory Albery) et plusieurs autres établissements universitaires. Les professeurs Carlson et Poisot collaborent depuis plusieurs années sur les méthodes prédictives en écologie. Ils ont publié dans la revue Royal Society Open Science une étude qui prédit les éclosions de maladies infectieuses par pays et par année à l’aide de l’apprentissage automatique.

Les chercheurs souhaitent livrer des résultats dans moins de six mois. «Notre objectif est de mettre au point une cartographie des risques. Une partie de ce travail sera limitée au monde de l’enseignement et de la recherche, mais il y aura aussi un volet destiné aux preneurs de décisions.»

L'équipe pense pouvoir cibler des zones à risque et ainsi donner des outils aux responsables de la santé publique et de la santé environnementale. Le maître mot est la prévention. «On pourra avoir une idée des risques courus par les populations humaines, ce qui permettra de mettre en place des mesures préventives», dit-il.

Même s’il est encore trop tôt pour se prononcer sur les régions à risque mises en évidence par cette cartographie, le professeur Poisot croit que, malgré la gravité de la COVID-19, le Québec n’est pas le territoire le plus menacé par l’émergence de nouveaux pathogènes. Une population de faible densité dans un vaste territoire ne constitue pas une zone chaude compte tenu des variables actuelles. «Mais cela pourrait changer, en particulier si l’on multiplie nos contacts avec les milieux naturels et avec les espèces animales qui se déplacent en raison des changements climatiques», souligne-t-il.

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