Une étude pour documenter le recours aux soins à distance en réadaptation

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  • Le 26 mai 2020

  • Martin LaSalle
Que ce soit pour réapprendre à marcher ou à bouger un membre blessé, les besoins en réadaptation et en physiothérapie demeurent en cette période de crise pandémique.

Que ce soit pour réapprendre à marcher ou à bouger un membre blessé, les besoins en réadaptation et en physiothérapie demeurent en cette période de crise pandémique.

Crédit : Getty

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Dahlia Kairy, de l’École de réadaptation de l’Université de Montréal, amorce une étude pour documenter le recours aux soins à distance en réadaptation.

Que ce soit pour réapprendre à marcher ou à bouger un membre blessé, les besoins en réadaptation et en physiothérapie demeurent en cette période de crise pandémique. En fait, ils seront peut-être même plus grands en raison des séquelles potentielles de la COVID-19 sur les plans pulmonaire et fonctionnel.

C’est pourquoi de nombreux cliniciens se sont eux-mêmes adaptés à la situation en offrant des services de téléréadaptation, c’est-à-dire en proposant leur expertise par l’entremise des technologies de l’information et de la communication.

«La téléréadaptation est utilisée depuis quelques années déjà, mais elle était essentiellement limitée à la recherche scientifique. Or, avec la pandémie de COVID-19, les professionnels ont effectué un virage inouï pour rendre leurs services accessibles», indique la professeure Dahlia Kairy, du programme de physiothérapie de l’École de réadaptation de l’Université de Montréal.

Ce virage comporte des changements cliniques qui soulèvent des questions d’ordre éthique et pratique que Mme Kairy et des collègues de l’UdeM et de huit autres universités entendent explorer à travers un projet de recherche qu’elle met sur pied.

Dégager les meilleures pratiques en téléréadaptation

Dahlia Kairy

Afin de guider la pratique de la téléréadaptation, la chercheuse du Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropolitain et son équipe s’affairent à recruter 500 participants tant chez les praticiens que chez les patients et les décideurs.

Prenant la forme d’une étude de cas multiples, la recherche sera d’abord menée au Québec et pourrait ensuite être étendue à l’Ontario et à la Colombie-Britannique de même qu’au New Jersey, dans la mesure où le projet obtient le financement souhaité.

«Parce que les systèmes de santé et les caractéristiques populationnelles varient dans ces différentes régions, nous interrogerons les sujets pour comprendre comment ils s’adaptent à la téléréadaptation en période de pandémie et nous intégrerons nos observations à ce qu’en dit la littérature scientifique pour dégager les meilleures pratiques», illustre Mme Kairy.

Ainsi, à partir des données recueillies, l’équipe compte énoncer des principes directeurs et des recommandations pour bonifier la pratique et aussi pour désigner des outils concrets qui aident à la prestation à distance des soins en réadaptation afin d’optimiser la récupération ‒ qu’il s’agisse d’aide-mémoires ou d’algorithmes pour la prise de décision par exemple.

Des effets bénéfiques reconnus

Mme Kairy mentionne que plusieurs études, de même que des revues d’études, ont été effectuées quant à l’efficacité de la téléréadaptation.

«La littérature scientifique sur le sujet indique qu’en général la téléréadaptation peut permettre aux patients de bien récupérer et que les séances à distance peuvent être aussi efficaces que celles qui se déroulent en présence du professionnel de la santé», assure celle qui dirige un laboratoire à l'Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique de Montréal du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.

Et si les intervenants se posent parfois des questions quant à leur capacité à offrir les mêmes services par le biais de la téléréadaptation, la recherche montre que c’est possible, selon Dahlia Kairy. «Bien sûr, étant donné que les évaluations et interventions devront être modifiées dans certains cas, le jugement clinique quant à la sécurité et à la pertinence d’intervenir par téléréadaptation doit toujours primer», précise-t-elle.

Comme la téléréadaptation pourrait prendre de l’expansion, les résultats de l’étude de Mme Kairy et de son équipe permettront d’enrichir les connaissances afin de favoriser l’accès aux services de réadaptation à distance, notamment pour les personnes en régions éloignées.

Ce projet de recherche a obtenu le soutien du Réseau provincial de recherche en adaptation-réadaptation et mobilise de nombreux partenaires, dont des centres de recherche, des CIUSSS et des associations de patients et de professionnels de la santé.

Outre Mme Kairy, les membres de l’équipe de recherche de l’UdeM sont Anne Hudon, Claudine Auger, Sabrina Cavallo, Martine Lévesque et Louis-Pierre Auger, de l’École de réadaptation, ainsi que Ingrid Verduyckt, de l’École d’orthophonie et d’audiologie, et Walter Wittich, de l’École d’optométrie. Les autres chercheurs viennent des universités McGill, Laval, de Sherbrooke, du Québec à Montréal, et des universités de la Colombie-Britannique, de Toronto, d’Ottawa et Rutgers (États-Unis).

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