Les relations industrielles en questions… et réponses!

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  • Le 11 mars 2021

  • Martin LaSalle
Patrice Jalette

Patrice Jalette

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Pour marquer les 75 ans de l’École de relations industrielles, une vingtaine de professeurs ont publié un ouvrage collectif qui aborde les principaux défis actuels et futurs du marché du travail.

La gestion des ressources humaines est-elle «humaine»? Existe-t-il des différences de valeurs entre les générations dans une même organisation? Les programmes d’accès à l’égalité au Québec fonctionnent-ils vraiment? Que sait-on de la santé et de la sécurité des jeunes au travail?

Ce sont là quelques-unes des interrogations auxquelles répond le livre Les relations industrielles en questions, publié aux Presses de l’Université de Montréal par un collectif d’une vingtaine de professeurs et professeures de l’École de relations industrielles (ERI) de l'UdeM sous la direction de Patrice Jalette.

Lancé en décembre dernier pour clore les célébrations du 75e anniversaire de l’ERI, l’ouvrage met en évidence le riche savoir et l’excellence de la recherche dans cette discipline au cœur des enjeux actuels relatifs au monde du travail.

Il constitue aussi un rappel historique du chemin parcouru par l’ERI depuis sa fondation, en 1945, par le père Émile Bouvier, dans un contexte de mutations du marché de l’emploi, d’ébullition du mouvement syndical et de multiples conflits de travail tandis que s’achevait le deuxième conflit mondial.

Le professeur Jalette nous parle de la démarche qui a mené à la publication de ce livre.

Quels ont été les principaux défis à relever pour parvenir à publier cet ouvrage collectif?

Le principal défi de cet ouvrage a consisté à réunir et à mettre en valeur toute la richesse et la diversité des expertises de l’école. L’objet des relations industrielles, soit l’étude du travail et des relations d’emploi sous toutes leurs formes, s’y décline de différentes façons depuis plus de 75 ans. On y trouve des spécialistes de la gestion des ressources humaines, des relations du travail et du syndicalisme, des politiques gouvernementales en matière de travail et d’emploi, de la santé, de la sécurité et du mieux‐être au travail de même que du droit et de la régulation du travail.

Cet ouvrage est empreint de ce qui a fait la marque de commerce de notre discipline et de notre école depuis des décennies: une grande liberté pour étudier le travail et l’emploi dans une perspective globale, multidisciplinaire, solidement ancrée dans la réalité des milieux professionnels et ouverte à des approches théoriques et méthodologiques diverses ainsi qu’à la pensée critique.

La pandémie de COVID-19 a, bien sûr, constitué un défi important: au moment où l'état de pandémie a été déclaré, l’ouvrage était sur les rails depuis plusieurs mois. Certains des chapitres étaient terminés, tandis que d’autres étaient en gestation. La crise sanitaire en a quelque peu ralenti la production, mais, en dépit des délais, nous avons pu maintenir le cap. Cette crise a cependant rendu nécessaire l’ajout d’un 23e chapitre issu d’une réflexion en forme de postface, qui pose des perspectives de recherche découlant de cet évènement unique qui a frappé de plein fouet les milieux de travail et qui risque de les bouleverser durablement.

Quelles sont les grandes tendances du domaine des relations industrielles abordées dans le livre?

La question de l’égalité et de la représentativité au travail et en emploi est au cœur des préoccupations de collègues qui brossent un tableau du chemin que les femmes du Québec ont encore à parcourir pour atteindre l’égalité professionnelle. On se demande aussi en quoi la gestion de la diversité détourne la politique d’accès à l’égalité et l’on dépeint l’évolution éthique qui a permis de s’affranchir de certains de ses biais et préjugés discriminatoires au cours du temps.

La préoccupation pour la santé mentale en milieu de travail est une autre tendance importante abordée dans le livre. Elle est traitée à travers un bilan exhaustif des facteurs susceptibles de l’influencer qui montre toute la complexité de cet enjeu, de même qu’à travers le rôle des syndicats dans la gestion des problèmes de santé mentale au travail – mettant en évidence la nécessité d’une gestion collective et concertée en la matière.

D’autres chapitres s’intéressent à l’intégration des jeunes au travail, notamment par la mise en relief de leurs valeurs comparativement à celles de leurs aînés en milieux de travail, la prise en compte de leur réalité particulière pour mieux prévenir les risques qu’ils courent sur le plan de la santé et de la sécurité au travail, et la question de leur participation à la vie syndicale comme source de revitalisation des syndicats.

Enfin, l’ouvrage traite des façons dont les organisations s’adaptent pour répondre aux défis comme l’évolution technologique, la responsabilité sociale, la transformation des équipes de travail et la démondialisation.

À qui ce livre s’adresse-t-il?

Il s’adresse à nos étudiantes et étudiants, actuels et futurs, à qui il reviendra de poursuivre la mission de l’école, ainsi qu’à toute la communauté professionnelle des relations industrielles qui accueille nos stagiaires et participe à nos travaux. Le grand public saura aussi y trouver des clés pour comprendre un éventail de questions préoccupantes dans le monde du travail d’aujourd’hui et de demain.

À quoi peuvent mener des études doctorales en relations industrielles?

Notre programme de doctorat, qui a fêté son 50e anniversaire en 2020, permet d’acquérir des connaissances avancées et une compréhension élargie, intégrée et approfondie du travail et de l’emploi, ainsi que des compétences et habiletés transférables qui sont valorisées et recherchées sur le marché du travail.

Comme dans les autres domaines des sciences sociales, les personnes diplômées du doctorat en relations industrielles font souvent carrière dans l’enseignement ou la recherche universitaire, surtout dans les départements et écoles de relations industrielles ou de gestion, tant au Québec qu’ailleurs dans le monde. Mais le diplôme mène également à des postes d’analystes, d’experts-conseils ou de gestionnaires dans la fonction publique provinciale ou fédérale, dans les organisations syndicales et dans le secteur privé – entre autres en consultation.

À propos

École de relations industrielles de l’Université de Montréal, collectif sous la direction de Patrice Jalette, Les relations industrielles en questions, Les Presses de l’Université de Montréal, 2020, 278 p.

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