Une étude établit les conditions gagnantes du feed-back en milieu de travail

Pour mener à bien son étude, Simon Trudeau et son équipe ont recruté quelque 240 participants en contexte réel d’évaluation du personnel en établissant un partenariat avec une firme montréalaise.

Pour mener à bien son étude, Simon Trudeau et son équipe ont recruté quelque 240 participants en contexte réel d’évaluation du personnel en établissant un partenariat avec une firme montréalaise.

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Quelles sont les meilleures techniques de rétroaction qui permettent de favoriser le développement professionnel ? Le doctorant Simon Trudeau apporte de nouvelles pistes de réponse.

Très souvent, lorsque les organisations ont un poste stratégique à combler, qu’elles souhaitent planifier la relève ou stimuler le développement professionnel de leur personnel, elles font appel aux psychologues du travail pour effectuer une évaluation du potentiel. Ce processus permet de sélectionner les meilleurs candidates et candidats grâce aux informations recueillies notamment par le biais de tests psychométriques.

Mais si les caractéristiques psychologiques qui prédisent la performance au travail (attitudes, comportements, compétences, possibilité de développement) n’ont plus de secret pour les conseillers en organisation – ce volet de l’évaluation du potentiel a été abondamment documenté –, en revanche, ils maîtrisent moins bien les effets de la rétroaction, faute d’écrits scientifiques. Cet autre volet a pour but de susciter le développement des compétences chez les participants à travers une modification positive de leurs comportements. Or selon une étude de 2012, seuls 20 % des participants s’engagent dans cette voie.

De nouveaux outils

Le travail colossal mené par le doctorant Simon Trudeau, sous la supervision du professeur en psychologie du travail et des organisations Jean-Sébastien Boudrias, vient apporter un nouvel éclairage à ce champ d’expertise. «Notre étude s’est concentrée sur les séances de rétroaction suivant une évaluation, au cours desquelles les psychologues informent les candidats de leurs forces et de leurs faiblesses. On voulait savoir quelles techniques favorisent la réalisation du plein potentiel à travers un changement concret de comportement et une implication dans des activités de développement», explique le jeune chercheur.

Pour mener à bien son étude, Simon Trudeau et son équipe ont recruté quelque 240 participants en contexte réel d’évaluation du personnel en établissant un partenariat avec une firme montréalaise. Les candidates et candidats ainsi que les psychologues étaient invités à remplir différents questionnaires, avant l’évaluation, immédiatement après la rétroaction, puis trois mois plus tard. 

Les deux conditions gagnantes de la rétroaction

Les résultats recueillis à partir des nombreuses interventions analysées ont permis de dégager deux conditions gagnantes du feed-back lors de l’évaluation. La première consiste à discuter d’un plan de développement avec le participant, et non pas juste de lui livrer un bilan de son évaluation de façon descriptive. «Tout feed-back vise à créer une mise en action. Terminer la séance en mettant l’accent sur les compétences à développer et les façons d’y parvenir, voilà qui prédit un changement positif de comportement», indique Simon Trudeau. «Le fait de motiver les gens en leur posant des questions sur les moyens utilisés pour mettre en application les compétences ciblées, c’est le meilleur levier pour favoriser le développement professionnel», renchérit son directeur de thèse Jean-Sébastien Boudrias.

Autre élément qui va donner des résultats positifs lors d’une rétroaction, et qui constitue la deuxième condition gagnante – et non la moindre: le soutien social. «Le développement et l’épanouissement professionnels gagnent à être soutenus par tout un village, illustre Simon Trudeau. Une personne motivée à s’investir, un conseiller qui offre une rétroaction centrée sur le soutien au changement et un proche – un conjoint, une amie, un membre de la famille, une collègue, un mentor, etc. – qui nous amène à réfléchir et à mettre les conseils en application, tout cela constitue de bons outils de développement professionnel.»

«Tout ne repose pas sur les épaules du psychologue pour créer l’effet de changement recherché, appuie Jean-Sébastien Boudrias. Il peut semer une graine et augmenter la portée de son intervention en amenant le candidat à trouver du soutien dans son entourage pour cheminer.»

Des retombées concrètes auprès des organisations

Avant même la publication de la thèse de Simon Trudeau – Favoriser l’appropriation comportementale de la rétroaction en évaluation du potentiel: le rôle du soutien social, du contenu de la rétroaction et des techniques du conseiller axées sur le développement –, en mai 2020, les résultats ont été diffusés auprès de la Société québécoise de psychologie du travail et des organisations (SQPTO) et dans les cours de Jean-Sébastien Boudrias.

«Mes recherches apportent une valeur ajoutée au processus de l’évaluation du potentiel, celle du développement professionnel, estime Simon Trudeau. Sachant que la presque totalité des gens sont curieux au moment de recevoir leur rétroaction, il faut miser sur cet état d’esprit pour les amener plus loin à travers une activité ponctuelle. Tout le monde en ressort gagnant, les candidats comme les organisations.» 

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