Retourner aux études, ça énergise!

Dominique Trudeau

Dominique Trudeau

En 5 secondes

À 60 ans, Dominique Trudeau s’est inscrite à la maîtrise en histoire de l’art à l'UdeM. Portrait d’une dynamo qui prône les échanges entre les générations.

Après une longue carrière dans le milieu muséal, Dominique Trudeau a eu envie de creuser un sujet pour approfondir ses connaissances en histoire de l'art – un domaine qu’elle connaît par cœur pour avoir travaillé pendant 20 ans au Musée des beaux-arts de Montréal, puis au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal et enfin au Musée McCord.

C’est ainsi qu’au mitan de sa vie, munie d’un impressionnant bagage d’expériences professionnelles, elle a décidé de renouer avec son alma mater et de s’inscrire à la maîtrise en histoire de l’art. Son sujet de recherche: l’intelligence artificielle et ses réseaux artistiques.

«Je sentais le besoin de faire partie d'une communauté intellectuelle et de poursuivre une recherche sur un thème particulier de manière plus soutenue, dit-elle en vidéoconférence. Comme j’avais déjà fait un retour aux études à la maîtrise en muséologie à l’UdeM il y a 10 ans [Dominique Trudeau est aussi titulaire d’un diplôme de deuxième cycle en enseignement artistique ou art education de l’Université Concordia], j’ai contacté des professeurs et des experts rencontrés dans le cadre de mon travail. En discutant avec eux, je me suis mise à réfléchir au geste créatif que pose le programmeur en produisant une œuvre numérique. Je me suis dit: il y a quelque chose là.»   

L’université: une mine de ressources

Elle l’avoue d’emblée, les débuts ont été ardus et elle a dû revoir ses outils méthodologiques de recherche. Ainsi, elle a suivi les ateliers donnés par les bibliothèques de l’UdeM pour acquérir des stratégies d’apprentissage – gestion du temps, recherche bibliographique, automatisation de mise en forme des mémoires et des thèses, etc. «Ces ressources sont d’une incroyable richesse, indique-t-elle, admirative. Je suis habituée au marché du travail où toute consultation est tarifée. Dans le cadre de ma maîtrise, je peux bénéficier des compétences d’une bibliothécaire spécialisée. Il ne faut pas tenir ça pour acquis et, surtout, il faut en profiter!»

Des échanges intergénérationnels fructueux

Gabrielle Côté, étudiante en muséologie et histoire de l'art, et Dominique Trudeau

Au fil des cours, elle a découvert des théories de la sociologie de l’art qui lui ont permis de mieux comprendre des situations vécues dans le monde culturel. Pour un travail de session, elle a été appelée à monter une exposition avec une jeune étudiante «très consciencieuse et ouverte d’esprit». «On formait une équipe olympique! Malgré la différence d’âge, chacune apportait de l’eau au moulin. C’est un plaisir de travailler avec des jeunes et de les écouter parce que le monde change, remarque la mère de deux jeunes adultes. De leur côté, les étudiants ont envie d’entendre parler de mon expérience sur le terrain. On s’entraide beaucoup.»

Voilà ce qui la réjouit le plus de son retour sur les bancs d’université et de sa participation au conseil d’administration d’Intergénérations Québec, un réseau d’action de solidarité qui favorise le rapprochement entre les personnes de toutes les générations à travers différentes initiatives communautaires. Alors surtout, n’allez pas lui parler de l’université du troisième âge! «Ce serait se priver d’une belle diversité», croit-elle.

Maintenir ses synapses en ébullition

Dominique Trudeau n’est pas la seule à réinvestir les lieux de savoir sur le tard. Pour la dernière année universitaire qui s’est déroulée à distance, l’UdeM compte 385 étudiantes et étudiants de plus de 55 ans inscrits au baccalauréat, à la maîtrise et au doctorat, dont plus de la moitié sont des femmes. Chaque personne a son parcours et ses raisons. «Le sentiment de faire partie d’un groupe, c’est formidable, surtout lorsqu’on prend une pause professionnelle. Physiquement, le fait d’avoir des échéances et des choses à faire rend plus actif. Mentalement, ça garde aussi plus allumé. On ne lit pas les journaux de la même façon. Je diversifie les sources d’information et je me mets au défi de penser autrement.»

Le mémoire et après

Sur le point de rédiger son mémoire, elle songe ensuite à enseigner au cégep ou encore à mettre à profit son expertise en arts numériques dans des galeries d’art. Et bien sûr à aider des jeunes à intégrer la profession dans un désir de passation entre les générations. «Ma maîtrise, je la fais d’abord par passion et aussi pour m’ouvrir des horizons. Je veux faire des choses qui me font tripper et qui me mettent en contact avec des jeunes. Ça prend une certaine ouverture d’esprit et la capacité de se remettre en question. Moi, ça me nourrit.» 

Encadré

Pour faciliter le retour aux études, le Régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP) du gouvernement du Canada permet de retirer des sommes de son REER pour financer ses études sans payer d’impôts. Il est possible de retirer jusqu’à 10 000 $ par année pour un maximum de 20 000 $. Le programme de prêts et bourses, non lié à l'âge, peut aussi être fort utile dans un contexte de réorientation de carrière qui exige un retour aux études à temps plein.