Immersion dans l’eau: une façon de démédicaliser l’accouchement?

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Selon une étude récente, une majorité de femmes seraient ouvertes à l’accouchement dans l’eau, tant qu’il est sécuritaire pour le bébé. Or, cette option aux bienfaits multiples est très peu offerte.

L’immersion dans l’eau lors de l’accouchement présenterait un intérêt pour environ 80 % des femmes, à condition que cette procédure soit sans risque pour leur nouveau-né. C’est la conclusion d’une enquête québécoise menée auprès de plus de 1000 femmes par Thomas G. Poder, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, et ses collègues de l’Université de Sherbrooke.

Il s’agit de la première étude qui évalue les préférences des femmes en matière d’immersion dans l’eau pendant le travail et l’accouchement en utilisant la méthode des choix discrets expérimentaux, une approche quantitative qui permet de cerner l’influence de différentes caractéristiques dans la prise de décision.

«Notre étude fournit des indications en faveur de l’immersion dans l’eau, une option principalement offerte dans les maisons de naissance et à domicile, et très rarement en milieu hospitalier, là où la majorité des femmes souhaitent accoucher, indique Thomas G. Poder. Ces résultats invitent donc à une diversification des services dans les soins obstétricaux.»

Mieux comprendre…

L’étude révèle ainsi que les femmes sont généralement favorables au travail ou à l’accouchement dans l’eau, et qu’il serait donc intéressant de leur proposer cette formule afin d’«orienter les soins et les services vers leurs besoins et leurs préférences», note le chercheur.

Mais les hôpitaux n’offrent que rarement cette possibilité. Et Thomas G. Poder pense que l’élargissement des soins passe d’abord par l’éducation, tant des femmes que des professionnelles et professionnels de la santé.

«Il y a une méconnaissance à l’égard de l’accouchement dans l’eau, plusieurs estimant qu’il s’agit d’une technique “singulière”. Nous pensons donc qu’il faut mieux informer les femmes à ce sujet et que les médecins devraient être mieux outillés pour documenter les risques et les avantages de cette procédure», dit-il.

… pour mieux autonomiser les femmes

Thomas G. Poder

Thomas G. Poder

Crédit : Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal

L’immersion dans l’eau de la femme enceinte pendant le travail et surtout la naissance a pour but de faciliter le passage du nouveau-né du liquide amniotique vers le monde extérieur.

Les principaux avantages de cette pratique sont d’augmenter le confort et la relaxation de la mère et d’ainsi réduire la douleur, le besoin d’analgésiques, les déchirures périnéales (la chaleur permettant de détendre les tissus périnéaux), les manœuvres instrumentales et, par extension, la durée du travail.

Pour Thomas G. Poder, outre les bienfaits cliniques, l’immersion dans l’eau, lorsque ses aspects techniques et sécuritaires sont couverts, permet aux femmes de se réapproprier leur corps et leur accouchement. «L’accouchement est devenu très médicalisé et le recours à l’eau sort cette étape de vie importante du domaine purement clinique en campant les femmes dans un environnement plus attentif à leurs besoins. C’est une façon de reprendre le pouvoir sur sa destinée», mentionne-t-il.

S’il existe des risques – inhalation d’eau par le nouveau-né, infection, visibilité réduite du périnée –, le chercheur souligne que, selon la littérature scientifique, ils restent minimes et peuvent se comparer à ceux d’un accouchement classique sous une supervision adéquate.

«Le recours au bain n’est pas recommandé pour un accouchement par le siège par exemple, mais pour l’ensemble des accouchements dits à faible risque, il est très sécuritaire, croit-il. Il s’agit simplement d’élargir les esprits de tous pour que davantage de bains soient implantés dans les structures sanitaires et que les préférences des femmes soient entendues.»

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