La consommation de cannabis altère des fonctions du cerveau

Crédit : Getty

En 5 secondes

Une méta-analyse de la littérature scientifique menée par l'UdeM met en évidence plusieurs domaines de la cognition altérés par la consommation de cannabis.

La consommation de cannabis entraîne des troubles cognitifs aigus qui peuvent se poursuivre au-delà de la période d'intoxication, selon une revue scientifique systématique effectuée à l’Université de Montréal et publiée aujourd'hui dans Addiction.

Dirigée par Alexandre Dumais, professeur agrégé de psychiatrie clinique, la métarevue – une revue des revues – a fusionné les résultats de 10 méta-analyses représentant plus de 43 000 participants.

L'étude a révélé que l'intoxication au cannabis entraîne des déficiences cognitives de légères à modérées dans des domaines tels que:

  • la prise de décision,
  • la suppression des réponses inappropriées,
  • l'apprentissage par la lecture et l'écoute,
  • la capacité à se souvenir de ce qu'on lit ou entend,
  • le temps nécessaire pour accomplir une tâche mentale.

Les effets néfastes persistent

Ces déficiences aigües, ainsi que d'autres, reflètent les effets résiduels documentés pour la consommation de cannabis, ce qui indique que les conséquences néfastes du cannabis commencent pendant sa consommation et persistent au-delà de cette période, a déclaré le Dr Dumais, qui exerce à l'Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel.

«Notre étude nous a permis de mettre en évidence plusieurs domaines de la cognition altérés par la consommation de cannabis, notamment des problèmes de concentration, ainsi que des difficultés de mémorisation et d'apprentissage, qui peuvent avoir des répercussions considérables sur la vie quotidienne des utilisateurs», a-t-il mentionné.

«La consommation de cannabis chez les jeunes peut donc entraîner une baisse des résultats scolaires et, chez les adultes, de mauvaises performances au travail et une conduite automobile dangereuse», a ajouté le Dr Dumais, chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, affilié à l'UdeM.

Le chercheur souligne en outre que ces conséquences pourraient être plus graves chez les consommateurs réguliers et les gros consommateurs.

Surtout les adolescents et les jeunes adultes

Le cannabis est la substance psychoactive la plus consommée dans le monde après l'alcool et la nicotine, les adolescents et les jeunes adultes en étant les plus gros consommateurs. L'évolution récente de la légalisation du cannabis dans le monde laisse penser que le public est désormais plus conscient des risques pour la santé que présente cette drogue.

Il est donc important de comprendre les risques cognitifs liés à la consommation de cannabis, en particulier pour les jeunes, dont le cerveau subit d'importants changements développementaux, estiment le Dr Dumais et son équipe de recherche.

«En termes pratiques, des recherches plus approfondies sont encore nécessaires pour déterminer les autres déficiences cognitives causées par la consommation de cannabis», a dit Laura Dellazizzo, étudiante au doctorat à l'Université de Montréal et première auteure de l’étude.

«Entretemps, a-t-elle poursuivi, des mesures préventives et interventionnelles visant à éduquer les jeunes sur la consommation de cannabis et à les décourager de consommer cette substance de manière chronique devraient être envisagées, car les jeunes restent particulièrement sensibles aux effets du cannabis.»

Pour sa méta-analyse, l’équipe a parcouru les moteurs de recherche scientifique PubMed, PsycInfo, Web of Science et Google Scholar afin de catégoriser les processus cognitifs: fonctions exécutives, apprentissage et mémoire, attention, vitesse de traitement, fonction motrice perceptive et langage.

Ce n'est que pour ce dernier domaine qu'elle n'a trouvé aucune différence significative entre les consommateurs et les non-consommateurs de cannabis. Elle n'a pas non plus constaté d'effets résiduels significatifs à long terme sur les capacités motrices simples, comme la dextérité manuelle, après 25 jours de non-consommation.

À propos de cette étude

L’article «Evidence on the acute and residual neurocognitive effects of cannabis use in adolescents and adults: a systematic meta-review of meta-analyses», par Alexandre Dumais et ses collègues, a été publié le 20 janvier 2022 dans la revue Addiction.

Relations avec les médias

Sur le même sujet

recherche santé mentale drogue