Un prix international pour une étudiante de maîtrise

Anne-Sophie Gignac

Anne-Sophie Gignac

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Une étudiante de maîtrise en anthropologie remporte le prix du Council on Anthropology and Reproduction 2021, affilié à l’American Anthropological Association.

«C’est une grande fierté», affirme d’emblée Anne-Sophie Gignac, étudiante de maîtrise en anthropologie à l'Université de Montréal sous la direction de Pierre Minn. Ce prix international est remis pour un texte étudiant rédigé au deuxième ou au troisième cycle. Le bassin de potentiels lauréats ou lauréates était donc très large. L’étudiante figure parmi les rares Canadiens à s’être vu attribuer un prix en décembre dernier et elle est la seule dans la population étudiante participante à être rattachée à une université québécoise. Rappelons que l’American Anthropological Association est la plus grande association dans la discipline; elle compte au-delà de 10 000 membres et plusieurs groupes d’intérêts et sous-sections, dont le Council on Anthropology and Reproduction.

C’est son directeur de maîtrise qui a poussé Anne-Sophie Gignac à soumettre un texte. «Elle a abordé le sujet de la reproduction de manière vraiment originale. Son travail m’impressionnait beaucoup», confie Pierre Minn, professeur au Département d’anthropologie de l'UdeM et spécialisé en anthropologie médicale. Le texte gagnant résumait la maîtrise de l’étudiante. «C’était le premier article que j’écrivais et, de plus, en anglais. C’était un beau défi», dit la lauréate. Le prix s’accompagnait d’une bourse de 250 $ US, même si la récompense principale «était surtout la reconnaissance», ajoute-t-elle.

Phénomène en émergence

Le prix est particulièrement symbolique pour la jeune femme, comme l’organisme qui le remet est directement en lien avec son sujet de mémoire. L’article soumis pour le concours résumait la recherche de l’étudiante à propos des femmes québécoises sans enfants et ayant subi une stérilisation volontaire et irréversible. «C’est un phénomène nouveau qui va prendre de l’ampleur dans l’avenir», souligne M. Minn.

«J’ai voulu suivre le parcours de ces femmes, autant au sein du système de santé que dans leur entourage, jusqu’à la stérilisation», explique Mme Gignac. Elle a relevé l’émergence d’une identité forte à la suite de ce parcours complexe et semé d’embûches pour ces femmes qui vivent la stérilisation comme une forme de biopouvoir.

Son propre travail sur le terrain a connu son lot de difficultés, avec l’arrivée brutale de la pandémie. «Plus rien n’était possible; j’ai décidé de me tourner vers les entrevues par Zoom», se souvient celle qui a aussi fait un baccalauréat en anthropologie à l’UdeM. Il a ensuite fallu gagner la confiance des femmes recrutées par l’intermédiaire de groupes Facebook. «Elles étaient craintives parce qu’elles sont fatiguées de se faire demander pourquoi elles ne veulent pas d’enfants», remarque l'étudiante. Ses recherches ne se sont d’ailleurs pas concentrées sur ces motivations, mais bien sur l’expérience médicale des femmes.

Validation

Le prix était par ailleurs une occasion d’obtenir un écho d’autres spécialistes, puisque seul son directeur a pu prendre connaissance de son mémoire jusqu’à maintenant. «Ce prix est une belle reconnaissance de la validité de mon analyse et de mes résultats», souligne Anne-Sophie Gignac. Les évaluateurs ont également formulé des commentaires en vue d’une publication, une suite que l’étudiante envisage sérieusement.

En attente de l’évaluation de son mémoire, Mme Gignac poursuit sa réflexion sur la suite de son parcours. «Je ne sais pas encore si je désire m’engager dans des études doctorales. J’aimerais peut-être aller chercher une expérience de travail. Mais il y aurait mille autres recherches qui pourraient être faites par rapport à ce sujet», conclut-elle.