Bravo Recherche: des chercheurs de l’UdeM se démarquent

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L’Université de Montréal a souligné les grandes réalisations de ses chercheurs et chercheuses le 20 avril, à la cérémonie Bravo Recherche.

L’Université de Montréal a célébré le travail de ses équipes de recherche à la cérémonie Bravo Recherche le 20 avril, tenue de façon virtuelle pour une quatrième fois. La pandémie n’aura pas ralenti les 133 chercheurs et chercheuses dont le travail exceptionnel a été souligné. Ils se sont vu attribuer des chaires de recherche du Canada (14 obtentions, 7 renouvellements), des chaires industrielles (2), des subventions majeures (8), des chaires philanthropiques (12 obtentions, 12 renouvellements), des prix québécois (25), des prix canadiens (38) et des prix internationaux (15).

Certaines réalisations ont particulièrement retenu l’attention d’UdeMNouvelles, qui s’est entretenu avec quatre chercheurs.

Antoine Boivin, du Département de médecine de famille et de médecine d’urgence de la Faculté de médecine

Antoine Boivin

Antoine Boivin

Crédit : Bonesso-Dumas

Antoine Boivin a été reconduit à la tête de la Chaire de recherche du Canada sur le partenariat avec les patients et le public.

 

Quels ont été les principaux projets des cinq premières années de votre chaire?

Je suis toujours un peu gêné de parler de mes réalisations: ce sont des réalisations d’équipe et rien de tout cela n’aurait été possible sans la participation des patients.

On a d’abord cofondé avec Vincent Dumez le Centre d’excellence sur le partenariat avec les patients et le public. Le Centre, codirigé avec des patients, est rapidement devenu l’un des principaux organismes en matière d’engagement des patients au Canada et a été l’hôte du 1er Sommet international sur le partenariat avec les patients et le public à Montréal en 2019.

La Chaire a pour mission principale de développer la science du partenariat. Le partenariat, c’est à la fois une relation, un art et une science. Le volet scientifique et évaluatif est primordial pour s’assurer qu’on suit les meilleures pratiques et que les patients ont une véritable place dans le processus. La première réalisation de la Chaire a été la mise sur pied du projet de recherche-action Communauté soignante avec Ghislaine Rouly, une patiente partenaire, qui est paire accompagnatrice depuis 50 ans. On a réalisé qu’on soignerait mieux ensemble: souvent, les gens viennent me consulter pour des symptômes qui n’ont rien à voir avec un problème médical et qui demandent une réponse autre qu’un médicament. Les pairs accompagnateurs ont une expérience significative de vie et s’engagent comme des alliés pour offrir de l’écoute et de l’accompagnement, et favoriser la mise en relation avec des personnes du système de santé et de la communauté.

 

Sur quoi les travaux de la Chaire porteront dans les cinq prochaines années?

On veut établir des partenariats avec des personnes et des communautés marginalisées, qui sont exclues des processus d’engagement, par exemple les personnes en situation d’itinérance. Nos travaux montrent que, malgré un parcours de vie très difficile, ces individus possèdent une expérience et des forces acquises à travers ces épreuves.

Le deuxième volet du renouvellement est le passage de l’engagement individuel à l’engagement collectif. Ce qui se fait beaucoup maintenant dans le système de santé, c’est d’inviter une ou deux personnes à siéger à un comité. Il faut plutôt bâtir des communautés d’expertise et d’influence qui travailleront ensemble pour agir sur les grands déterminants sociaux et environnementaux de la santé.

 

 

Gérard Beaudet, de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de la Faculté de l’aménagement

Gérard Beaudet

Gérard Beaudet

Crédit : Amélie Philibert

Gérard Beaudet a remporté le prix Ernest-Cormier, remis par le gouvernement du Québec.

 

Le prix Ernest-Cormier souligne votre contribution remarquable dans le domaine de l’aménagement du territoire. Qu’est-ce qui a marqué votre carrière?

J’ai une formation en architecture et en urbanisme. J’ai commencé ma vie professionnelle à la Société technique d’aménagement régional. À l’époque, je n’envisageais aucunement une carrière universitaire, mais la question du bien commun m’a toujours animé et l’université confère une position avantageuse si l’on a le goût d’être sur la place publique, de participer aux réflexions sur les grands enjeux de société et aux débats publics. Je considère que le traitement qu’on nous accorde comme universitaires justifie une certaine forme de retour d’ascenseur, donc un engagement citoyen ou à titre d’experts à travers notamment une présence dans les médias, qui est une des grandes caractéristiques de mon parcours.

 

Quels sont les enjeux sur lesquels vous aimeriez travailler dans les prochaines années?

Il y en a plein! D’entrée de jeu, on m’associe souvent au patrimoine, mais j’ai aussi touché à la mobilité, au récréotourisme… Les questions d’urbanisme métropolitain m’intéressent depuis longtemps, d’où l’écriture de deux livres récemment, le premier sur la banlieue et la sururbanisation de la région métropolitaine de Montréal, et un autre sur les grands enjeux du transport collectif dans la Communauté métropolitaine de Montréal, surtout en banlieue. La question des paysages a aussi retenu mon attention, et j’ai collaboré à plusieurs travaux avec la Chaire en paysage et environnement de l’UdeM. Or, ces thématiques restent d’une grande actualité.

Je me considère comme un généraliste, mais je dis à la blague que mon travail est teinté par le fait qu’outre mes deux formations en architecture et en urbanisme j’ai eu de «mauvaises fréquentations» en travaillant avec des géographes. Les géographes avec qui j’ai été en contact m’ont beaucoup influencé, ils m’ont même incité à passer de l’architecture à l’urbanisme. Je pense que ces trois points de vue sur le territoire rendent compte pour une bonne part de ce que je suis comme aménagiste.

Rosanne Blanchet, du Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’UdeM

Rosanne Blanchet

Rosanne Blanchet

Crédit : Université de Montréal

Rosanne Blanchet a reçu la bourse Alice-Wilson, de la Société royale du Canada.

 

Qu’est-ce que cette bourse canadienne a souligné?

J’ai obtenu la bourse Alice-Wilson pour mes travaux réalisés au cours de mon deuxième stage postdoctoral à la Cumming School of Medicine de l’Université de Calgary. Le projet pour lequel j’ai été récompensée  examine comment et pourquoi l’accès aux aliments et à l’alimentation chez les personnes issues de groupes raciaux ou ethniques minoritaires a changé pendant la pandémie de COVID-19 au Canada et comment ces personnes ont vécu ce changement. On veut aussi leur demander quelles mesures sont les plus importantes pour améliorer les stratégies en alimentation et la santé de leurs groupes au Canada.

Ce projet se poursuit; on est sur le point de commencer le recrutement pour des entrevues qualitatives. On analysera également les données quantitatives d’une étude qui a eu lieu pendant la pandémie pour voir l’évolution dans les tendances.

 

Sur quoi souhaitez-vous vous pencher dans l’avenir?

Ce qui m’a toujours intéressée, c’est de comprendre pourquoi les gens ont certaines habitudes alimentaires et comment les modifier pour qu’ils aient une alimentation plus saine, qu’ils vivent en meilleure santé et plus longtemps. L’une des façons d’y arriver est de s’assurer qu’ils ne vivent pas d’insécurité alimentaire. Cette préoccupation est en filigrane dans ma carrière. Je m’intéresse aux groupes autochtones, issus de l’immigration, aux minorités ethnoraciales parce qu’ils font face à des barrières quand il est question d’alimentation saine au Canada. Je veux comprendre les mécanismes qui perpétuent ces inégalités sociales sur les plans de la nutrition et de la santé. Et j’espère que ma recherche contribuera à améliorer les stratégies, les programmes et les politiques pour réduire ces inégalités.

Je viens d’ailleurs de demander une subvention pour un autre projet qui portera sur l’insécurité alimentaire chez les travailleurs immigrants temporaires dans notre système alimentaire au Québec – les milieux agricoles, les usines de transformation alimentaire, les abattoirs. Ce sont ces travailleurs qui nous permettent de manger, mais ont-ils un accès à la nourriture qu’ils contribuent à produire? On ne le sait pas; on accueille au Canada un nombre croissant de ces travailleurs, mais on ne connaît pas leurs conditions de vie.

Laurence Perreault-Levasseur, du Département de physique de la Faculté des arts et des sciences

Laurence Perreault-Levasseur

Laurence Perreault-Levasseur

Crédit : MILA

Laurence Perreault-Levasseur a obtenu une subvention de la Simons Foundation.

 

Qu’est-ce qui vous a valu cette importante subvention?

La subvention qu’on a reçue provient d’un grand programme ouvert à toutes les disciplines des mathématiques et des sciences physiques. C’est un programme de recherche très ambitieux sur huit ans auquel plusieurs établissements doivent collaborer.

J’ai moi-même une expertise en élaboration de méthodes d’apprentissage automatique appliquées à l’astrophysique, un domaine encore peu exploité. Après un doctorat à l’Université de Cambridge, en Angleterre, j’ai commencé à m’intéresser aux méthodes d’intelligence artificielle et à l’apprentissage automatique dans le cadre d’un postdoctorat à l’Université Stanford. Les méthodes d’intelligence artificielle ne sont pas souvent appliquées aux données astrophysiques, et j’ai vu le potentiel qu’il y avait.

 

Que vous permettra d’accomplir cette subvention?

Dans la prochaine décennie, de nombreux observatoires entreront en fonction. Le but de ces nouveaux télescopes est de produire des données pour répondre à des questions fondamentales, notamment celles sur la nature de l’énergie sombre, de la matière noire. Obtenir des réponses à ces questions est primordial parce que ces composantes forment à peu près 95 % de l’énergie qui compose l’Univers et l’on n’a aucune idée de ce qu’elles sont.

Ces télescopes généreront un volume incroyable de données. Un seul de ces nouveaux observatoires produira un flot de données aussi important qu’Internet aujourd’hui. On devra les analyser, mais les chercheurs se sont rendu compte que les méthodes d’analyse traditionnelles ne permettent pas de tirer le maximum d’information de ces données. Il faut donc une transformation radicale des méthodes d’analyse qu’on utilise en astrophysique et c’est là que les progrès récents en intelligence artificielle et en apprentissage profond sont intéressants. Mes travaux ont montré l’immense potentiel de ces avancées pour extraire le maximum d’information des données produites. Le programme de recherche avec la Simons Foundation s’inscrit dans cet esprit. On veut extraire de ces données le maximum d’information pour construire une carte en 3D de notre univers, tel qu’il était il y a environ 400 000 après sa naissance. C’est un énorme défi!

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