Danielle Dagenais: quand les végétaux s’invitent dans le design et l’urbanisme
- UdeMNouvelles
Le 21 avril 2022
- Béatrice St-Cyr-Leroux
À l’occasion du Jour de la Terre, nous sommes allés rencontrer la professeure de la Faculté de l’aménagement Danielle Dagenais, spécialiste des installations vertes et de la phytotechnologie.
Elle est agronome, titulaire d’une maîtrise en génie de l’environnement et d’un doctorat en aménagement. Elle a été chroniqueuse horticole au journal Le Devoir et à Radio-Canada. Elle est spécialiste des végétaux et de leurs bienfaits environnementaux et sociaux.
La directrice de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, Danielle Dagenais, a autant de cordes à son arc qu’il y a de feuilles dans un arbre (ou presque).
Multidisciplinarité et collaboration
Danielle Dagenais est fondatrice du nouveau laboratoire sur les infrastructures vertes et bleues. Elle est également chercheuse associée à la Chaire en paysage et environnement de l’Université, à la Chaire UNESCO en paysage urbain de l’UdeM et à l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV).
Ses recherches actuelles se situent à la jonction des sciences naturelles et des sciences sociales. Elles portent sur l’implantation de solutions basées sur la nature – les installations vertes et la phytotechnologie – en milieu urbain tout en s’intéressant aux relations entre les individus et les paysages.
Ses projets et ceux des étudiantes et des étudiants qu’elle supervise concernent par exemple la gestion des eaux pluviales dans les villes grâce à des systèmes végétalisés ou encore la valorisation des installations vertes et bleues auprès des populations locales.
«Mon équipe de recherche et moi revendiquons beaucoup la transdisciplinarité, indique Danielle Dagenais. L’implantation d’une installation verte ou bleue fait appel à plusieurs domaines. Il faut penser les systèmes d’un point de vue technique, mais la perception de ces ouvrages, l’acceptabilité sociale et la question de l’équité doivent aussi être prises en compte.»
Travailler en amont, la clé du succès
Comme la réalisation de projets de verdissement des lieux mobilise une multitude d’équipes aux expertises variées, Danielle Dagenais fait de la planification un de ses chevaux de bataille.
«Quand on planifie adéquatement des installations utilisant les végétaux les plus performants, on peut mettre en place le meilleur système au meilleur endroit pour avoir un maximum d’avantages», mentionne-t-elle.
À ce chapitre, la professeure participe actuellement à la mise en œuvre d’un outil créé par des collègues de Polytechnique Montréal, de l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau de Zurich et de l’Université Laval pour aider les municipalités à planifier la construction d’installations vertes qui tiennent compte des critères techniques, environnementaux et sociaux.
«Souvent, le choix des villes de bâtir certaines installations n'est pas totalement ad hoc. “Nous refaisons cette rue, alors pourquoi ne pas y ajouter une saillie drainante en même temps?” illustre-t-elle. Mais il arrive que ces ajouts auraient été plus opportuns dans la rue voisine parce que, disons, les gens qui y habitent sont plus vulnérables et en bénéficieraient davantage. D’où l’importance d’établir un plan qui examine tous les enjeux.»
Pourquoi les installations vertes?
À titre de membre fondatrice de la Société québécoise de phytotechnologie, Danielle Dagenais croit aux bienfaits liés à l’utilisation des végétaux pour résoudre des problèmes environnementaux et s’adapter aux changements climatiques. En collaboration avec un collègue de l’IRBV, elle mène d’ailleurs plusieurs projets qui visent à désigner les caractéristiques des végétaux performants pour les systèmes de gestion des eaux pluviales.
Selon elle, le principal avantage de ces systèmes réside dans leur multifonctionnalité. D’une part ils remplissent leur fonction première, par exemple la rétention, l’infiltration et le traitement des eaux pluviales, et d’autre part ils peuvent réduire les îlots de chaleur, accroître la biodiversité, favoriser les pollinisateurs, freiner l’érosion, séquestrer du carbone, mais aussi améliorer le cadre de vie des habitants et contribuer à diminuer le stress.
«Dans une même petite portion de terrain, on additionne les bienfaits. Et c’est particulièrement pertinent dans une perspective de rareté des espaces urbains, de développement durable et de résilience», conclut-elle.
D’autres exemples de phytotechnologie
- Toits verts
- Systèmes de biorétention, comme les marais filtrants
- Techniques de stabilisation des pentes et des berges
- Plantations d’arbres pour lutter contre les îlots de chaleur
- Phytoremédiation: utilisation des plantes pour décontaminer les sols, l’eau ou l’air
- Haies brise-vents