Maximiser les avantages des infrastructures bleues et vertes
- UdeMNouvelles
Le 30 avril 2025
- Catherine Couturier
La professeure de la Faculté de l’aménagement Danielle Dagenais veut aider les villes à mieux planifier en amont la construction d’infrastructures vertes et bleues.
«Les villes ont une planification assez ad hoc des infrastructures vertes», constate Danielle Dagenais, professeure à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal et chercheuse à l’Institut de recherche en biologie végétale. Le plus souvent mises en place lors de la réfection d’une rue, les infrastructures vertes et bleues gagneraient parfois à être mieux planifiées. «Quand on construit une infrastructure, idéalement elle devrait avoir plusieurs usages parce qu’un terrain en ville, c’est quelque chose de précieux», affirme-t-elle. Gestion et rétention des eaux pluviales, diminution des îlots de chaleur, amélioration du cadre de vie des résidants: ces installations peuvent en effet comporter plusieurs avantages.
Pour aider les villes dans cette planification, la professeure a travaillé en collaboration avec Françoise Bichai, de Polytechnique Montréal, et Martijn Kuller, maintenant professeur à l’Université d’Utrecht, pour adapter un outil que ce dernier avait conçu et testé durant ses travaux doctoraux à Melbourne, en Australie. «Nous nous sommes demandé s’il ne serait pas plus simple d’adapter un outil existant plutôt que d’en concevoir un nouveau», remarque Danielle Dagenais. Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans la prestigieuse revue Landscape and Urban Planning.
Une approche interdisciplinaire
En s’appuyant sur les travaux de Martijn Kuller aux Pays-Bas et sur les partenariats noués entre Françoise Bichai et la professeure Dagenais, les chercheurs et leurs étudiants et étudiantes ont procédé à la restructuration de l’outil pour l’appliquer aux situations d’une ville de taille moyenne (Trois-Rivières) et d’une métropole (Montréal) et ainsi évaluer s’il pourrait être utilisé dans toutes les villes québécoises.
En plus d’adapter le logiciel, l’équipe de recherche a organisé des ateliers pour valider une liste d’objectifs avec des parties prenantes. «Nous voulions déterminer des éléments mesurables et spatiaux. Il faut préciser que nous essayons de trouver les emplacements les plus appropriés pour répondre à une multitude de critères, mais nous ne faisons pas de design comme tel», souligne Danielle Dagenais.
Il en est ressorti une série d’objectifs à considérer lors de la décision, qui prennent en compte les besoins (augmentation de la biodiversité, réduction de la pollution de l’eau, diminution de la vulnérabilité aux changements climatiques) tout comme les occasions d’implantation d’une infrastructure verte et bleue (terrain à bon prix, facilité d’intégration, etc.).
Pour plus de communication
Ce projet de recherche aura permis à plusieurs intervenants de s’asseoir à la même table et d’échanger. L’équipe invitait les participants à écrire leurs propres objectifs, avant même d’avoir vu ceux des chercheurs. Trente-sept personnes ont été réunies dans un premier temps en janvier 2023. Deux autres ateliers regroupant des acteurs propres à chaque contexte urbain ont ensuite été organisés. Les consensus dégagés étaient finalement validés par les parties prenantes, puis synthétisés par l’équipe de recherche.
«C’est surprenant de voir à quel point les professionnels des villes n'ont pas beaucoup l'occasion d'échanger, même dans les petites municipalités», note Danielle Dagenais. Le modèle élaboré facilite cette discussion pour ultimement aider à la planification et à la décision. «Cela contribue à débroussailler les possibilités en planification. Nous voulons passer d’une planification opportuniste en silo à une planification interservices, qu’on va voir venir», avance Danielle Dagenais.
On espère ainsi que les infrastructures vertes et bleues serviront au-delà de la rétention des eaux de pluie: augmentation de la biodiversité, création de lieux végétalisés accessibles, réduction des îlots de chaleur, verdissement d’environnements matériellement désavantagés. «C’est l’intérêt de l’outil, qui permet de prendre en compte toutes ces dimensions en même temps et de réduire la charge mentale des planificateurs», résume-t-elle.
À propos de cette étude
L’article «Can we stop reinventing the wheel in blue-green infrastructure planning? Using value-focused thinking to enable transferability of a multicriteria planning support system», par Danielle Dagenais et ses collègues, a été publié dans la revue Landscape and Urban Planning.