Constant Awashish lance un appel à la réconciliation
- UdeMNouvelles
Le 12 mai 2022
- Virginie Soffer
Le grand chef du Conseil de la Nation Atikamekw, Constant Awashish, est venu s’exprimer à l’UdeM au sujet de l’autodétermination des peuples autochtones pour réduire les inégalités.
«Mon devoir en tant que grand chef n’est pas seulement de faire de la représentation auprès des gouvernements et de défendre les droits de mes membres et l’intégrité du territoire, il consiste également à sensibiliser la population en général aux réalités autochtones», a déclaré à l’Université de Montréal le grand chef du Conseil de la Nation Atikamekw, Constant Awashish, invité le 28 avril à prononcer une conférence sur l’autodétermination des peuples autochtones.
«Il s’agit de bâtir à l’Université de Montréal des relations harmonieuses avec les peuples autochtones», a dit pour sa part Samuel Rainville, conseiller aux relations avec les Premiers Peuples à l’UdeM. Ses propos étaient appuyés par ceux de Michel Janosz, doyen de la Faculté de l’éducation permanente: «Les voies de la réconciliation sont nombreuses et certainement très sinueuses. J’ai la conviction qu’elles doivent avoir affaire avec l’ouverture du cœur et de l’esprit, une ouverture qui doit se baser sur une connaissance honnête de soi et de l’autre.»
Au commencement: des alliés, des partenaires, des collaborateurs
Lorsque les premiers Européens sont arrivés au Canada en 1534 avec Jacques Cartier, les Autochtones les ont accueillis avec bienveillance. «Nos ancêtres les ont aidés et leur ont montré comment survivre en leur apprenant à chasser et pêcher sur des territoires qu’ils connaissaient. Ils les ont amenés dans nos communautés, dans nos villages. Certains se sont mariés avec des Autochtones et il y a eu alors beaucoup de métissage. Autochtones et Européens étaient alors des alliés, des partenaires dans cette nouvelle aventure. Et ce, sur les plans tant commercial que militaire», a rappelé Constant Awashish.
C’est un premier exemple de pluralisme juridique au Canada: les systèmes juridiques autochtone et européen cohabitaient alors, une référence au Two Row Wampum Treaty ou traité des «voies parallèles», qui a été rendu caduc.
Un tournant majeur au 19e siècle
«Imaginez: vous accueillez une personne chez vous et lui proposez de l’héberger. Elle choisit la chambre la plus spacieuse de votre maison. Elle s’y sent tellement bien qu’elle y invite ses amis. Ils restent là et peu à peu s’installent dans les autres pièces jusqu’à vous chasser, vous et votre famille. Puis ils déclarent juridiquement, sans vous consulter, que c’est leur maison. C’est ce que nous avons ressenti lorsque les Européens ont pris possession des terres où nous vivions jusqu’alors. Cette terre mère, cette terre de nos ancêtres, nous ne l’avons jamais cédée et nous y sommes profondément attachés», a expliqué Constant Awashish.
En 1867, à la création de la Confédération canadienne, les Autochtones n’ont pas été invités à y prendre part. L’article 91(24) a donné au gouvernement fédéral le pouvoir de légiférer à l’égard des Autochtones avec l’Acte des sauvages devenu par la suite la Loi sur les Indiens. Certaines terres leur sont notamment attribuées et ils sont contraints de vivre dans ces réserves. Le Département des Affaires indiennes a également encouragé l’établissement des pensionnats pour Autochtones dès le début du 19e siècle pour les évangéliser et les assimiler. Les Atikamekws ont fréquenté ces pensionnats plus tard, de 1955 jusqu’aux années 1990.
«Il est essentiel de connaître cette histoire pour pouvoir aujourd’hui déconstruire les préjugés sur les Autochtones et ne pas les voir qu’à travers le prisme de la crise d’Oka», a mentionné Constant Awashish.
Retrouver cet esprit collaboratif initial
On manque de main-d’œuvre au Canada, notamment dans les secteurs industriel et agricole. Les Atikamekws seraient ravis de pourvoir ces postes s’ils développaient un sentiment d’appartenance à la nation canadienne, a indiqué Constant Awashish: «En économie, tout est interrelié. Nous aimerions retrouver cet esprit d’alliance, de fratrie pour pouvoir travailler ensemble au bénéfice de la collectivité. Notre objectif est de reprendre notre place dans la société en tant qu’alliés, collaborateurs et partenaires. Nous aimerions également être des alliés dans la défense de nos ressources naturelles. Il y a 40 ans, lors de la Révolution tranquille, les Québécois français réclamaient les mêmes droits que les anglophones. Aujourd’hui, nous devons penser à la devise du Québec, Je me souviens, et l’appliquer aux Premières Nations dans un esprit de réconciliation.»
Autres conférences
La Faculté de l’éducation permanente organise d’autres conférences sur les réalités autochtones: https://fep.umontreal.ca/a-propos/autochtones.