L’œil de Jupiter, par Tristan Malavoy

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Gagnant du prix France-Québec 2021, L’œil de Jupiter écrit par Tristan Malavoy suit les parcours d’une jeune Acadienne au 18e siècle et d’un professeur d’histoire au cégep en Nouvelle-Orléans.

Gagnant du prix France-Québec 2021, L’œil de Jupiter, suit les parcours d’une jeune Acadienne au 18e siècle et d’un professeur d’histoire au cégep. Après avoir démissionné, l’enseignant se rend à La Nouvelle-Orléans et y rencontre une femme énigmatique s’exprimant dans un français indéfinissable. Leur passé, fait de mystères, ressurgit ainsi que celui, bien plus vaste, de cette ville improbable érigée sur les bayous louisianais. 

Les diplômés: En choisissant pour personnage principal un professeur d’histoire, avez-vous souhaité faire remonter à la surface des épisodes oubliés?

Tristan Malavoy: Un des objectifs de ce roman est en effet de mieux comprendre l’histoire de l’Amérique, qui est une histoire complexe, foisonnante, qui se décide à la fois sur le terrain et dans les cours européennes. Faire de mon personnage principal un professeur d’histoire me permettait de creuser ce champ et d’évoquer par exemple la déportation des Acadiens, l’arrivée de certains d’entre eux à Saint-Domingue, puis à La Nouvelle-Orléans. Je suis moi-même passionné d’histoire et, dans une autre vie, j’aurais très bien pu vouloir enseigner cette matière!

LD: Avez-vous voulu faire sortir de l’oubli Benjamin Banneker?

TM: Oui. J’ai souhaité contribuer à mieux faire connaître, en dehors des États-Unis où il est plus connu, cet astronome et ingénieur noir au parcours exceptionnel. Fils d’esclaves affranchis, il a aidé à faire tomber, dans un 18e siècle profondément raciste, les préjugés selon lesquels les Noirs n’étaient pas les égaux des Blancs. Tout ce que je dis de lui est véridique sur le plan scientifique. Après, je l’ai intégré à la trame romanesque. Il va finir par jouer un rôle discret, mais décisif dans le roman.

LD: Vous avez choisi de faire de La Nouvelle-Orléans une protagoniste du roman.

TM: C’est vrai même si, initialement, ce n’était pas prévu. Je suis allé en Louisiane pour faire des recherches et, assez vite, j’ai réalisé que la ville était une sorte de personnage très riche, bigarré, fait de rêves brisés autant que de nouveaux départs et d’histoires de rédemption. La Nouvelle-Orléans est le lieu de toutes sortes de tempêtes: elle s’apaise, elle s’anime, elle est balayée par les ouragans. Elle est fragile, aussi: elle est cerclée de marécages, sujette aux crues du Mississippi. C’est devenu une grande ville américaine, mais elle demeure bâtie sur des sols instables, au propre comme au figuré.

LD: Les tempêtes traversent votre livre. Avez-vous voulu en faire une réflexion sur la violence des éléments extérieurs et sur celle que nous portons en nous?

TM: Oui, la tempête est l’un des thèmes principaux de ce roman. J’ai voulu évoquer différents types de tempêtes: maritimes, cosmiques, militaires, puis celles que nous portons en nous. Heureusement, la plupart d’entre nous arrivent à canaliser ces tempêtes ou cette violence. Mais si l’on n’était pas aussi bien outillé, qu’est-ce que cela pourrait donner? C’est ce que je me suis demandé en écrivant ce livre. Ainsi, certains des personnages n’arrivent pas à maîtriser l’onde terrible qu’ils ont en eux. J’ai souhaité explorer la façon dont la violence peut se manifester et s’apaiser à la suite de certaines rencontres, introspections et réflexions.

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L’œil de Jupiter

Tristan Malavoy

Littératures de langue française 2021

Boréal, 2020

280 pages 

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