Taux préoccupant de symptômes d’anxiété et de dépression chez les jeunes du secondaire

Selon les chercheuses, 37 % des élèves sondés rapportaient des symptômes prononcés d’anxiété généralisée, tandis que 46 % en éprouvaient des symptômes modérés.

Selon les chercheuses, 37 % des élèves sondés rapportaient des symptômes prononcés d’anxiété généralisée, tandis que 46 % en éprouvaient des symptômes modérés.

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Une étude menée auprès d’élèves du secondaire révèle que plus de la moitié rapportent des symptômes prononcés d’anxiété ou de dépression et 32 % éprouveraient des symptômes d’anxiété de performance.

Selon des données recueillies durant la pandémie de COVID-19 auprès d’élèves de cinq écoles secondaires de Montréal, les adolescents et adolescentes rapportent des manifestations préoccupantes d’anxiété de performance, d’anxiété généralisée, d’anxiété sociale et de dépression.

Par contre, l’anxiété liée à la COVID-19 semble moins présente: parmi les 432 élèves de troisième et de quatrième secondaire qui ont répondu à un questionnaire au cours des années 2020 et 2021, seulement 6 % affirmaient être très anxieux par rapport à la pandémie, tandis que 19 % disaient être moyennement anxieux.

C’est ce qui ressort des travaux de recherche effectués par la doctorante Gabrielle Yale-Soulière, au Département de psychologie de l’Université de Montréal, sous la direction de la professeure Lyse Turgeon.

Cependant, l’anxiété quant à la COVID-19 est associée de façon modérée à des symptômes plus prononcés de dépression, d’anxiété généralisée et d’anxiété sociale. On observe par ailleurs une relation plus faible entre l’anxiété liée à la COVID-19 et le rendement scolaire, selon la doctorante Emmanuelle Ayotte, qui a aussi contribué à cette étude.

Symptômes d’anxiété généralisée, d’anxiété sociale et de dépression

Gabrielle Yale-Soulière

Gabrielle Yale-Soulière

Crédit : Photo de courtoisie

Dans cette étude, 37 % des élèves sondés rapportaient des symptômes prononcés d’anxiété généralisée, tandis que 46 % en éprouvaient des symptômes modérés.

L’anxiété généralisée est caractérisée par des inquiétudes difficiles à calmer et elle s’accompagne de plusieurs symptômes tels que la difficulté à se concentrer, la fatigue, la tension musculaire et les troubles du sommeil.

Par ailleurs, 32 % des jeunes interrogés affirmaient ressentir une grande anxiété sociale et pour une proportion identique cette anxiété était modérée.

Un élève sur deux (52 %) disait souffrir de symptômes de dépression; ces symptômes étaient élevés pour 26 % d’entre eux et modérés pour les autres.

Enfin, l’anxiété de performance associée au rendement scolaire était ressentie de façon marquée par 15 % des jeunes et modérément par 18 % des répondants.

«Nos résultats indiquent aussi que les problèmes décrits plus haut sont environ deux fois plus fréquents chez les filles que chez les garçons. Par ailleurs, les manifestations sont les plus vives chez les élèves qui ne s’identifient à aucun genre», précise Gabrielle Yale-Soulière.

L’anxiété liée à la performance scolaire: un phénomène peu documenté

Emmanuelle Ayotte

Emmanuelle Ayotte

Crédit : Photo de courtoisie

Les résultats préliminaires de cette étude s’inscrivent dans un projet de recherche plus large mené par Gabrielle Yale-Soulière et supervisé par Lyse Turgeon. Ce projet s’intéresse à l’anxiété liée à la performance scolaire chez les élèves du secondaire. Il est parmi les premiers à en examiner les enjeux au Québec.

«Nous souhaitions recenser les outils pouvant contribuer à réduire l’anxiété de performance en milieu scolaire et nous nous sommes aperçues que ce phénomène est très peu documenté; nous avons donc orienté notre étude dans ce sens», souligne Gabrielle Yale-Soulière.

Les embûches ont toutefois été nombreuses. En effet, les vagues de COVID-19 qui se sont succédé ont contraint l’équipe à effectuer le recrutement des participants à distance.

«Nous voulions initialement sonder 2000 élèves, mais la pandémie a eu pour effet de surcharger de travail nos partenaires dans les cinq écoles, témoigne la doctorante. Ensuite, l’obtention à distance du consentement des 581 parents concernés n’a pas été chose facile.»

Le projet PASTEL pour atténuer l’anxiété de performance en milieu scolaire

Lyse Turgeon

Parallèlement à la première des trois phases que comporte l’étude, Gabrielle Yale-Soulière s’est intéressée à la façon dont il serait possible de joindre les jeunes qui souffrent d’anxiété de performance.

En collaboration avec l’organisme Boscoville, celle qui est aussi psychoéducatrice travaille à élaborer le programme PASTEL afin de réduire l’anxiété liée à la performance scolaire chez les adolescentes et les adolescents. Une évaluation auprès de 48 jeunes est en cours.

«Il s’agit d’une trousse clés en main qui compte six ateliers d’une heure destinés à des groupes de 4 à 12 jeunes sélectionnés sur la base des manifestations d’anxiété de performance, explique Gabrielle Yale-Soulière. Au cours de ces ateliers, nous partageons des stratégies de restructuration cognitive, de résolution de problèmes, d’exposition et des stratégies d’organisation et d’étude afin qu’ils puissent agir sur leur anxiété de performance, que ce soit au moment d’étudier ou de faire un examen.»

«Compte tenu du nombre de participants à notre étude et de certaines limites inhérentes aux questionnaires utilisés, nos résultats ne peuvent être généralisés à l’ensemble des élèves des écoles secondaires du Québec, concluent Mmes Yale-Soulière et Ayotte. Néanmoins, ils nous offrent des pistes d’exploration pour des études futures et, surtout, ils confirment l’importance d’aider les jeunes qui en ont besoin à alléger la charge émotive qui pèse sur eux.»

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