Stéphane Larue de jour

Daniel Jutras, recteur de l’UdeM, rencontre l'écrivain Stéphane Larue.

Daniel Jutras, recteur de l’UdeM, rencontre l'écrivain Stéphane Larue.

Crédit : Benjamin Seropian

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Daniel Jutras, recteur de l’UdeM, rencontre Stéphane Larue, auteur du roman à succès «Le plongeur», qui s’apprête à lancer son deuxième livre.

Depuis quelques années, les soirées de l’auteur Stéphane Larue se passent la plupart du temps derrière un bar à servir les clients. C’est dans la lumière du jour que le diplômé du baccalauréat et de la maîtrise en littérature comparée écrit. Il remettra bientôt à son éditeur le manuscrit d’un deuxième roman très attendu après le succès de son premier, Le plongeur (Le Quartanier, 2016), qui sera adapté au cinéma cet hiver. Attablés au Un po di Più, dans le Vieux-Montréal, le recteur Daniel Jutras et lui discutent du travail de l’écrivain et d’une passion commune, la lecture.

Daniel Jutras: Vous écriviez Le plongeur, un roman largement autobiographique qui nous immerge dans le monde de la restauration, pendant que vous terminiez un mémoire de maîtrise intitulé Espaces d'énonciation et prises de parole en contexte numérique. Le contraste entre les deux est assez saisissant.

Stéphane Larue: Me mettre à l’écriture de la fiction a été un geste libérateur pendant la rédaction du mémoire. J’y serais toutefois arrivé plus difficilement sans la discipline de rédaction acquise à l’Université. J’ai pu terminer le premier jet du Plongeur rapidement, en six mois à peine.

DJ: Votre premier roman est écrit à la première personne et vous gardez le secret sur le livre à venir. Pourriez-vous utiliser un jour une autre voix que la vôtre? Celle d’un narrateur qui ne serait pas un homme de votre condition?

SL: Le plongeur m’a fait découvrir que je pouvais écrire à la première personne, ce que je n’avais jamais fait avant. À l’époque, j’avais entrepris un roman de science-fiction et j’ai en tête d’autres histoires qui seraient présentées à la troisième personne. J’estime qu’un auteur peut parler pour quelqu’un d’autre, mais il faut le faire dans le plus grand respect – et surtout pas pour le plaisir d’ajouter un aspect folklorique à son travail. Dans tous les cas, lorsqu’on écrit sur le réel, il faut s’appuyer sur une recherche impeccable. En travaillant près de la vérité, on peut faire beaucoup de choses. La fiction permet de montrer des vérités qui seraient trop compliquées, lointaines ou opaques si l’on respectait à la lettre les paramètres du réel.

DJ: À quoi ressemble une journée typique d’écriture dans la vie de Stéphane Larue?

SL: Je me lève et me mets au travail tout de suite. Je commence en lisant des romans ou des essais qui sont en lien avec les sujets sur lesquels j’écris. Après deux ou trois heures, lorsque je commence à être fatigué de lire parce que j’ai envie d’écrire, je saute dans mon roman.

DJ: Il y a donc chez vous un rapport nécessaire entre lecture et écriture?

SL: Lire est ce qui donne l’oxygène à l’écrivain. En voyant ce que font les autres avec leur matière littéraire, on trouve des solutions et des avenues pour ses propres textes. Pour la rédaction du manuscrit sur lequel je travaille actuellement, j’ai lu Elena Ferrante et Karl Ove Knausgård. L’écriture de Ferrante touche au réel social et aux enjeux de classe dans un espace-temps donné: Naples dans les années 1960. En lisant, en même temps, Knausgård, qui est complètement dans l’introspection et dans la mémoire, on obtient une combinaison d’œuvres qui se parlent entre elles et c’est stimulant. La lecture est de toute façon le meilleur mode de conversation entre les écrivains.

DJ: Je lis beaucoup et mes champs d’intérêt sont variés, mais j’ai souvent du mal à faire un choix lorsqu’il s’agit de me lancer dans une nouvelle lecture. Comment choisissez-vous vos livres?

SL: J’essaie de voir ce qu’aiment lire les auteurs et autrices que j’admire. Je trouve ces références dans les entrevues accordées aux médias et sur les réseaux sociaux. Je n’hésite pas non plus à demander conseil aux libraires, qui sont d’excellents guides de lecture.

DJ: Une question existentielle pour tout lecteur: devrait-on terminer tous les livres que l’on commence?

SL: Il m’est arrivé de reprendre des années plus tard certains livres que j’avais mis de côté. Un livre peut être une rencontre aussi bien réussie que manquée et, parfois, nous ne sommes pas le lecteur idéal pour ce livre à ce moment de notre vie. Bien que j’essaie de terminer tous mes livres, je suis d’avis qu’il ne faut pas se forcer à lire quelque chose qui ne nous plaît pas. La vie est bien trop courte! 

Propos recueillis par François Guérard

La lecture est le meilleur mode de conversation entre les écrivains.

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