La Faculté de médecine se met au diapason de la santé planétaire

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Alors que les changements climatiques représentent la plus grande menace à la santé humaine, la Faculté de médecine met tout en œuvre pour intégrer ces enjeux dans ses programmes de formation.

Éric NoteBaert

Éric Notebaert

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Systèmes de santé durables, zoonoses, écoanxiété, vagues de chaleur et système cardiovasculaire, pollution atmosphérique… Depuis 2021, les thèmes liés à la crise climatique brillent par leur présence dans les programmes de doctorat en médecine, avec l’ajout de nouveaux cours théoriques, d’objectifs d’apprentissage et, tout récemment, d’une trentaine de compétences spécifiques en santé planétaire.

De sorte qu’à l’heure actuelle, avec les réformes en cours, la Faculté de médecine de l’Université de Montréal est en voie de figurer parmi les meilleures dans le monde en matière d’activités d’enseignement et de recherche relatives aux changements climatiques et à la santé humaine. Par comparaison, moins de 15 % des facultés de médecine incluent présentement ces notions dans leurs programmes de premier cycle, selon un sondage mené en 2019-2020 par la Fédération internationale des associations étudiantes en médecine auprès de quelque 2800 facultés de médecine réparties dans une centaine de pays.

«Très peu d’universités – et aucune au Canada – offrent un programme complet axé sur les changements climatiques et la santé planétaire. La Faculté de médecine de l’UdeM a tout pour devenir un chef de file au Québec et dans les réseaux francophones internationaux en pédagogie médicale socialement responsable, d’autant qu’elle est la plus engagée des facultés de médecine au sein du Réseau d'action en santé durable du Québec», dit Éric Notebaert, professeur agrégé de clinique au Département de médecine de famille et de médecine d’urgence de l’UdeM.

Le Dr Notebaert ajoute qu’il est urgent d'intégrer les répercussions de la crise climatique sur la santé humaine dans le portfolio de la faculté. «Les médecins de la relève demandent d’être informés et bien formés dans ce domaine», note-t-il. En marge de la COP 15, il insiste sur l’importance de protéger la biodiversité, puisque «l'appauvrir causerait certainement une détérioration de la santé globale».

Le doctorat de premier cycle innove en santé globale

Ces 30 dernières années, l’urgentologue qui est à la tête du comité de santé durable de Médecins francophones du Canada et vice-président de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement a travaillé à une foule de grands dossiers environnementaux au Québec, de la fermeture des mines d’amiante au virage vert des hôpitaux en passant par l’abandon de la filière nucléaire, la promotion du transport actif et la lutte contre les pesticides.

En ce moment, il participe activement au renouveau du programme de médecine à titre de coordonnateur du Groupe Crise climatique et santé planétaire.

Créé au printemps 2022, ce groupe de travail, composé de quatre autres personnes du Département de médecine de famille et de médecine d’urgence – la Dre Judy Morris, le Dr Bernard Mathieu, la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers et l’étudiante Mélody Porlier –, a le mandat d’outiller la Faculté de médecine en vue d’introduire de façon transversale les enjeux climatiques dans la formation de ses étudiantes et étudiants et celle de son corps enseignant, et de travailler à la réduction de l’empreinte environnementale de tous les milieux d’enseignement associés à la Faculté de médecine de l’UdeM.

Former des acteurs de changement

Pour mieux cerner les facteurs favorables et les obstacles à l’intégration des notions de changements climatiques et de santé planétaire dans les cours de médecine, le département a élaboré un sondage destiné aux membres du personnel enseignant de la faculté, de concert avec une étudiante de maîtrise en santé environnementale et santé au travail à l’École de santé publique de l’UdeM, Francine Tedongmeza.

Résultat: la majorité d’entre eux croient que les questions environnementales méritent d’être enseignées, mais s'estiment mal outillés pour le faire. Idem pour l’inclusion des notions d’empreinte environnementale et de carboneutralité dans la pratique: la plupart souhaitent acquérir des connaissances en ce domaine.

Différentes formations sont prévues en collaboration avec une équipe du développement professionnel continu de la faculté. «On veut que la Faculté de médecine soit en phase avec ce qui se fait de mieux dans le monde en matière de santé planétaire pour que ses membres puissent enseigner les conséquences des changements climatiques sur la santé, faire de la recherche et, bien sûr, être des acteurs de changement dans leur propre milieu», conclut Éric Notebaert.