Eau douce: une nouvelle limite planétaire est maintenant dépassée

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Face au dépassement de la sixième limite planétaire, l’Université de Montréal, Polytechnique Montréal et HEC Montréal se mobilisent pour réfléchir et agir sur les enjeux du cycle de l’eau douce.

Au printemps 2022, une équipe de recherche internationale publiait une étude alarmante sur le franchissement d’une nouvelle limite de notre planète: celle du cycle de l’eau douce1. Cette information est malheureusement passée inaperçue dans la sphère médiatique. Pourtant, ne connaissant pas les frontières, les enjeux sur le cycle de l’eau douce se situent à plusieurs échelles et touchent aussi le Québec, même si la ressource paraît abondante. Mais quels sont ces enjeux et comment les aborder?  

Le concept des limites planétaires a permis de mettre en évidence neuf processus essentiels pour la stabilité du système terrestre. Ils représentent un seuil à ne pas dépasser pour maintenir la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.

Pour répondre à ces questions, le projet Construire l’avenir durablement du Laboratoire d’innovation de l’Université de Montréal a réuni des membres de la communauté de l’UdeM, de Polytechnique Montréal et de HEC Montréal le 13 octobre. Les chercheurs et chercheuses ont discuté de leurs projets de recherche sur les enjeux associés aux écosystèmes aquatiques et au cycle de l’eau douce.

Une approche multisectorielle pour comprendre les défis liés à l’eau

Au cours des échanges, les défis soulevés ont été nombreux: la difficulté de concilier la conservation de la ressource (eau et énergie) et la qualité microbiologique de l’eau douce; l’accès à l’eau potable, notamment dans les régions éloignées; les notions d’équité, de droits de la personne et des droits autochtones relatifs à l’eau douce; et la difficulté de protéger des écosystèmes aquatiques et de comprendre l’influence des pressions environnementales (changements climatiques, développement agricole et urbain, gestion de l’écoulement des eaux) sur le fonctionnement de ceux-ci. Les expertes et experts ont aussi discuté des liens que nous entretenons avec l’eau et de ce qui nous empêche d’accomplir des actions concrètes.

Tous ont souligné l’importance d’adopter une approche intersectorielle pour réfléchir et agir quant à ces enjeux. En effet, «une vue d’ensemble de la situation, incluant les facteurs sociaux, économiques, techniques et environnementaux, est nécessaire pour résoudre les défis auxquels nous sommes confrontés», a dit Émilie Bédard, professeure de génie civil à Polytechnique Montréal.

Aussi, comme l’a mentionné Jean-François Lapierre, professeur au Département de sciences biologiques de l’Université de Montréal, «cibler les causes, les solutions et l’approche pour les mettre en pratique requiert une approche intersectorielle visant des personnes qui interviennent dans des milieux diversifiés, avec des motivations variées».

Cependant, bien que la collaboration soit primordiale, les défis sont nombreux, puisque les enjeux de l’eau sont au croisement des secteurs de l’environnement et de la santé, des domaines qui fonctionnent souvent indépendamment ou en parallèle. Il y a donc un manque de «vocabulaire» ou de cadre de référence commun. Certains champs d’activité, comme le droit, manquent d’informations et de données. Enfin, l’insuffisance du financement pour mettre sur pied des projets intersectoriels structurants en vue d’un avenir plus durable pour l’eau douce est problématique au Québec.

Cette activité a été coorganisée par le Laboratoire d’innovation et Construire l’avenir durablement de l’UdeM, l’Institut en ingénierie durable de Polytechnique Montréal et la Direction du développement durable de HEC Montréal.

1 L. Wang-Erlandsson et coll., «A planetary boundary for green water», Nature Reviews Earth & Environment, vol. 3, no 4, p. 380-392, avril 2022. doi.org/10.1038/s43017-022-00287-8.