Comment émettez-vous vos signaux de détresse?

Stanley Février

Stanley Février

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

En 5 secondes

Le Centre d'exposition de l'Université de Montréal présente jusqu’au 1er avril «Les vies possibles / Menm vye tintin (remix)», des œuvres de Stanley Février.

L’exposition Les vies possibles / Menm vye tintin (remix), présentée au Centre d’exposition de l’Université de Montréal, réunit des œuvres récemment présentées au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) et au Musée d’art contemporain des Laurentides.

Stanley Février, lauréat du 4e Prix en art actuel du MNBAQ et finaliste du prix Sobey pour les arts, y expose à la fois des dessins, des peintures, des sculptures, des photographies, des vidéos et des installations. Cet artiste multidisciplinaire, qui est également chargé de cours au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal, invite à s’interroger sur la détresse de nos sociétés et les différentes formes de violence qui y sont attachées. Une exposition qui ne laisse pas indifférent, à découvrir jusqu’au 1er avril.

Exprimer la détresse des artistes

Tout a commencé lorsque Stanley Février a pris connaissance d’une lettre de détresse que l’artiste conceptuel Christian Boltanski a envoyée à José Pierre. Quarante ans plus tard, Stanley Février recopie cette lettre et l’envoie à son tour à Christian Boltanski. Sans retour de sa part, il fait parvenir la lettre à 41 galeries québécoises dans une mise en scène filmée. Ne recevant pas non plus de réponse, il s’est questionné sur la détresse des artistes et l’aide qu’ils obtiennent.

Dans son installation Les vies possibles, Stanley Février poursuit son questionnement en invitant les artistes à s’asseoir sur des fauteuils moelleux et à partager leur expérience. Et si les mots pour communiquer la souffrance et la douleur n’étaient pas appropriés? Réfléchissant sur les limites du langage, Stanley Février propose de se servir non pas des mots, mais du code international des signaux maritimes dans une œuvre participative où les visiteurs sont conviés à utiliser à leur tour ces signaux.

Dans l’installation Tentes, qui trône au centre de la pièce, Stanley Février a également interrogé sept artistes à propos de leur santé mentale. Quelles sont leurs peurs, quels sont leurs motifs d’anxiété? C’est dans différentes tentes qu’on écoute les témoignages des artistes, en toute intimité.

Dislocation des corps et violence

Dans les cours de sculpture qu’il donne, Stanley Février souhaite amener ses étudiants et étudiantes à revoir l’histoire de l’art selon la façon dont le corps a été montré au fil du temps. Dans ses œuvres, il disloque bien souvent ses corps. Ainsi, dans Les victoires, ce sont divers membres du corps qui tiennent des drapeaux blancs: ici un bras, là une bouche, ailleurs un pied. Dans la série Les grands espoirs, l’artiste a moulé sa tête et son buste dans du plâtre à la blancheur laiteuse et a ensuite défiguré le visage afin d’interroger le regard qu’on pose sur lui comme personne dite «noire».

Il a poursuivi cette série de déformations avec de gigantesques peintures à l’acrylique noir et au fusain qui représentent son visage en gros plan si défiguré par la douleur qu’il en est déshumanisé. Sur l’une des peintures, l’artiste a la tête recouverte d'une cagoule. Une technique de privation sensorielle utilisée comme méthode de torture signalant ici les violences commises contre les personnes noires.

L’art comme outil de transformation

«J’utilise l’art comme outil de transformation. Je crée des espaces de devenir et du possible. L’art n’est pas simplement ce que je vois. C’est ce que je mets en œuvre pour que les autres puissent activer leur propre vision et se reconnecter avec eux-mêmes», dit Stanley Février, qui invite chacun à créer son propre devenir.

Dans Le travail d’Hercule, une série de photographies le présente dans son atelier où se trouve au centre une corde avec un nœud coulant. Il entre nu dans son atelier avec une chaise à la main et chemine en s’habillant. C’est la chaise qu’il va pendre et il quitte le lieu une valise à la main. «Face à la violence, on peut toujours faire le choix d’aller ailleurs», conclut l’artiste.

  • «Les grands espoirs»

    Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal
  • «Les grands espoirs»

    Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal
  • «Les vies possibles»

    Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal
  • «Le travail d'Hercule»

    Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

Informations pratiques

Centre d’exposition de l’Université de Montréal

2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine

Pavillon de la Faculté de l’aménagement, salle 0056

 

Horaire

Du mardi au samedi, de 10 h à 17 h

Le jeudi, de 10 h à 19 h