Chaire BMO en diversité et gouvernance de l’UdeM: de plus en plus d’entrepreneuses

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Il y a de plus en plus d’entrepreneuses et la Chaire BMO en diversité et gouvernance les met de l’avant. Elle organise le Forum des femmes entrepreneures autochtones francophones le 10 février.

Tania Saba

Tania Saba

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Les femmes représentaient près de 17 % des propriétaires majoritaires de PME au Canada en décembre 2020. En 2011, elles étaient 15,5 %. Si la proportion augmente, c’est parce que des efforts sont déployés, notamment à travers la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat, mise en place à la fin de 2018 par le gouvernement du Canada.

Mais, avant de mener des actions, il faut avoir des données pour brosser un juste tableau de la situation. C’est ce que fait la Chaire BMO en diversité et gouvernance, dirigée par Tania Saba, professeure à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal et à la tête du Pôle Québec et communautés francophones du Canada du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE).

«Le PCFE veut montrer des profils d’entrepreneuses, comprendre leurs parcours et les obstacles qu’elles ont rencontrés pour pouvoir adapter les systèmes aux besoins des femmes et non pas demander aux femmes de se conformer aux systèmes en place, explique la chercheuse. Le système traditionnel – c’est-à-dire conçu par les hommes, pour les hommes – n’est pas adapté aux profils et aux ambitions des femmes.»

D’ailleurs, les femmes occupent plus de 38 % des emplois autonomes et, pourtant, ces travailleuses ne sont pas considérées comme des entrepreneuses.

La Chaire travaille aussi avec le PCFE à montrer les retombées de la présence des femmes en affaires. D’après différentes études, on évalue que, en favorisant l’équité entre les genres et la participation des femmes à l’économie, le Canada pourrait ajouter jusqu’à 150 G$ à son PIB.

«Avec leurs entreprises, les femmes créent de la valeur, affirme Tania Saba. Elles ne sont pas là pour prendre une partie de la richesse des hommes, mais pour en créer. Il y a de la place pour tout le monde.»

Elle ajoute que les entreprises dirigées par des femmes sont aussi généralement plus équitables et diversifiées. «Et l’on sait que la diversité dans un conseil d’administration ou une haute direction est directement liée à une meilleure performance, précise la professeure. On parle également d’économie durable, de sociétés durables et l’on a démontré que les femmes sont sensibilisées depuis longtemps à la portée de leurs activités sur la communauté, sur le renforcement des capacités et sur la qualité de vie des personnes qui travaillent dans leurs entreprises. On essaie de mettre tous ces éléments de l’avant.»

Le PCFE braque de plus les projecteurs sur des entrepreneuses qui se distinguent. «Il faut des modèles, indique Tania Saba. Faites l’exercice: tapez sur Google “entrepreneurs succès” et vous trouverez presque uniquement des hommes. Nous voulons alimenter les moteurs de recherche et les médias sociaux avec des femmes qui se démarquent en entrepreneuriat. Et ce, dans toutes sortes de domaines, y compris les technologies. Il faut les mettre sur le devant de la scène pour en inspirer d’autres.»

Parité et inclusion

La Chaire BMO en diversité et gouvernance travaille sur des projets dans le cadre du Défi 30-50, lancé par le gouvernement du Canada. Ses objectifs sont d’amener les entreprises à atteindre la parité entre les genres (50 % de femmes ou de personnes non binaires) au sein des conseils d’administration et des équipes de haute direction. Aussi, atteindre une proportion considérable (30 %) de membres des autres groupes en quête d’équité, comme les minorités visibles, les personnes handicapées, les membres de la diversité sexuelle ou les Autochtones.

La Chaire est en outre partenaire de la Ville de Montréal dans un projet pour briser l’isolement des conseillers en équité, diversité et inclusion (EDI).

«Souvent, dans les PME par exemple, on va nommer un conseiller ou une conseillère en EDI, mais sans lui donner nécessairement beaucoup d’outils et de soutien, explique Tania Saba. Cette personne se sent isolée. Nous voulons créer une cellule de codéveloppement et des classes de maître, un peu comme un incubateur, pour aider ces gens à implanter un plan d’EDI dans leur organisation.»

Forum des femmes entrepreneures autochtones francophones

Le Forum des femmes entrepreneures autochtones francophones se tiendra le 10 février au campus MIL de l’Université de Montréal. Il est organisé notamment par le Pôle Québec et communautés francophones du Canada du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat, la Chaire BMO en diversité et gouvernance et le Vice-rectorat aux partenariats communautaires et internationaux de l’UdeM. L’objectif est de mettre de l’avant des entrepreneuses autochtones francophones du Québec pour en inciter d’autres à se lancer en affaires.

«Les femmes autochtones en affaires sont peu connues, alors nous voulons que les gens les découvrent», mentionne Tania Saba, professeure à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire BMO en diversité et gouvernance.

Ainsi, plusieurs entrepreneuses autochtones viendront raconter leur histoire, notamment Josée Shushei Leblanc, d’Atikuss Canada, une entreprise de bottes et mocassins fabriqués à la main par des artisanes autochtones.

Le Forum se penchera sur l’écosystème entrepreneurial autochtone dans une conférence, pour ouvrir la discussion, de Jean Vincent, président du conseil d’administration de la National Aboriginal Capital Corporations Association. On pourra aussi entendre Manon Jeannotte, directrice de l’École des dirigeants des Premières Nations de HEC Montréal, et Marie-Claude Raymond, conseillère en développement économique et communautaire à la Direction des initiatives économiques au Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et les Inuit.

«Nous voulons voir comment l’écosystème a évolué et comment il doit encore le faire pour répondre aux besoins des femmes autochtones qui veulent se lancer en affaires ou continuer à faire croître leur entreprise», dit Tania Saba.

Seulement 120 personnes pourront assister au Forum en présentiel – presque complet déjà –, mais il pourra être suivi en ligne. «Nous voulons vraiment joindre la communauté étudiante et un large public, affirme la chercheuse. Nous avons d’ailleurs demandé à tous les organismes participants de faire circuler l’information dans leurs réseaux. Nous réaliserons ensuite une capsule vidéo avec les points culminants pour que cette rencontre ait une pérennité. C’est ainsi que nous pourrons continuer à faire des avancées auprès des entrepreneuses autochtones.»

L’UdeM a lancé le plan d’action Place aux Premiers Peuples en novembre 2020 pour instaurer de nombreuses mesures en trois ans destinées à mettre l’ouverture aux Autochtones au cœur de sa mission. L’un des objectifs est de faire de l’UdeM un milieu de vie inclusif, exempt de discrimination et représentatif des communautés autochtones.