Les FRQ financent cinq projets de recherche de l’UdeM liés au cannabis
- UdeMNouvelles
Le 8 mars 2023
Quatre projets de la Faculté de médecine et un de l’École de santé publique de l’UdeM ont été retenus pour étudier les effets du cannabis non thérapeutique sur la santé.
Plus de cinq millions de dollars ont été accordés par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) et le ministère de la Santé et des Services sociaux dans le cadre du Programme de recherche sur l’usage du cannabis à des fins non médicales: impacts de la consommation sur la santé. Sur les sept projets sélectionnés, quatre viennent de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et un de l’École de santé publique de l’UdeM (ESPUM).
Projets de recherche issus de la Faculté de médecine
Projet: Modulation des effets psychoactifs aigus du Δ9-tétrahydrocannabinol par des doses variables de cannabidiol chez des personnes en santé qui consomment occasionnellement du cannabis
Chercheur principal: Didier Jutras-Aswad, professeur agrégé au Département de psychiatrie et d'addictologie. En collaboration avec Stéphane Potvin et Tomas Paus (Faculté de médecine)
Le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD) sont les deux principales molécules actives qui composent le cannabis. L’absorption de THC, responsable de l’effet psychoactif du cannabis, provoque un sentiment d’euphorie et peut causer de l’anxiété. Des données indiquent que le CBD, non psychotrope, pourrait contrer certains effets négatifs du THC en fonction du ratio des deux molécules consommées. Ce projet de recherche vise à évaluer les conséquences de l’inhalation d’une dose fixe de THC combinée avec des doses croissantes de CBD sur la réponse comportementale, l'activation cérébrale, la pharmacologie et les effets indésirables du THC chez des humains en santé. Le but: déterminer si le CBD module bel et bien les effets psychoactifs du THC de façon à mieux connaître les risques liés à l’inhalation de cannabis.
Projet: La consommation du cannabis à des fins non thérapeutiques dans le contexte de l’épilepsie et son impact sur la santé
Chercheur principal: Dang Khoa Nguyen, professeur titulaire au Département de neurosciences. En collaboration avec Didier Jutras-Aswad et Mark Keezer (Faculté de médecine) ainsi qu’Olivier Boucher (Faculté des arts et des sciences)
Le cannabis peut avoir des effets néfastes sur plusieurs facultés cognitives (mémoire et attention) ainsi que sur la santé mentale (troubles anxieux, troubles dépressifs et risques de dépendance). Certaines populations cliniques, dont les personnes épileptiques, seraient plus vulnérables aux effets délétères du cannabis. Or, une proportion importante de ces personnes consomme régulièrement du cannabis à des fins non thérapeutiques, arguant que la substance diminuerait les crises – une affirmation non fondée scientifiquement. Ce projet de recherche vise à définir la prévalence, l’incidence, les motivations, les habitudes ainsi que les avantages et les risques d’une consommation de cannabis à des fins non thérapeutiques auprès de ces individus.
Projet: Impact à court et à long terme de la consommation chronique de cannabidiol avant la conception sur la fertilité, les gamètes et la descendance
Chercheuse principale: Sophie Petropoulos, professeure adjointe au Département de médecine. En collaboration avec Sarah Kimmins (Faculté de médecine)
Selon de récentes études, la consommation de cannabis à l'âge adulte pourrait nuire à la santé reproductive des hommes et des femmes ainsi qu’au développement de l'enfant. Comme les adultes âgés de 20 à 30 ans figurent parmi les plus grands utilisateurs de cannabis récréatif, une meilleure compréhension des effets négatifs de cette substance permettrait aux futurs parents de faire des choix éclairés et d’éviter les problèmes d’infertilité et la transmission de maladies métaboliques ou d'anomalies comportementales neurodéveloppementales à leur progéniture. Cette étude vise ainsi à déterminer les conséquences de la consommation de CBD sur la fertilité, les ovules, les spermatozoïdes, le développement embryonnaire et l'enfant.
Projet: La consommation de cannabis nuit-elle au fonctionnement du cerveau des personnes atteintes d'un trouble psychotique?
Chercheur principal: Stéphane Potvin, professeur titulaire au Département de psychiatrie et d’addictologie. En collaboration avec Alexandre Dumais, Didier Jutras-Aswad et Amal Abdel-Baki (Faculté de médecine)
Dans la population générale, la consommation de cannabis augmente le risque de souffrir d’une psychose. Et dans la population psychotique, l’exposition à une telle substance est associée à davantage de rechutes psychotiques et à un moins bon fonctionnement. Les risques semblent plus prononcés lorsque le cannabis a une forte teneur en THC. Ce projet de recherche comprend une étude de neuro-imagerie fonctionnelle chez des personnes atteintes d’un trouble psychotique afin de déterminer si la consommation de cannabis produit des méfaits neurocognitifs lors de la psychose. Les données recueillies sur les concentrations de THC contenues dans le cannabis consommé par les personnes psychotiques visent à mieux encadrer la mise en marché du cannabis au Québec.
Projet de recherche issu de l’ESPUM
Projet: Étude des effets sur la santé physique de la consommation de cannabis chez les adultes en âge de travailler et les enfants vivant avec eux: le programme CAPE
Chercheuse principale: Marie-Pierre Sylvestre, professeure agrégée au Département de médecine sociale et préventive de l’ESPUM. En collaboration avec Jennifer L. O'Loughlin, Isabelle Doré, Olivier Drouin et Nicholas Chadi (ESPUM), Jean-Sébastien Fallu (Faculté des arts et des sciences) et Christophe Huynh (Faculté de médecine)
Le programme a pour objectif d’estimer les associations à long terme entre l’utilisation du cannabis et certains problèmes de santé comme les risques précoces de maladies cardiovasculaires, la santé respiratoire, la durée et la qualité du sommeil et les comportements liés à la santé physique chez les trentenaires. Une étude pilote sera également menée pour voir s’il est possible d’étudier l’association entre l’exposition secondaire et tertiaire à la consommation de cannabis des adultes et la fonction respiratoire des enfants vivant avec eux. L’ensemble de ces travaux contribuera à l’amélioration des politiques et interventions pour la prévention des méfaits liés à l’utilisation du cannabis.